Je ne pensais jamais écrire sur Raymond Weil. Non pas que j'aie un quelconque grief comme la marque, bien au contraire, mais j'ai toujours trouvé sa production un peu trop conventionnelle à mon goût. Et puis ma curiosité fut aiguillonnée lorsque le modèle Millésime Automatic Small Seconds remporta le prix de la montre Challenge lors de la dernière édition du GPHG. Ayant eu l'occasion de la voir de près récemment et ayant été séduit par son exécution, il me semblait logique de lui consacrer ces quelques lignes.
La force de la Raymond Weil Millésime Small Seconds est le soin apporté aux détails. Je ne vais pas lui trouver des qualités qu'elle n'a pas. Son design est ultra classique, inspiré par les montres à cadran à secteurs et à petite seconde et j'ai pu voir passer un certain nombre de pièces d'inspiration néo rétro s'inscrivant dans cette mouvance esthétique, y compris récemment. Elle est résolument classique et n'a aucune vocation à révolutionner l'horlogerie. Mais nous le savons tous, il est très difficile de créer une montre à 3 aiguilles convaincante et Raymond Weil y est parvenu.
En fait, l'élément qui fait la différence est le jeu de lumière obtenu grâce au verre et à la finition du cadran argenté. Le verre de forme légèrement glassbox laisse pénétrer la lumière à la fois sur le devant et les côtés du cadran. En bougeant le poignet, les zones du cadran s'animent en changeant d'intensité. Plusieurs types de finition ont été appliqués afin d'apporter de la sophistication et du dynamisme. La zone centrale possède un brossage délicat, le tour des heures est lisse et la minuterie se distingue par son motif en colimaçon. Le résultat est harmonieux et surprenant à la fois puisqu'en fonction de l'inclinaison de la montre, certaines zones se détachent visuellement. La construction sectorielle possède ici plusieurs atouts. Elle rend la montre très lisible mais elle permet aussi de clairement séparer les zones du cadran. Et comme par magie, ces zones s'imbriquent et la cohérence de l'ensemble apparaît sous nos yeux.
Il est intéressant aussi de remarquer que Raymond Weil a appliqué un joli effet visuel en augmentant le nombre de marqueurs en s'éloignant de la zone centrale. Le cadran a même une dernière piste périphérique indiquant les fractions de seconde (4 pas) ce qui est cohérent avec la fréquence du mouvement (4hz sachant qu'indiquer 8 pas aurait apporté de la confusion). Les effets de volume sont également présents à la fois grâce au verre mais aussi à la forme du cadran. La zone centrale est ainsi surélevée par rapport à la zone périphérique.
La couleur dominante est incontestablement le gris argenté. Rien ne semble sortir de cette atmosphère et même le rendu brossé et satiné vertical de la lunette ainsi que la couleur grise du bracelet en veau la renforcent. La lecture de l'heure est cependant très aisée, y compris dans des conditions de luminosité défavorables grâce à la légère luminescence des aiguilles.
Le secteur de la trotteuse est un peu trop proche du centre du cadran et c'est dû au diamètre propre du mouvement et à l'emplacement de l'axe de cette aiguille. Mais décidemment, les designers de Raymond Weil ont bien travaillé car pour les raisons évoquées plus tôt, cela ne se ressent pas. Grâce à la présence des différentes zones du cadran, l'emplacement du secteur de la trotteuse semble logique car ne coupant aucune information, aucune graduation. Cela explique en grande partie la sensation d'harmonie que j'ai soulignée plus tôt.
Le diamètre du boîtier en acier est de 39,5mm. Celle taille m'a semblé idéale car une fois mise au poignet, la pièce offre une jolie présence. La dominante claire et argentée accentue la sensation de taille mais comme le cadran est cohérent, les proportions sont équilibrées. L'épaisseur est de 10,25mm ce qui donne au boîtier un style élancé sans être plat. Vue de profil, la montre apparaît comme fine car une partie de la hauteur provient du verre.
L'arrière du boîtier permet d'observer le mouvement automatique. Il porte la référence RW4251 mais il s'agit en fait d'un Sellita SW261-1. C'est l'équivalent d'un SW200 mais avec une petite seconde au lieu de la trotteuse centrale. C'est un mouvement fiable, robuste et relativement précis. Le fait d'être très répandu assure une grande pérennité. Sa fréquence est de 4hz et sa réserve de marche est de 38 heures ce qui est faible selon les standards actuels. La présentation du calibre est très sobre, le principal effort décoratif porte sur la masse oscillante qui reproduit le W. Rien de choquant cependant car le rendu monochrome correspond bien à l'esprit de la montre. De toutes les façons, c'est du côté du cadran que se situe le principal intérêt. Le mouvement fait bien son office dans ce cadre surtout lorsqu'on considère le prix de la Millésime Automatic Small Seconds.
Ce prix est de moins de 2.000 euros TTC (1.950 euros pour être précis) ce qui est compétitif compte tenu de la qualité de l'exécution et de la réussite esthétique. Certes, le mouvement n'est pas forcément un cheval de course mais lorsqu'on aime les montres classiques, il est difficile de ne pas résister au charme et à la cohérence de cette pièce. J'ai beaucoup aimé le cadran qui est selon moi une très belle réussite. Les autres éléments ne sont pas en reste et la montre offre de jolies détails (la couronne gravé, l'alternance de poli et de brossé du boîtier) ce qui fait nettement pencher la balance du côté positif. La récompense au GPHG me semble ainsi justifiée, soulignant le travail convaincant effectué par Raymond Weil. A noter que ce modèle est aussi disponible avec un cadran anthracite mais le cadran sectoriel est mieux adapté à la finition argentée et c'est donc cette version que je recommande.
Les plus:
+ une esthétique harmonieuse et équilibrée
+ la finition du cadran
+ le prix attractif
+ un bracelet confortable dont la couleur est bien choisie
Les moins:
- une réserve de marche trop courte selon les standards actuels