Comme précisé dans la première partie, Rolex est allé cette année bien au-delà du "simple" renouvellement de la collection Submariner. D'ailleurs, les nouveautés concernant l'Oyster Perpetual sont assurément encore plus importantes du point de vue stratégique pour la marque. En effet, cette collection, du fait de son large éventail de diamètres disponibles et d'un choix varié de cadrans de couleurs, joue un rôle essentiel dans le catalogue. Elle séduit aussi bien les hommes que les femmes et ce, sur n'importe quel marché. En tout cas le message est clair: ce rôle doit s'amplifier. C'est la raison pour laquelle Rolex a travaillé sur plusieurs axes (boîtiers, mouvements, couleurs) pour trouver le fin chemin entre le côté décalé recherché et assumé et le respect des standards de qualité habituels de la manufacture.
L'Oyster Perpetual 41mm avec le cadran rouge corail:
Cette année est marquée par l'apparition d'un boîtier de diamètre de 41mm qui remplace le boîtier précédent de 39mm. La collection offre dorénavant 5 diamètres différents de 28 à 41mm. Je dois avouer que je suis un peu étonné du saut important entre les 36 et les 41mm. J'imagine aisément que le boîtier 41mm a été choisi pour répondre à des marchés à la recherche de montres assez grandes comme par exemple les Etats-Unis. Je regrette la disparition du boîtier 39mm qui était pour moi un bon compromis. Mais comme rien n'est jamais fait par hasard chez Rolex, je suis sûr que le boîtier 41mm connaîtra un succès plus marqué que celui rencontré par le boîtier précédent. Le travail sur le boîtier ne s'est pas résumé à une histoire de diamètre puisque sa carrure a été aussi affinée. La carrure a d'ailleurs une finition satinée avec des flancs polis ce qui contribue à la qualité perçue.
La qualité perçue est irréprochable:
Du point de vue des mouvements, les boîtiers 41mm et 36mm utilisent le calibre 3230. La conséquence est donc la même qu'avec la Submariner: la réserve de marche atteint dorénavant les 70 heures et les montres ont la certification de chronomètre superlatif (-2/+2s). Les diamètres inférieurs sont animés par le calibre 2232 qui offre une réserve de marche plus modeste mais intéressante (55 heures) tout en respectant lui aussi les critères de la certification de chronomètre superlatif. Cette collection s'inscrit ainsi dans la stratégie de Rolex de faire significativement monter le poids des montres à longues réserves de marche ayant la certification de chronomètre superlatif dans le catalogue.
L'Oyster Perpetual 36mm avec le cadran rose:
La différence la plus notable se trouve au niveau des cadrans. Tout d'abord leur qualité perçue augmente du fait de l'utilisation de l'affichage Chromalight et avec le cadran argenté d'index et d'aiguilles en or jaune. Ensuite, Rolex nous propose un festival de couleurs y compris sur la plus grande taille. Rolex et les couleurs, ce n'est pas nouveau et cela ne s'est jamais arrêté. On pense évidemment aux Day-Date Stella mais d'autres montres profitaient d'un choix varié de cadrans. Maintenant, c'est tout de même très appréciable de voir une montre Rolex mixte, en acier, située en entrée de catalogue avec un tel choix de couleurs. En effet, ce ne sont pas moins de 8 couleurs de cadran qui sont accessibles avec le boîtier 36mm (noir vif, rouge corail, rose candy, bleu vif, bleu turquoise, vert, jaune et argenté) et 7 couleurs (les mêmes sans le rose candy) avec le boîtier 41mm. Honneur aux dames, c'est la version 31mm qui offre le plus de couleurs (9). Le choix demeure plus limité avec les autres boîtiers.
Ma préférée, à cadran bleu turquoise:
Comme vous le constatez, Rolex a trouvé un équilibre entre les couleurs classiques (noir vif, argenté), classiques alternatives (bleu vif , vert) et beaucoup plus audacieuses (le reste). La simplicité de l'Oyster Perpetual se prête à l'exercice y compris dans les configurations les plus improbables. A titre personnel, je suis toujours séduit par les couleurs "fun" mais j'ai par la suite un peu plus de mal à les supporter sur le moyen terme. Alors, tout dépend de l'usage de cette montre polyvalente. En tant que montre de base, je pense qu'il vaut mieux en rester sur des couleurs classiques, plus faciles à combiner en fonction des circonstances. En tant que montre de saison ou de complément, les couleurs audacieuses sont toutes indiquées avec pour moi une nette préférence pour le bleu turquoise et le rouge corail.
Rolex nous propose un festival de couleurs:
Quoi qu'il en soit, Rolex a bien manoeuvré avec cette collection. L'Oyster Perpetual a maintenant tous les atouts pour devenir une collection favorisant l'accès à l'univers Rolex tout en séduisant les clients habituels de la marque. Confortable (le bracelet est équipé de la rallonge Easylink), évidemment étanche à 100 mètres, moins reconnaissable (ce qui est un atout en cette période sensible), l'Oyster Perpetual est l'archétype de la montre facile à vivre qui doit soutenir Rolex dans sa stratégie de renouvellement de la clientèle.
Le bracelet Oysterflex surprend dans le contexte de la Sky-Dweller mais on s'y habitue très vite:
Rolex s'est également occupé d'un autre segment de son catalogue en proposant des déclinaisons de la Sky-Dweller avec des bracelets Oysterflex. Ces nouveaux modèles répondent à une tendance forte du marché: de très nombreux clients de montres compliquées souhaitent pouvoir les porter en toute circonstance. 3 versions sont proposées: 2 en or Everose, 1 en or jaune. Le résultat est de prime abord surprenant car le bracelet Oysterflex semble inattendu dans ce contexte. Cependant, il a un atout non négligeable: compte tenu du poids du boîtier et accompagné du fermoir Oysterlock, il maintient de façon plus efficace la montre sur le poignet que les bracelets cuir. De plus, il permet à la Sky-Dweller d'être beaucoup plus polyvalente sans être obligé d'acquérir une version à bracelet métal.
La Sky-Dweller à bracelet Oysterflex est incontestablement une montre de caractère: le contraste entre le bracelet noir et la montre est saisissant. Il accentue l'impact visuel du cadran et de la lunette. Cependant, je préfère nettement le rendu avec les deux cadrans sombres (noir ou chocolat) qu'avec le cadran blanc. Je pense sincèrement que la montre en or rose et cadran blanc aurait mérité une autre couleur de bracelet, gris ardoise par exemple. J'aimerais beaucoup que Rolex travaille sur des couleurs alternatives de son Oysterflex. La Daytona pourrait en profiter également.
Enfin, Rolex a complété sa collection de nouveautés 2020 par quatre déclinaisons de la Datejust 31 en version Rolesor gris. Cela me fait penser que la Datejust 36 à lunette cannelée et à bracelet Jubilée est une montre sublime...et particulièrement avec le cadran noir. Mais je m'égare! Les nouveautés 2020 méritent toute notre attention et une fois de plus Rolex a su faire évoluer son catalogue de façon très intelligente. Une collection iconique est renouvelée, une autre collection prend des couleurs au sens propre comme figuré, la montre compliquée gagne en polyvalence et les amatrices de montres élégantes ne sont pas oubliées. Il s'agit donc d'un très grand cru... et c'est d'autant plus remarquable qu'il intervient dans une année compliquée. Enfin, compliquée pour tout le monde sauf pour Rolex.