Une vraie montre marseillaise, la Jacques Bianchi JB200 Poulpro

Je sais très bien que le titre de cet article est provocateur et je le fais volontairement. Mais je pense sincèrement qu'il est pertinent. De façon générale, quels sont les critères qui permettent de relier une montre à un pays, à une ville ? L'origine de ses créateurs, les lieux de production, les éléments de design sont des arguments qui viennent à l'esprit. Et puis il y en a un autre: l'atmosphère que la montre dégage et sur ce point, la JB200 Poulpro est on ne peut plus marseillaise. Polémique, discorde, communications par voies de presse ou de réseaux sociaux entre les actionnaires, des personnes qui se positionnent pour un camp ou un autre, des mots tels que honneur, trahison prononcés dans les échanges de ceux qui suivent cette affaire... Bref, la situation compliquée entre les actionnaires de la société Montres Jacques Bianchi a suscité beaucoup de réactions au cours du mois d'août. Cette ambiance que je qualifierais de délétère m'est apparue à titre personnel comme très symptomatique du nom de la ville inscrite sur les cadrans. Rien n'est décidément simple dans le Sud-Est et le fait qu'à un moment, la fin de la récréation ne puisse pas être simplement sifflée afin que l'intérêt commun reprenne le dessus m'interpelle.

Mais bon, tout a une fin y compris les polémiques et j'ai la conviction que le cours normal du développement de l'entreprise reprendra. De mon côté, de par ma culture, de par ma façon de raisonner, j'ai envie de soutenir la campagne autour de la JB200 Poulpro. Pour deux raisons. La première est que je trouve que le projet de créer et développer une marque autour du nom de Jacques Bianchi fut et est un beau projet. Le succès rencontré lors du lancement de la JB200 a bien prouvé qu'il y avait une attente à ce niveau et même au niveau international. Je me place toujours du côté de ceux qui construisent, qui font preuve d' un esprit entrepreneurial, surtout lorsque le projet implique des français. La seconde raison est encore plus concrète: la JB200 Poulpro est tout simplement une montre bien faite.

En fait, pour la comprendre, il faut se mettre dans la logique du projet: la volonté à travers la création de la société Montres Jacques Bianchi fut d'aller bien plus loin que la commercialisation d'une unique réédition. L'objectif fut et demeure le développement d'une marque et pour ce faire, la présentation d'autres modèles, différents mais qui conservent une même identité, est requise. La JB200 Poulpro s'inscrit donc dans cette démarche.

Elle respecte totalement les critères de qualité mis en place lors de la production de la réédition de la JB200. Fabrice Pougez a mobilisé son réseau de sous-traitants et de partenaires pour que les éléments constitutifs de la JB200 soient d'une qualité irréprochable pour le prix de vente. J'avais ainsi particulièrement apprécié le travail effectué sur le boîtier, l'efficacité du verre, les sensations procurées par la manipulation de la lunette et la finesse de la représentation du plongeur. La JB200 Poulpro reprend les mêmes standards. Je retrouve ainsi le boîtier d'un diamètre de 42mm étanche à 200 mètres qui se caractérise par la couronne à gauche et ses lignes galbées. La lunette, les index et les aiguilles sont similaires. Cependant la JB200 Poulpro se distingue de sa devancière par la présence d'un poulpe sur le cadran et d'un guichet de date à 6 heures.

Cette nouvelle version constitue ainsi une évolution esthétique et fonctionnelle. Le poulpe impose sa présence sur le cadran et je trouve que c'est une excellente décision. En effet, quitte à utiliser un tel animal, un tel motif, autant que son potentiel soit pleinement utilisé. Le résultat est clivant ce qui est un excellent point. De mon côté, je l'apprécie car cela donne beaucoup de personnalité au cadran et surtout, cela renouvèle le genre de la JB200. L'animal n'est ni agressif ni amusant et le bon ton a été trouvé. D'autres peuvent le considérer comme nuisant à la visibilité du cadran. Cela n'a pas été mon expérience en testant le prototype. J'ai au contraire aimé son impact visuel fort. Dans le monde de la montre de plongée où des centaines de montres similaires cohabitent, il me semble important d'avoir des facteurs de singularité.

Le guichet de date répond à la demande de nombreuses personnes qui souhaitaient avoir l'affichage des quantièmes et qui regrettaient son absence sur le cadran de la JB200. Il est vrai que le modèle historique de 1982 était équipé d'un tel guichet. Le guichet est blanc pour assurer la continuité esthétique des index. De mon côté, je préfère la montre sans mais sa présence a du sens dans le contexte du développement de la marque et du point de vue commercial.

Le principal changement n'est pas visible. Il s'agit du mouvement qui équipe la JB200 Poulpro. Le calibre Seiko NH35 de la JB200 est remplacé par un calibre suisse Soprod P024. Même si le NH35 est un mouvement qui fonctionne bien, cette évolution est une bonne nouvelle et constitue une évolution qualitative. Les performances du P024 sont classiques car s'agissant d'une alternative à l'ETA2824. Sa réserve de marche est de 38 heures pour une fréquence de 4hz. Son efficacité au remontage est bonne et il s'agit d'un mouvement fiable et précis lorsqu'il est bien réglé.

Deux versions de la JB200 Poulpro seront disponibles: en noir ou en bleu. J'ai une préférence pour la deuxième couleur car apportant un facteur de différenciation supplémentaire par rapport à la JB200. De plus, le bleu (couleur plus difficile à mettre en oeuvre qu'on le croit) est bien dosé, le rendu m'évoque celui de la FXD de Tudor ce qui est une excellente référence. Il est vif, intense tout en restant sobre et intemporel. La version noire est d'une certaine façon plus classique et moins originale.

La JB200 Poulpro est équipée d'un bracelet caoutchouc de type Tropic. Ce bracelet est un peu long et je l'ai remplacé par un bracelet parachute bleu pour le test que j'ai effectué avec le prototype pendant plusieurs semaines. De toutes les façons, la JB200, quelle que soit la version, se prête bien à l'exercice du changement de bracelet.

J'ai donc apprécié cette JB200 Poulpro grâce au sérieux de sa fabrication, dans la lignée de la réédition de la JB200 et à son évolution esthétique et mécanique. Elle complète bien la version précédente et je la considère comme une étape réussie dans l'objectif de développement de la marque.

La JB200 Poulpro sera disponible en précommande sur le site de Jacques Bianchi à compter du 7 septembre et pendant une période de 15 jours. Le prix de vente est de 775 euros TTC ce qui reste raisonnable compte tenu de la qualité de l'exécution.

Maintenant, je formule un voeu: que les tensions s'apaisent, que certains retrouvent leurs esprits afin que l'environnement redevienne serein. Je sais que beaucoup de personnes souhaitent cet apaisement car la réédition de la JB200 et le lancement de la marque furent une très belle histoire. Le nom de Jacques Bianchi y est pour beaucoup mais le travail fondamental de Fabrice Pougez et de Simo Tber a forgé la réussite de la campagne Kickstarter (qui n'est jamais acquis) et a permis la fabrication d'une montre qualitative répondant aux attentes des amateurs. Les réussites sont collectives dans le petit monde de l'horlogerie.