La Jaeger-Lecoultre Reverso Tribute Enamel "Snake" pourrait presque nous faire changer de signe zodiacal !
Lorqu'on se rapproche du nouvel an chinois, l'industrie horlogère frémit et de nombreux acteurs du marché présentent leurs modèles dédiés au signe zodiacal dont la période débutera dans les semaines qui suivent. C'est finalement très pratique parce que même si on ne connaît rien aux signes astrologiques chinois, on devine très vite à travers les communiqués de presse quel va être l'animal de l'année. Et donc, à partir du 29 janvier 2025, il s'agit de l'année du serpent. Les montres zodiacales chinoises, c'est un exercice de style particulier qui peut laisser insensible la clientèle occidentale. Il faut dire que le meilleur peut côtoyer le pire du kitsch mais l'avantage, c'est que les différentes maisons essayent de rivaliser en maîtrise de leurs métiers d'art pour dévoiler leurs interprétations les plus convaincantes.
Une chose est sûre: en ce qui concerne la célébration de l'année du serpent, une des plus belles réalisations est selon moi la Reverso Tribute Enamel "Snake". J'aime beaucoup cette pièce parce qu'elle tire évidemment profit des caractéristiques de la Reverso pour proposer deux faces en émail. D'un côté, l'affichage de l'heure épurée, sans trotteuse. De l'autre, un superbe serpent entouré d'une couronne de nuages. L'émail Grand Feu noir brillant renforce le style minimaliste du cadran dédié à l'affichage du temps et met en valeur les éléments typiques de la Reverso: les aiguilles Dauphine, les index facettés et la minuterie périphérique. Le contraste entre l'or rose et l'émail est finalement plutôt doux et c'est le côté chaleureux qui l'emporte.
Le clou du spectacle se situe bien entendu de l'autre côté du boîtier avec une exécution magnifique du serpent qui mélange gravure à la main et émail Grand Feu noir brillant. J'utilise le terme de gravure mais je pourrais presque parler de sculpture tant les effets de relief sont saisissants. La précision de la gravure, les différences de texture et d'intensité et le contexte de l'émail parfaitement uniforme qui définit un cadre idéal rendent le résultat envoûtant. La Manufacture Jaeger-Lecoultre est ici sur un de ses terrains de jeu favoris et cela se ressent.
L'utilisation d'une Reverso Tribute en or rose comme point de départ m'est en tout cas apparu comme idéal. L'approche stylistique est de toutes les façons similaire aux Reverso des années précédentes dédiées au dragon (que j'ai trouvée sublime) ou au tigre (que j'ai moins aimée). La montre est lumineuse sans être ostentatoire. Et finalement, le signe zodiacal peut rester discret, caché à l'arrière du boîtier. Il est clair que la beauté d'une telle réalisation incite à la prudence. La complexité de la gravure et l'émail rendent l'ensemble délicat et pour la préservation de cette démarche artistique, il est recommandé de porter la montre avec l'affichage du temps visible. C'est tout le paradoxe de ces Reverso qui font appel aux métiers d'art. Contrairement aux Reverso d'origine dont le côté opposé avait pour but de protéger le cadran, c'est maintenant le cadran qui protège le côté opposé.
Quoi qu'il en soit, cette Reverso Tribute Enamel "Snake" ne se laissera pas charmer à coup de pungi puisqu'il faudra débourser 120.000 euros pour pouvoir commander cette montre. Ouf, je suis soulagé, le serpent n'est pas mon signe zodiacal chinois et donc je ne risque pas de succomber. Cependant cette Reverso démontre que lorsque la réalisation est irréprochable et évite de tomber dans les poncifs et autres effets de style faciles, une montre zodiacale chinoise peut tout à fait séduire au-delà de sa clientèle attitrée.