Mona revient en force avec une collection de montres automatiques

Mona est une jeune marque bordelaise fondée en 2012 et pourtant, nous parlons d'ores et déjà de renaissance. Après la première étape de sa vie qui lui avait permis de connaître un certain succès notamment aux Etats-Unis (Worn&Wound lui avait consacré un article en 2013) par le biais d'une collection de montres à quartz, la marque avait connu par la suite une pause. La très bonne nouvelle est que Mona revient en 2023 avec une proposition horlogère plus ambitieuse. L'équipe qui préside dorénavant à sa destinée est composée de passionnés qui ont eu envie d'aller beaucoup plus loin dans la démarche initiée plus de dix ans plus tôt. La collection de la renaissance, puisque c'est comme ça qu'il faut la qualifier, reprend certains éléments esthétiques des montres initiales afin de conserver un fil conducteur et une identité. En revanche, quasiment tout oppose les deux générations. La nouvelle collection, qui fera l'objet d'une campagne Kickstarter à compter du 9 novembre, est dorénavant équipée d'un mouvement automatique et de plus, les cadrans sont décorés artisanalement dans l'atelier de Bordeaux. En d'autres termes, le contenu horloger progresse significativement et l'ancrage local est réaffirmé. Ce sont les raisons pour lesquelles j'avais eu envie de rencontrer Nicolas et Mavrik lors d'un récent séjour au pays des chocolatines et des cannelés afin de découvrir en avant première les pièces de cette nouvelle collection juste avant le démarrage de la campagne. J'ai pu ainsi voir et manipuler plusieurs modèles. 

Autant tuer tout suspens à ce stade: la collection "Originale" (car telle est son vrai nom) composée des nouveaux modèles automatiques ne révolutionne pas l'horlogerie. Le design est classique et il n'y a pas de détails extravagants. En revanche, j'ai pu constater que la démarche de la nouvelle équipe de Mona était bien pensée.

Tout d'abord parce qu'elle n'est pas repartie de zéro.  Je trouve que c'est une excellente idée d'avoir conservé des rappels des modèles antérieurs  comme les aiguilles cigarettes ou le moletage croisé caractéristique sur la carrure du boîtier. Cela inscrit la trajectoire de Mona dans la durée et renforce l'identité de la marque. Une identité est créée lorsqu'une marque est reconnaissable même en l'absence de logo sur le cadran. Et malgré le classicisme de l'ensemble, le style Mona est tout à fait identifiable. A propos du logo, c'est également positif qu'il soit conservé comme à l'origine car je le trouve très réussi avec ses deux drapeaux qui se croisent.

Ensuite la démarche est cohérente. Mona ne veut pas être ce qu'elle n'est pas, surtout en considérant ce qu'était l'offre il y a dix ans. La proposition se veut raisonnable tant du point de vue du style que du prix d'appel qui sera fixé à 599 euros lors du démarrage de la campagne. Le boîtier en acier a un diamètre de 39mm, l'épaisseur est de 10,3mm ce qui rend les proportions harmonieuses. Les montres ne sont ni fines, ni épaisses et peuvent convenir à des poignets aussi bien masculins que féminins. Malgré ce gabarit raisonnable, l'étanchéité est de 100 mètres ce qui est un très bon point. Le mouvement est lui non plus sans véritable surprise, s'agissant d'un calibre Sellita qui possède une réserve de marche de 42 heures pour une fréquence de 4hz. 

L'effet texturé du cadran:

Enfin, la démarche offre tout de même quelques surprises. La première provient justement du calibre. Il s'agit d'un mouvement Sellita certes mais contrairement à ce que nous aurions pu penser avec une montre d'un diamètre de 39mm, sa référence n'est pas un SW200 mais un SW100. Mais pourquoi  Mona utilise un tel mouvement, habituellement dédié aux montres petites ou féminines (le diamètre d'encageage est légèrement supérieur à 17mm)? Tout simplement parce que c'est la méthode d'attache du bracelet qui l'impose. En retournant le boîtier, nous comprenons alors la deuxième surprise. Du point de vue esthétique, lorsque la montre est portée au poignet, le bracelet semble être monobrin et passer sous le boîtier. Mais non: le bracelet est bel et bien composé de deux brins dont les fixations se trouvent sous le boîtier ce qui impose la réduction du diamètre d'encageage du calibre. J'apprécie cette méthode car elle réduit l'épaisseur générale de la montre et rend l'ensemble plus élégant par rapport à un monobrin qui passe intégralement sous le boîtier. La troisième surprise provient du cadran. La collection "Originale" propose différents cadrans réalisés en tampographie à la main dans l'atelier bordelais de Mona. Ce sont plus spécifiquement les étapes de décoration (peinture et tampographie) qui sont effectuées à Bordeaux.

Vous noterez le système d'attache du bracelet:

Au-delà de la dimension locale que cette réalisation génère, je dois avouer que j'ai apprécié ces cadrans et notamment deux d'entre eux: le cadran blanc "Billie" et le cadran vert "Vesper". Le cadran blanc permet d'augmenter la taille perçue de la montre et séduit par son contraste avec les aiguilles et par les touches d'orange au niveau de la trotteuse et du bout de l'aiguille cigarette des heures. Le cadran vert m'a beaucoup plu grâce à son rendu texturé plus prononcé (le cadran bleu offre un rendu similaire) et sa couleur est particulière, très proche du noir. Une joie réussite. J'ai été moins séduit par le cadran bicolore noir et blanc.

De façon générale, la qualité de l'exécution est satisfaisante et conforme à la gamme de prix que Mona veut pratiquer. Le fond du boîtier est plein ce qui est une excellente décision compte tenu de la taille réduite du mouvement. La décoration de la carrure est intéressante du point de vue esthétique et protège aussi le boîtier d'une certaine façon. La souplesse du bracelet assure un bon maintien sur le poignet. Enfin, la couronne est décorée d'un point qui reprend la couleur dominante du cadran ce qui est un détail bienvenu.

Le moletage croisé de la carrure:

J'ai donc un sentiment très positif à l'égard des montres automatiques proposées par Mona. Elles sont bien faites, bien pensées et elle parviennent à offrir quelques détails singuliers qui les empêchent d'être trop consensuelles. Compte tenu de leur style classique, de leur étanchéité de 100 mètres et du prix proposé lors de la campagne Kickstarter, elles constituent un très bon moyen pour rentrer dans le monde de l'horlogerie mécanique. Enfin, les amateurs de la première génération de montres Mona ne seront pas déroutés car ils pourront retrouver des similitudes avec les pièces qu'ils connaissent. Le prix sera évidemment plus élevé mais la différence qualitative le justifie. Je souhaite ainsi à l'équipe Mona un plein succès pour la campagne Kickstarter qui débute dans quelques jours. Elle le mérite car la démarche est attachante. Cela me fait plaisir en outre de voir des projets horlogers se développer en France et pas uniquement dans les régions traditionnelles du secteur. Mona, au même titre que d'autres marques, symbolise cette vitalité française dans l'horlogerie grâce aux talents et aux idées de ses acteurs. 

A noter enfin que la campagne Kickstarter de Mona inclura également une montre Movember en édition limitée et que la marque reversera 5% de la totalité de la campagne de financement, tous modèles confondus, à la structure caritative.