Retour sur la Cubitus de Patek Philippe après des premiers jours agités

Tout a été dit ou presque sur la nouvelle collection Cubitus de Patek Philippe... ou plutôt sur les 3 premières montres de la collection. Car à force de se focaliser sur ces 3 montres, on a fini par oublier que Cubitus est une collection et qu'elle a vocation à se développer par la suite. Certains vont sûrement penser qu'il vaut mieux qu'elle en reste là. J'ai tendance à penser le contraire et que Patek Philippe aurait plutôt intérêt à travailler sur certains axes pour tirer profit du potentiel du boîtier.

J'ai donc vu les trois références, les 2 5821 (acier et or/acier) et la 5822 en platine. C'est incontestablement cette dernière qui m'a le plus plu. J'y vois plusieurs raisons:

  • le fait que la montre soit plus compliquée rend le cadran plus rempli et donc sa taille perçue est inférieure à celle des deux montres à trois aiguilles (je rappelle que le diamètre de 10h à 4h est de 45mm),
  • la grande date fonctionne bien du point de vue esthétique avec la forme du boîtier que je qualifierais d'un octogone carré (mathématiquement impossible mais vous voyez ce que je veux dire),
  • Le design asymétrique du cadran casse la rigidité de la forme du boîtier,
  • elle est équipée d'un calibre basé sur le mouvement 240 et à titre personnel, j'ai toujours eu une préférence pour ce calibre à micro-rotor, qui est de plus joliment décoré avec une présentation de la masse qui rappelle celle du cadran,
  • et le fait que son bracelet soit en matière composite évite la ressemblance avec le bracelet de la Nautilus et permet ainsi à la Cubitus 5822P d'avoir une identité "plus personnelle".
Le calibre 240 qui anime la 5822P dont la décoration du micro-rotor reprend le motif du cadran:

ll existe aussi un autre atout mais qui est commun aux trois montres: le style élancé du boîtier. L'épaisseur est de 9,6mm pour la 5822P, de 8,3mm pour les modèles à 3 aiguilles et le ratio entre le diamètre et la hauteur du boîtier définit des proportions fluides qui rendent les montres moins massives lorsqu'elles sont portées.

En revanche, il y a des éléments qui m'ont moins convaincu. C'est peut-être une conséquence de cette volonté de vouloir maîtriser l'épaisseur mais l'étanchéité n'est que de 30 mètres ce qui est surprenant pour des montres à vocation sport-chic. C'est un vrai mystère pour moi d'ailleurs cette histoire car le même phénomène s'est déroulé avec la Nautilus qui depuis plusieurs mois est affichée avec une étanchéité de 30 mètres. En tant que client, j'ai du mal à saisir pourquoi depuis des lustres une montre est annoncée à 120 mètres puis subitement la même montre ne devient étanche qu'à 30 mètres. En tout cas, au moins, plus de jaloux: Nautilus, Aquanaut, Cubitus, même combat, 30 mètres pour toutes... ce qui pourrait supposer que l'étanchéité théorique de la Cubitus serait semblable à celle des deux autres collections. 

La référence 5821/1AR:

L'autre élément qui ne m'a pas séduit est la forme du mouvement, rond, dans un boîtier carré. Il aurait été intéressant de travailler la forme des ponts pour que le rendu des deux mouvements, 240 et 26-330 soit cohérent avec le boîtier et spécifique à la collection Cubitus.

Concernant les deux montres à trois aiguilles, même si fluidité du boîtier est un point positif, la sensation est que la taille perçue est légèrement trop grande. Cette sensation est due non pas au diamètre mais à la surface du cadran. C'est le vieux principe: à diamètre équivalent, une montre de forme apparaît plus grande qu'une montre ronde. Cependant, au final, la 5821 apparaît comme généreuse mais n'est ni disproportionnée ni imposante. Le test au porter confirme que la montre est tout à fait portable même sur un poignet de taille moyenne. Reste qu'esthétiquement, elle souffre de zones de vide sur le cadran.

Les deux modèles à trois aiguilles sont animés par le calibre 26-330:

Au bout du compte, je retiendrais des débuts de la collection Cubitus les réflexions suivantes. Tout d'abord, cela fait plaisir de revoir des montres de forme, surtout de la part de Patek Philippe qui avait considérablement réduit son offre en la matière au fil des ans. Ensuite, la Cubitus possède du potentiel lorsqu'elle s'éloigne de la Nautilus. Le fait que la 5822P n'ait pas le bracelet de la Nautilus et présente une organisation de cadran originale avec des affichages spécifiques (grande date et jour de la semaine) la rend beaucoup plus convaincante que les deux autres modèles. Sinon, la comparaison avec la Nautilus joue en la défaveur de la Cubitus. La collection a également une faculté à intégrer des complications et il sera intéressant de voir comment à l'avenir Patek Philippe travaillera, par exemple, au développement de la version chronographe. Je pense également que Patek Philippe aura intérêt à proposer des versions simples à taille réduite, voire même à proposer une montre à deux aiguilles avec le calibre 240 qui reste pour moi un calibre idéal dans ce contexte. Ainsi, la solution serait la présentation de montres non pas féminines mais mixtes qui, j'en suis sûr, deviendraient plus séduisantes que les deux 5821.

La référence 5821/1A:

La Cubitus (je dois avouer que j'ai du mal avec ce nom mais on s'y habituera au fil du temps) a subi un véritable feu de mitraille sur les réseaux sociaux. Ce déchaînement était à la hauteur de l'attente et du prestige de la manufacture. Mais j'ai toujours pensé que ces réactions étaient excessives. Je pense qu'il faut de nouveau se placer dans la situation d'un démarrage de collection, qu'il faut la laisser se développer. La 5822P possède des raisons de croire en son potentiel et j'ai la conviction que Patek Philippe sera en mesure de définir de futures Cubitus qui recevront un meilleur accueil. Mais pour cela, il faudra que la manufacture oublie la Nautilus pour se concentrer sur l'identité propre de la Cubitus.