A chaque jour, son lot de surprises

Pourquoi certains devraient-ils attendre la fin de Watches & Wonders pour revendre les goodies et autres gadgets récupérés gratuitement pendant le Salon ? Il suffit de se rendre dans une boutique et de conserver précieusement les morceaux de sucre proposés avec le café pour se lancer dans une petite activité lucrative. Il y a quelques jours, le compte Instagram @horologiorum avait relayé une story qui montrait une petite annonce sur Ebay dans laquelle une personne vendait deux morceaux de sucre obtenus suite à une visite de la boutique Patek Philippe de Bond Street. C'est bien entendu consternant et à ce stade, ces deux trésors, vendus 22,50 GBP n'ont pas encore trouvé preneur. Pourtant, l'annonce a été sérieusement faite avec des photos dans plusieurs positions y compris de l'arrière. On ne sait jamais, peut-être y aurait-il un doute sur l'authenticité de ces morceaux de sucre.

Cet événement pathétique montre une fois de plus l'ambiance qui règne dans le petit monde horloger. Tout est prétexte à constitution de profit. Rien n'est gratuit et la moindre chose, même la plus insignifiante, peut devenir l'objet d'une transaction. Mais attention, cela ne marche qu'à condition d'impliquer une marque "bankable": Rolex, Audemars Piguet, Richard Mille et dans ce cas, Patek Philippe. Je doute qu'une marque moins exposée médiatiquement puisse générer une telle tentative pitoyable. Cette petite annonce est une nouvelle preuve du pouvoir des marques "phare" et que tout ce qui peut porter leurs noms ou leurs logos devient par ricochet un objet de valeur. Les goodies Rolex sont par exemple extrêmement recherchés, ils font eux-mêmes l'objet de contrefaçons et ils constituent un véritable marché. Le nom d'une marque est aujourd'hui le principal élément explicatif du niveau de la cote d'une montre. La marque est en effet un amplificateur de la demande ce qui entraîne automatiquement une montée de la cote par rapport à celles de montres en provenance d'acteurs avec des notoriétés inférieures. Cela n'est pas prêt de changer et la petite annonce le rappelle. Si des critères objectifs contribuent à déterminer une cote (les complications, les matériaux, la qualité de l'exécution, le volume de production etc...), c'est bien l'aura, le prestige, la notoriété de la marque qui sont le facteur primordial.

Finalement, les morceaux de sucre ne sont qu'un reflet de ce qui se retrouve dans le marché de la seconde main. Il y a des montres que l'on peut revendre sans difficulté car le demande sera soutenue ce qui incite à monter les prix. Et puis il y en a que l'on osera même pas revendre car les prix que les acheteurs seraient prêts à mettre sont beaucoup trop bas... à condition même qu'elles suscitent un minimum d'intérêt. Le nom de Patek Philippe, la croix de Calatrava sont des catalyseurs alors la personne se sent en confiance pour tenter de revendre son butin. J'espère de tout coeur que cette petite annonce ne mènera nulle part et que ces deux malheureux morceaux de sucre finiront dans une tasse de café. Si la transaction se réalise, alors je tirerai mon chapeau et je saluerai l'initiative du petit malin qui aura bien perçu tous les excès du marché horloger actuel. Auquel ce ne sera pas lui qui sera à blâmer mais bien ceux qui achètent tout et n'importe quoi.