Ma sélection de mes dix montres préférées de l'édition 2024 du salon Watches & Wonders

L'édition 2024 de Watches & Wonders vient de fermer ses portes sur une note positive quant à la fréquentation du salon. Que ce soient les professionnels ou le public, tous ont apprécié les efforts effectués en matière d'organisation et notamment au niveau de la gestion de l'entrée et de l'accès aux stands. Compte tenu de son envergure, ce salon demeure une référence dans la façon avec laquelle les visiteurs sont accueillis et c'est pour moi un vrai plaisir que de découvrir sur plusieurs jours les nouveautés des marques présentes. Le rythme fut soutenu compte tenu d'un plateau élargi par rapport à l'an passée et de la présence d'un nouvel espace (la mezzanine) qui, en accueillant des nouvelles maisons, matérialise le potentiel de croissance du salon. Je dois aussi souligner la qualité de l'accueil des marques qui ont toujours veillé à ce que les rendez-vous se déroulent pour le mieux, en mettant à disposition les pièces et en apportant de la flexibilité en cas de retards ou d'imprévus.

Du fait de la stratégie des marques qui vise dorénavant à présenter des nouveautés tout le long de l'année, Watches & Wonders ne concentre pas forcément l'ensemble des prises de commande. Le rôle commercial reste évidemment crucial mais il est atténué, selon moi, par rapport à ce que fut le SIHH ou Baselworld dans le passé. Le salon n'en demeure pas moins incontournable et fondamental en tant que lieu de rencontre, d'échanges entre les participants et de vecteur de communication de l'industrie vers l'extérieur. Il doit symboliser l'énergie et la puissance du secteur et pour ce faire les stands doivent "en imposer". Le salon est sur ce point également une véritable réussite, les marques d'envergure rivalisant d'imagination afin de plonger les visiteurs dans des atmosphères incarnant les messages clé.

 

Et puis, il y a le contexte des marchés. Et là, la situation est plus compliquée. Après les folles années post-covid, le ralentissement est manifeste. Les indicateurs macro-économiques et le contexte géopolitique ne conduisant pas non plus à l'optimisme, les marques ont profité de cette édition de Watches & Wonders pour adopter une attitude prudente, mettant en avant une stratégie conservatrice et de consolidation. De toutes les façons, il y a aussi le contexte particulier de l'industrie qui incite à marquer une pose. La production reste compliquée alors à quoi bon présenter des centaines de nouveautés alors qu'il faut déjà délivrer ce qu'on a promis précédemment ?

La cuvée 2024 de Watches & Wonders est loin d'être la plus innovante et créative de ces dernières années. Elle est cependant solide avec un travail poussé sur la qualité des détails qui comptent beaucoup pour les clients. Je pense notamment aux verres, aux boucles, aux bracelets, aux sensations au toucher. En d'autres termes, il n'y a pas forcément des nouveautés inoubliables qui vont créer le buzz mais il y a des montres qui présentent ce qui faut pour séduire le client final. Et au bout du compte, c'est le plus important. Une autre tendance qui s'est dessinée est le retour plus net de la montre habillée. La montre sport chic à bracelet intégré commence-t-elle à lasser ? C'est en tout cas autour de la montre simple et élégante que se sont concentrées, selon moi, les meilleures pièces du salon. Dans ce contexte homogène et sans véritable stars de salon, je vous propose ainsi ma sélection de mes 10 montres préférées, sans ordre particulier. Comme toujours, elle a été difficile à établir mais il faut bien faire des choix.

Rolex 1908 Platine

En proposant un cadran guilloché pour sa 1908 en platine, Rolex prenait le risque de rendre l'ensemble plus lourd visuellement compte tenu de la lunette cannelée. Pourtant, tout fonctionne parfaitement grâce à la couleur bleu glacier qui adoucit le rendu visuel et donne beaucoup d'élégance. Le contexte propre à la 1908 (proportions équilibrées, mouvement performant et visible) fait le reste.


Hermès Arceau Duc Attelé

Ce qui m'a le plus plu dans cette nouvelle montre d'Hermès n'est pas la combinaison entre le tourbillon tri-axial et la répétition minutes mais sa cohérence. Les moindres détails rappellent l'atmosphère équestre avec comme points d'orgue la forme des marteaux et la découpe des rouages. Une réussite technique et esthétique. 


Laurent Ferrier Classic Moon

Laurent Ferrier revient vers un de ses exercices favoris (le calendrier annuel) mais en y rajoutant un très bel affichage des phases de lune dont la luminescence apporte une touche de modernité. La montre est classique certes mais très contemporaine dans son exécution. Quant au mouvement, c'est toujours un plaisir que de l'observer... sans oublier la dimension pratique du fait de la position de l'indicateur de réserve de marche à l'arrière du boîtier.


Moser Streamliner Tourbillon Squelette

J'ai trouvé Moser très actif lors du salon avec en ligne de mire les montres qui concrétiseront le partenariat avec Alpine. En attendant, la Streamliner Tourbillon Squelette fait mouche, le rendu technique et complexe du mouvement squelette créant un contraste harmonieux avec l'aspect géométrique du boîtier et du bracelet. Malgré la multitude de détails visibles, la cage du tourbillon parvient à attirer notre regard grâce à son comportement hypnotisant.


Angelus Instrument de vitesse

J'ai beaucoup aimé cette montre faussement simple. Animée par une évolution du fameux calibre THA, elle propose un chronographe une minute dans un contexte esthétique classique, raffiné et délicieusement rétro. Son diamètre est idéal et la présentation du mouvement a fini par me convaincre. Une réussite tant du point de vue du design que du point de vue mécanique.

 

Patek Philippe 5330G

Je vais être franc, je préfère les montres à heures universelles sans affichage de la date. Mais il y a le savoir-faire de Patek Philippe qui l'intègre intelligemment en la reliant à l'heure locale et en privilégiant un affichage périphérique. L'ensemble est harmonieux et Patek Philippe parvient même à donner une touche de modernité et de décontraction à cette complication traditionnelle de son catalogue. Une évolution pertinente et aboutie.


Raymond Weil Millesime Automatic Moon Phase

Raymond Weil trouve un nouvel élan grâce à sa collection Millesime qui propose des montres "néo-rétro" à cadrans à secteurs dessinées avec beaucoup de soin et de justesse. L'adjonction de l'affichage des phases de lune apporte une petite touche de poésie et la Millesime Automatic Moon Phase m'a séduit par la qualité de sa présentation. 


Cartier Privé Tortue deux aiguilles

Comme de coutume, Cartier fut une des marques les plus actives ce qui est logique compte tenu de son envergure et des différents segments de clientèle qu'elle touche. Elle reste fidèle à sa stratégie qui vise à se concentrer sur ce qu'elle sait faire de mieux: la montre de forme. Dans ce cadre, la collection Cartier Privé est dédiée cette année au boîtier Tortue avec une nouvelle interprétation du chronographe monopoussoir. Mais c'est la version deux aiguilles qui m'a le plus séduit, qu'elle soit en platine ou en or jaune. La montre est tout simplement belle et la simplicité du cadran met en valeur les courbes sensuelles du boîtier. Elle incarne le meilleur de Cartier. 


Parmigiani Toric Petite Seconde

Parmigiani a simplement présenté une des plus belles montres habillées du salon. Ce n'est uniquement côté cadran que cela se passe même si son exécution (et celle du boîtier) est excellente. Le mouvement présente également des atouts non négligeables. Ses performances d'abord (60 heures de réserve de marche pour une fréquence de 4hz) et son architecture ensuite qui met en valeur le double-barillet. Bref, la Toric Petite Seconde a marqué les esprits grâce à son raffinement et au plaisir qu'elle procure lors du remontage manuel.


Piaget Altiplano Ultimate Concept Tourbillon 150ième anniversaire

Il fallait bien un exploit technique dans cette sélection. Difficile de ne pas choisir Piaget qui parvient à loger un tourbillon annulaire dans un boîtier de 2mm d'épaisseur. L'Altiplano Ultimate Concept Tourbillon 150ième anniversaire ressemble beaucoup à son ascendante sans tourbillon mais quasiment tout a été revu. Ce qui est incroyable est que dans ce contexte de record de finesse, Piaget soit parvenu à donner une sensation de volume et de relief. La pièce est spectaculaire et fascinante, digne de la célébration de ce très bel anniversaire.


Comme d'habitude, je précise que j'aurais pu mettre d'autres montres dans cette sélection mais je voulais la limiter à 10 pièces. J'aurai cependant l'opportunité ces prochains mois de revenir plus en détails sur les montres les plus marquantes, qu'elles fassent partie ou non de cette sélection. A noter que je procéderai également à une sélection de mes montres préférées vues au cours de la semaine horlogère genevoise... mais en dehors du contexte officiel de Watches & Wonders.