Medeor réinvente l'échelle pulsométrique grâce à la montre Pulsograph

Ce n'est pas simple lorsqu'on est une marque fraîchement créée d'apporter quelque chose de véritablement nouveau dans le monde horloger. C'est pourtant quasiment indispensable pour pouvoir se distinguer dans une offre pléthorique. En effet, il ne se passe pas une seule journée sans découvrir de nouveaux modèles, lancements ou projets. Vincent Heyraud a su répondre à cet enjeu avec sa montre Pulsograph qui est commercialisée par le biais de la marque qu'il a fondé: Medeor. S'il y est parvenu, c'est tout simplement parce que la Pulsograph répond à un besoin auquel un membre du corps médical (Vincent est docteur en pharmacie) est particulièrement sensibilisé. L'objectif de la Pulsograph est de réinventer la montre pulsomètre afin de permettre  la prise de mesure simple et rapide de la fréquence cardiaque et de la fréquence respiratoire.

Les meilleures idées sont celles qui sont les plus faciles à mettre en oeuvre... et à utiliser. Vous savez, celles dont on dit: "il suffisait d'y penser...". Eh bien, c'est exactement la conclusion que je me suis faite en découvrant la lunette de la Pulsograph. En fait, la lunette "pulse" à rotation bidirectionnelle possède deux graduations: l'une pulsométrique pour 15 pulsations et une asthmométrique pour 4 respirations. Bien évidemment, présentée de cette façon, la lunette semble présenter un inconvénient puisque si la trotteuse se trouve  au début de la zone pulsométrique, la prise de mesure asthmométrique va nécessiter une manipulation conséquente de la lunette pour positionner le début de la graduation face à la trotteuse. L'enjeu de la prise de mesure rapide ne serait alors pas atteint. Mais Vincent a pensé combiner cette lunette avec une trotteuse traversante. Ainsi, une extrémité de la trotteuse sera toujours au plus proche d'un début de graduation. Avec de l'habitude, la personne qui intervient lors d'un secours peut même procéder à une double prise de mesure instantanée ce qui en situation d'urgence est un véritable atout. Cette notion de rapidité est d'ailleurs mise en exergue par les graduations qui ont été déterminées pour 15 pulsations et 4 respirations afin que la prise de mesure soit la plus courte possible (par exemple, sur le chronographe 1815 de Lange & Söhne, la graduation est faite pour 30 pulsations).

Les illustrations suivantes, présentes sur le site de Medeor, expliquent de façon très claire comment s'opère la prise de mesure:

Même si la lunette et la trotteuse traversante constituent la particularité de la Pulsograph, il serait toutefois dommage de résumer cette dernière qu'à la fonctionnalité qu'elles apportent. Car pour le reste, la Pulsograph est une montre polyvalente très bien faite. J'emploie l'adjectif de "polyvalente" car elle possède des caractéristiques qui lui permet un usage en toute circonstance.

Tout d'abord, son diamètre est de 40mm. Compte tenu de l'épaisseur de la lunette, l'ouverture du cadran reste limitée et la taille perçue est raisonnable lorsque la montre est portée. La longueur des cornes du boîtier en acier lui apporte une certaine fluidité. La bonne nouvelle est que l'épaisseur est correcte (12mm y compris en tenant compte du verre saphir bombé) ce qui est acceptable pour une montre étanche à 200 mètres. L'ensemble est plutôt fluide et élégant ce qui n'était pas forcément facile à obtenir compte tenu de l'impact visuel de la lunette.

Le cadran a une présentation classique avec des chiffres 3-6-9. Le cadran du prototype que j'ai pu voir lors d'une rencontre avec Vincent à Bordeaux était bien fini avec des chiffres, index et aiguilles luminescents exécutés avec précision. L'élément manquant dans le prototype par rapport à la version définitive était la qualité du verre bombé auquel il manquait l'anti-reflet interne. Je n'ai donc pas pu juger avec justesse de la lisibilité de l'ensemble mais compte tenu du design du cadran et de la luminescence de ses principaux éléments, je n'ai aucun doute sur ce point. Les deux extrémités de la trotteuse traversante sont également mises en valeur et luminescentes pour faciliter la prise de mesure. La trotteuse est majoritairement rouge pour attirer l'oeil plus facilement. A noter l'absence de guichet de date. A titre personnel, je trouve que c'est une excellente nouvelle et j'imagine que Vincent a fait ce choix compte tenu de la taille de l'ouverture de cadran et afin de rendre la trotteuse visible dans n'importe quelle position.

Le fond du boîtier est plein si bien que le mouvement qui anime la Pulsograph n'est pas visible. Ce mouvement est le calibre G101 de Lajoux-Perret (version sans date du G100) qui possède une réserve de marche de 68 heures et une fréquence de 4hz. Ces performances sont par conséquent dans la lignée de celles des mouvements de conception récente et j'apprécie cette réserve de marche proche des 3 jours. Il s'agit de façon générale d'un calibre robuste, précis et sa diffusion de plus en plus large lui assure une bonne pérennité.

Du point de vue esthétique, la Pulsograph reste une montre d'apparence classique comme une sorte d'Explorer de plongée. Cependant, elle possède plusieurs détails originaux. Le rendu de la lunette est intéressant avec un insert en céramique polie et en tungstène brossé. Le contraste entre le gris et le bleu est nettement marqué pour éviter toute confusion et la lunette évoque, d'une certaine façon, celle d'une montre GMT ou plutôt à heures universelles compte tenu de la présence de nombreuses informations. La forme du verre bombé apporte du caractère et j'ai également apprécié le design de la couronne. Enfin, la trotteuse traversante apporte une singularité supplémentaire sur le cadran. Sans être révolutionnaire, la Pulsograph possède ainsi sa propre identité ce qui est un point positif.

J'ai donc apprécié cette montre qui est issue d'une démarche personnelle et qui répond à un besoin exprimé par un membre du corps médical. L'ensemble est très bien conçu et la qualité de l'exécution, sur ce que j'ai pu en juger à travers la découverture du prototype m'a semblé tout à fait satisfaisante, notamment avec le test de la manipulation de la lunette. Cette dernière effectue sa rotation dans les deux sens avec précision et la sensibilité de cette rotation est bien dosée, ni trop ferme, ni trop douce. Les autres éléments constitutifs sont du même niveau et les performances propres du calibre sont un argument supplémentaire. Un autre point qui a attiré mon attention est que l'atelier qui assemble la montre est situé en banlieue bordelaise. Alors, je me réjouis une fois de plus de voir un projet prendre corps dans le grand sud-ouest (Vincent est basé à Toulouse) ce qui démontre, une fois de plus, que de nombreux concepts horlogers se développent dans de nombreuses régions françaises.  

Comment finalement se procurer cette Pulsograph ? Les pièces de la série de lancement de 150 exemplaires se commandent directement auprès du site internet de Medeor pour une livraison prévue en juin 2024 avec le système tarifaire suivant: pour toute commande effectuée jusqu'au 20 novembre, le prix proposé est de 595 euros soit une réduction significative par rapport au tarif de référence de 1.130 euros. Puis le prix passe à 795 euros entre le 20 novembre et le 18 décembre. Le tarif de la dernière phase de la période de lancement est de 995 euros et s'achève le 14 janvier. Ces tarifs correspondent à une montre livrée avec un bracelet en acier ainsi qu'avec un bracelet en élastique / velcro.

Je pense sincèrement que le tarif d'appel de 595 euros est extrêmement compétitif pour une montre comportant des caractéristiques intéressantes et possédant une lunette et une fonctionnalité uniques en leurs genres. Alors, je conseille aux personnes intéressées de se positionner rapidement afin de profiter du tarif le plus bas. Je souhaite en tout cas une pleine réussite à Vincent car au-delà de la montre en elle-même, j'ai vraiment été séduit par sa propre démarche qui a consisté à trouver une solution face à une problématique spécifique.