C'était un événement horloger attendu et ce fut une réussite. La première édition du TimeFest s'est déroulée les 15 et 16 juin derniers au sein de l'Institut Culturel Bernard Magrez de Bordeaux. Le sentiment de la part de tous les participants, que ce soient les visiteurs ou les exposants était unanime: le succès était au rendez-vous. C'était fort mérité pour les organisateurs qui n'ont pas ménagé leur peine pour mettre sur pied ce salon dont la vocation était, à travers les échanges entre les marques et les passionnés ou les curieux, de contribuer au développement de l'intérêt pour l'horlogerie.
Semper & Adhuc faisait partie des acteurs locaux qui ont participé au TimeFest:
En fait, si la recette a fonctionné, c'est parce qu'elle a réuni plusieurs ingrédients qui me semblent indispensables à la réussite d'un tel événement. J'en vois au moins 5:
- le salon est un événement ponctuel mais il faut que les détaillants locaux puissent assurer en permanence ce lien entre marques et passionnés ou tout simplement clients. Or Bordeaux se distingue par le travail de qualité opéré par des acteurs tels que Horel (plutôt orienté marques de niche / micro-marques) ou Mornier (marques institutionnelles) qui font preuve d'un grand dynamisme. Sans la présence de détaillants actifs, l'organisation d'un tel salon ne serait pas possible. L'équipe de Horel faisait d'ailleurs partie de l'organisation du Timefest et l'équipe de Mornier a soutenu des marques distribuées dans ses boutiques pendant le salon. Un fonctionnement en bonne intelligence car tout le monde a à gagner à ce que l'intérêt pour l'horlogerie se propage.
Autre acteur local, Mona Watches:
- la présence d'une vraie communauté locale de passionnés. Les passionnés ne représentent peut-être pas la majorité des clients mais ils jouent un rôle important en tant que prescripteurs. J'ai été très agréablement surpris de constater la vivacité et l'implication de cette communauté dont certains membres ont contribué bénévolement au soutien du salon. Elle a aussi permis d'attirer de très nombreux visiteurs (entre un et deux mille), assurant ainsi un trafic permanent dans les travées du salon.
- l'existence et le développement de marques locales. On ne le sait pas suffisamment mais le Sud-Ouest devient une place horlogère crédible. La région participe ainsi à l'émergence d'un véritable éco-système horloger en France. Des marques telles que March-Lab sont connues mais je pourrais aussi évoquer des acteurs tels que Mona Watches, Vasco Watch, Balmont, Semper & Adhuc qui trouvent leurs origines dans le Sud-Ouest. Je n'oublie pas Pascal Coyon qui est basé dans les Landes. Enfin, une marque comme Radial effectuait ses premiers pas au cours du TimeFest.
TimeFest proposait également des animations et des conférences:
- Un plateau de qualité en phase avec les attentes des visiteurs. Le plateau était essentiellement (mais pas exclusivement) composé de micro-marques ou de marques aux tarifs raisonnables. Les visiteurs ont ainsi pu aller à la rencontre de près d'une cinquantaine d'acteurs qui s'adressent à eux. C'est toujours plus agréable et cela renforce l'intérêt et la qualité des échanges. J'ai pu apprécier la composition de ce plateau qui comprenait également des fabricants de bracelets ainsi qu'une école d'horlogerie (qui se trouve au Lycée Professionnel Marcel-Dassault de Mérignac) qui a dû susciter des vocations.
- Le choix du lieu fut parfait. L'Institut Culturel Bernard Magrez est un cadre prestigieux, agréable et les participants ont ainsi pu échanger avec confort, sans pression.
- Enfin, le travail des organisateurs (Aurélien et Jérémy de la boutique Horel, Edouard du Podcast Des Montres & Vous et Mavrick de Mona Watches) fut irréprochable. Les décisions structurantes furent les bonnes telles que la gratuité de l'accès ou l'absence de limitation par créneaux horaires. Tout a été pensé pour que l'expérience de la visite soit le plus agréable possible et elle fut.
L'objectif le plus important reste la transmission de la passion:
J'ai en tout cas grandement apprécié cet événement. Au-delà du plaisir que j'ai eu de participer à la conférence dédiée à l'horlogerie indépendante, j'ai ressenti que des bonnes vibrations. Le plaisir que les participants éprouvaient à échanger était communicatif. Le fait qu'en plus cet événement se déroulât dans ma ville natale lui conférait en outre une dimension sentimentale à mes yeux. Bref, ce fut un week-end parfait et la question que tout le monde se posait le dimanche soir était de savoir quand allait se dérouler la seconde édition.
Participer à un salon dans le Bordelais procure quelques avantages:
De façon plus générale, la réussite de TimeFest, qui fait suite à celle du premier salon We Love Watches de l'automne dernier à Paris, montre qu'en France, il y a une forte attente de la part du public pour ce type d'événement. Il y a un vrai besoin d'aller à la rencontrer des marques, de leurs représentants, de leurs créateurs. Les marques de taille plus modeste offrent justement cette incarnation et cette possibilité de créer un lien plus personnel. Et puis il y a la réalité économique. Du fait de l'augmentation des tarifs, des maisons très connues ne sont plus accessibles à la plupart des amateurs ou passionnés français. La France avait été il y a une quinzaine d'années précurseur en matière de salon orienté vers le client final grâce au salon Belles Montres. Les temps ont changé, il faut aujourd'hui d'autres formats, d'autres plateaux et TimeFest est la démonstration que lorsque les choses sont bien pensées, une nouvelle forme de rencontres horlogères peut connaître le succès et prospérer.