L'ambiance Darth est de retour chez Lange & Söhne avec la Lange 1 Perpetual Calendar en platine

Lange & Söhne a présenté il y a quelques mois une nouvelle version de la Lange 1 Perpetual Calendar en platine. Elle me donne l'occasion de revenir sur cette montre qui est, selon moi, un des Quantièmes Perpétuels les plus intéressants et aboutis du marché. En fait, même si elles ne viennent pas forcément à l'esprit comme le chronographe, les complications calendrier font partie du répertoire favori de la manufacture saxonne. Je me souviens très bien de l'impact de la Langematik Perpetual qui tirait profit de l'affichage des quantièmes avec la grande date à double guichet et de la beauté de son calibre Sax-O-Mat à rotor 3/4. Introduite en 2001, elle a constitué pendant longtemps une référence de la montre à quantième perpétuel de haute horlogerie.

La complication du quantième perpétuel fut présentée dans le contexte de la Lange 1 avec la  Lange 1 Tourbillon Perpetual Calendar en 2012. Cette montre automatique se distinguait par l'originalité de son affichage en reprenant l'organisation de la Lange 1 Daymatic (un effet miroir par rapport à l'affichage traditionnel de la Lange One à remontage manuel) et en proposant une indication des mois grâce à un anneau périphérique. Pièce extrêmement séduisante et concentrant le savoir-faire de Lange & Söhne tant du point de vue technique que décoratif, elle n'avait à vrai dire qu'un seul défaut: celle de posséder un tourbillon, non visible côté cadran, qui avait tendance à singulièrement faire grimper l'étiquette.


Et puis, la bonne nouvelle est arrivée en 2021 avec la Lange 1 Perpetual Calendar: la complication du quantième perpétuel devient disponible dans le contexte de la Lange 1 et cette fois-ci, sans tourbillon, et donc avec un prix plus accessible si on peut s'exprimer ainsi (car dépassant allégrement les cent mille euros). Deux versions étaient dévoilées en 2021: en or rose à cadran gris et en or gris à cadran en or rose. J'avais d'ailleurs un faible pour cette dernière que je trouvais particulièrement réussie, chaleureuse et finalement assez originale. 

L'ambiance change avec la toute nouvelle déclinaison en platine. Avec son cadran noir en argent massif, la Lange 1 Perpetual Calendar adopte un style beaucoup plus sobre. On retrouve l'approche "Darth" de l'ancienne référence de la Lange 1, la 101.035 à cadran noir et à grande date noire également. La Darth ne nous rajeunit pas car elle fut introduite en 1999 pour rester dans le catalogue pendant 7 ans. Malgré sa durée de vie plutôt courte, les collectionneurs ont toujours apprécié cette pièce qui se distinguait des autres Lange 1.  Quoi qu'il en soit, cela me fait très plaisir de retrouver cette ambiance noire dans un environnement plus complexe.


La couleur dominante a un principal atout: elle diminue la taille perçue de la Lange 1 Perpetual Calendar ce qui est une bonne nouvelle puisque le boîtier en platine a un diamètre de 41,9mm (pour une épaisseur de 12,1mm). L'autre intérêt de la couleur est de mettre en valeur le très joli ciel bleu de l'affichage des phases de lune. Que les étoiles soient présentes ou pas (je rappelle que cet affichage intègre un astucieux indicateur jour/nuit), le ciel attire notre regard et ce sous-cadran devient presque l'élément essentiel. L'organisation du cadran demeure avec la grande date à  11 heures, l'affichage de l'heure dans le sous-cadran décentré à droite et le fameux anneau périphérique des mois. Quant aux jours de la semaine, ils sont indiqués grâce à une aiguille à gauche du cadran et enfin, le rang des années utilise un petit guichet intégré dans le triangle qui matérialise le mois en cours. 

L'organisation asymétrique du cadran apporte beaucoup de dynamisme et casse les codes des montres à quantième perpétuel traditionnelles. Elle rappelle surtout, grâce à la grande date, que le point le plus important pour ce type de montre est l'affichage clair et lisible des quantièmes. Après tout, les autres informations calendaires servent en premier lieu à régler la montre. Ce que doit faire une montre à quantième perpétuel, c'est afficher les quantièmes sans avoir besoin d'opérer une correction lors d'un changement de mois. Du fait de la conception du calibre L021.3, l'affichage des phases de lune adopte une démarche analogue puisqu'il ne nécessite qu'une correction d'un jour tous les 126 ans. A noter, et cela contribue grandement au sentiment de perfection que la montre génère, que les informations calendaires sautent en même temps et à minuit.


Le calibre L021.3 présente une base similaire à celle du calibre L021.1 de la Lange 1 Daymatic. Il a été développé à partir de ce dernier par l'adjonction du mécanisme de quantième perpétuel. Du point de vue esthétique, il offre un spectacle étourdissant et peut même être considéré comme très (trop?) démonstratif. La forme de la masse oscillante, les vis bleuis, les chatons en or, la parfaite continuité des Côtes de Glashütte, Lange & Söhne déploie tout son savoir-faire et le résultat est un vrai régal pour les yeux. Il faut cependant apprécier cette approche baroque. Je la comprends car elle met en scène une esthétique très germanique qui nous permet d'apprécier les éléments de style différents d'une manufacture saxonne. Les performances ne sont pas oubliées. Non seulement elles sont au rendez-vous (saut précis et instantané) mais en plus le réglage des données calendaires est aisé grâce aux poussoirs intégrés dans la carrure gauche. Le seul petit reproche que je pourrais faire est la durée de la réserve de marche (50 heures pour une fréquence de 3 hz) que je trouve un peu courte pour une montre à quantième perpétuel.

Enfin, la Lange 1 Perpetual Calendar en platine donne beaucoup de plaisir une fois mise au poignet. Il s'agit d'abord d'une montre lourde (je rappelle qu'à la base le mouvement en maillechort pèse) et cette sensation de poids est pour moi plaisante. De plus, le fait de porter la montre donne l'occasion de se pencher sur les détails du cadran et leur réalisation irréprochable. Enfin, la couleur noire rend la montre plus discrète ce qui n'est pas un mauvais point de nos jours.


Je ne connais pas le prix précis de cette version mais compte tenu du boîtier en platine, j'imagine aisément qu'il se situera bien au dessus des cent mille euros. A titre personnel, j'ai beaucoup apprécié cette déclinaison, peut-être moins charmante que celle en or gris mais finalement plus subtile et plus facile à porter. Du fait de son affichage, de la qualité de son exécution et de son contenu technique, la Lange 1 Perpetual Calendar en platine, au même titre que les versions en or, est sans aucun doute une montre à calendrier perpétuel majeure et constitue une référence dans le segment de la haute horlogerie comme le fut, en son temps, la Langematik Perpetual.

Les plus:

+ le plaisir de retrouver l'ambiance "Darth"

+ la qualité des finitions

+ les performances techniques du mouvement et la facilité de réglage

Les moins:

- une réserve de marche un peu courte