Elle était attendue, elle est arrivée en fin d'année 2024, c'est la version à cadran bleu de l'Ingénieur Automatic 40 d'IWC. Alors oui, il y avait bien la version Aqua qui faisait partie des couleurs de cadran initiales lorsque cette montre fut dévoilée en avril 2023 mais le bleu classique manquait. C'était d'autant plus dommage que l'Ingénieur Automatic 40 reprenait les codes esthétiques de l'Ingénieur SL référence 1832 dessinée par Gérald Genta. Or comme avec toute bonne montre en acier à bracelet intégré d'aujourd'hui réinterprétant le style Genta, le cadran bleu devient incontournable pour ne pas dire obligatoire. Bon, un an et demi plus tard, le voilà et c'est une excellente nouvelle car IWC a trouvé la bonne teinte. La couleur est véritablement réussie et très bien dosée. Le cadran est suffisamment sombre pour que la montre reste élégante et suffisamment clair pour créer de beaux reflets et apprécier sa texture.
Le reste de la montre est identique à ce que l'on connaît déjà à savoir le diamètre de 40mm, l'épaisseur de 10,7mm, la lunette caractéristique comportant 5 vis, l'étanchéité de 100 mètres et le calibre automatique 32111 (émanant de Val Fleurier, la manufacture de mouvement de Richemont), qui offre une réserve de marche de 5 jours pour une fréquence de 4hz. L'esprit de l'Ingénieur étant d'assurer une protection contre les champs magnétiques, la montre est également équipée d'un boîtier interne en fer doux. Le mouvement dans ce contexte n'est pas visible, le boîtier ayant de façon logique un fond plein.
Cette Ingénieur Automatic 40 se porte avec plaisir grâce à la souplesse de son bracelet. Car s'il y a un détail que je ne regrette pas avec la montre d'origine, la référence 1832, c'est bien la rigidité du bracelet au niveau des pièces de bout. Maintenant, dans l'offre contemporaine, est-ce que cette version à cadran bleu est ma préférée ? Peut-être que oui au bout du compte. Celle qui jusqu'à lors avait me préférence était la version en titane. Le jeu de couleurs de cette version est vraiment très réussi avec ses différentes teintes de gris. La légèreté de la pièce offre d'autres sensations au porter et je trouve que son atmosphère chromatique lui donne plus d'originalité et de raffinement. Reste que le prix est beaucoup moins sympathique, se situant plus de 3.000 euros au-dessus de celui des versions en acier. Alors, cette Ingénieur Automatic 40 à cadran bleu est peut-être la meilleure option. Son cadran est réussi, il fonctionne bien avec le boîtier, la montre offre un bon compromis entre un style sportif et plus formel et le prix est plus abordable que celui de la version en titane.
Je sais qu'en revanche, dans l'absolu, ce prix a beaucoup fait parler. On rentre malheureusement dans des notions subjectives. Un prix de vente dans l'horlogerie "de luxe", ce n'est jamais un output (la conséquence d'un calcul intégrant les coûts de production et de commercialisation) mais bien un input, c'est à dire une donnée de marché, une donnée de départ. La comparaison avec les prix des versions à 3 aiguilles des Ingénieur précédentes créait des raccourcis rapides. Je sais très bien que l'on peut trouver des Ingénieur à moins de 4.000 euros. La question qu'il faut se poser est la suivante. Peut-on comparer le prix d'une montre dont on n'a pas foncièrement envie avec celui d'une montre plus désirable qui reprend un dessin conçu par Gérald Genta ? Je pense qu'IWC n'avait pas tort de fixer le prix à ce niveau car l'Ingénieur Automatic 40 est aujourd'hui la montre en acier à bracelet intégré reprenant les codes de Gérald Genta la plus "abordable" du marché. On est très loin des segments des Royal Oak ou des Nautilus. Bien entendu, le niveau des finitions n'est pas le même mais l'Ingénieur Automatic 40 reste cependant de très bonne facture.
Le problème de cette appréciation du prix de 12.700 euros pour les versions en acier se situe plus au niveau du contexte autour de la montre que de la montre elle-même. La perception des clients est que la tenue de la cote est plus difficile et que finalement, la disponibilité de la montre ne joue pas en sa faveur. Dans quel monde vivons-nous. Si les montres sont compliquées à obtenir, on râle. Si elles sont faciles à acheter, on râle. Ce que je ressens personnellement, c'est qu'IWC a bien fait de rendre sa montre disponible, tout simplement parce que cela fait du bien d'avoir une montre "Genta" qui ne fasse pas l'objet d'une spéculation idiote. Le détail que j'apprécie moins dans cette Ingénieur est l'utilisation d'un mouvement générique. J'aurais apprécié que cette pièce soit équipée d'un véritable mouvement IWC et cela aurait contribué à sa valorisation.
Quoi qu'il en soit, quel que soit son cadran ou la matériau de son boîtier, l'Ingénieur Automatic 40 est une excellente montre, bien faite et qui permet d'accéder à un design Genta plus facilement qu'avec d'autres références. Quant au mouvement, il est agréable de constater que la longue réserve de marche donne un atout supplémentaire à la pièce. J'ai le sentiment que l'Ingénieur Automatic 40 mériterait plus d'attention et de considération de la part de la clientèle, surtout depuis la sortie de cette version à cadran bleu.