La présentation de la Defy Skyline Tourbillon il y a quelques semaines confirme le rôle clé de la collection Skyline au sein du catalogue de Zenith. Petit à petit, elle prend de l'ampleur et, du fait de la sortie de ce dernier modèle, sa plage tarifaire s'élargit significativement vers le haut. Ce n'est certes pas une véritable surprise de découvrir un tourbillon dans ce contexte mais encore fallait-il que Zenith réussît son intégration. Je pense que la manufacture du Locle y est parvenue de façon efficace.
A vrai dire, je ne pense pas que le résultat comporte beaucoup d'éléments surprenants. Le diamètre du boîtier demeure à 41mm et les principales composantes esthétiques (index, aiguilles, couronne etc...) sont similaires à celles des versions 3 aiguilles avec date. Il y a bien entendu une volonté de rationaliser l'approche de la part de Zenith mais cette cohérence contribue aussi à renforcer l'identité de la collection. De plus, lorsqu'un modèle plus prestigieux, tel qu'une version à tourbillon, est présenté, cela peut rejaillir positivement sur le reste de la collection.
En tout cas, ce qui fallait être fait a été bien fait. Tout d'abord, Zenith a veillé à changer la géométrie du motif du cadran. Ce point est primordial. Si Zenith avait conservé un cadran identique à la version 3 aiguilles avec date, la zone ouverte dédiée au tourbillon aurait semblé inappropriée car combinant un cercle avec des lignes se coupant en angle droit. Grâce à une structure de cadran utilisant des rayons de soleil qui débutent depuis la cage du tourbillon, l'ensemble apparaît comme harmonieux et dynamique avec une sensation de convergence vers l'extérieur. Ensuite, Zenith a évité les détails superflus pour se concentrer sur l'essentiel. Le pont du tourbillon est réduit à sa plus simple expression et ne dépasse pas l'ouverture (ce que je préfère de façon générale). Cela permet à notre regard de se concentrer sur la cage en forme d'étoile. De fait, l'observation du tourbillon est très agréable. La cage est joliment exécutée et se distingue nettement de l'organe réglant. Elle effectue une rotation complète en une minute ce qui est très souvent la norme pour un tourbillon. Ce qui l'est moins est la fréquence du mouvement: 5hz. Il est ainsi important de rappeler que cette Zenith Defy Skyline Tourbillon est un très rare exemple de montre à tourbillon à haute fréquence. Ce n'est pas souvent dit et c'est dommage.
Le mouvement est en effet un calibre El Primero 3630 qui offre une réserve de marche de 60 heures pour une fréquence donc de 5hz. La réserve de marche reste généreuse malgré la consommation de l'énergie nécessaire à la révolution de la cage du tourbillon. Cependant, la masse de cette dernière a été maîtrisée (0,25g) ce qui a permis de conserver une réserve de marche similaire à celle du calibre El Primero 3620 de la version à 3 aiguilles avec date. La présentation du mouvement reste sobre et soignée, dans l'esprit de la collection. J'ai beaucoup apprécié que le pont principal soit décoré avec des côtes qui reprennent le motif soleillé du cadran. Cela dénote un souci du détail. J'aurais toutefois aimé que Zenith fasse preuve d'un petit peu plus d'audace au niveau de la masse oscillante afin de marquer une différence plus profonde avec les autres modèles de la collection. C'est tout de même une montre à tourbillon et elle mérite plus de facteurs de différenciation selon moi, prestige oblige.
Quoi qu'il en soit, la Defy Skyline Tourbillon est une montre très facile à vivre. Cela fait belle lurette que les tourbillons ne sont plus réservés qu'aux montres classiques et cette Zenith le prouve de nouveau. Le boîtier est étanche à 100 mètres et il est équipé du système de changement rapide de bracelet qui est très pratique, permettant d'alterner facilement entre le bracelet du même métal que le boîtier et le bracelet en caoutchouc.
La Defy Skyline Tourbillon est disponible en deux versions: acier à cadran bleu ou en céramique noire à cadran noir. J'ai une nette préférence pour la première. De par leurs prix pour commencer (59.600 euros vs 70.400 euros). De par leurs rendus respectifs ensuite. La version en acier à cadran bleu est selon moi plus vive, plus dynamique, plus sportive. L'autre modèle est plus élégant et même si la couleur noire dominante fait diminuer la taille perçue, elle reste une montre volumineuse. Le bracelet intégré accentue d'ailleurs cette impression de taille. C'est la raison pour laquelle je pense que le style plus décontracté de la version en acier est plus approprié. De plus le pont du tourbillon est plus visible sur la version en céramique et a tendance à prendre le pas sur la cage. Je préfère l'approche opposée de la version en acier car la cage est pour moi l'élément majeur qui doit être le plus mis en valeur.
La version en céramique noire que j'apprécie moins car elle met moins en valeur la cage :
J'ai au bout du compte aimé la Zenith Defy Skyline Tourbillon, surtout dans sa version en acier. Je pense que cette version offre un contenu horloger solide pour un prix somme toute raisonnable. Il s'agit tout de même d'une montre tourbillon émanant d'une des plus belles manufactures suisses et le fait que ce prix se situe en-dessous des 60.000 euros renforce son attractivité. La montre est pratique, polyvalente et elle permet de profiter d'un tourbillon haute fréquence en toute circonstance. Même si son exécution n'est pas surprenante et qu'elle aurait sûrement mérité un peu plus d'audace, la Zenith Defy Skyline Tourbillon reste une proposition crédible et sans réel point faible. Mon seul regret est que Zenith n'ait pas adopté une démarche plus ambitieuse au niveau de la décoration du mouvement pour apporter une petite touche d'exubérance qui aurait été le bienvenue.
Les plus:
+ un des rares mouvements tourbillon 5hz du marché
+ un prix attractif pour la version acier compte tenu du contenu horloger
+ la polyvalence (étanchéité et système de changement rapide du bracelet)
Les moins:
- un boîtier qui reste volumineux
- un style décoratif du mouvement trop sobre à mon goût pour une montre à tourbillon