Avec la référence 5935A, Patek Philippe associe l'acier à son chronographe automatique flyback à Heure Universelle

Patek Philippe nous gratifie d'une belle surprise avec 8 nouveautés qui viennent d'être dévoilées en octobre. Et l'année n'est pas terminée ! Ce calendrier de présentations, réparties tout le long de l'année, rappelle que l'écrasante majorité des marques ne se concentre plus uniquement sur les salons majeurs mais veille dorénavant à assurer une présence médiatique quasi continue de janvier à décembre. Les montres les plus stratégiques ont même tendance à être présentées en dehors des salons comme pour éviter d'être noyées dans le flot des communiqués de presse. C'est le cas de Patek Philippe à ce propos puisque la montre qui succède à la Nautilus 5711A, la référence 5811G fait partie de cette offre automnale. Pourtant, malgré la sortie de cette icône parmi les icônes, la montre qui a le plus attiré mon attention est la référence 5935A chronographe automatique flyback à Heure Universelle.

Comme cette référence l'indique, elle est une évolution de la référence 5930 qui faisait déjà partie de mes Patek Philippe actuelles préférées car combinant deux complications que j'apprécie beaucoup: les Heures Universelles et le chronographe. La 5935A s'inscrit ainsi dans cette démarche avec 3 principales modifications.

La plus perceptible est l'agrandissement du boîtier. La référence 5935A possède un diamètre de 41mm soit 1,5mm de plus que la 5930. Cet agrandissement a du sens car du fait des complications présentes, le cadran de la 5930 a tendance à être très occupé. Le cadran de la 5935A conserve évidemment cette caractéristique mais la sensation est qu'il apparaît comme plus aéré, surtout au niveau de l'anneau des villes de référence des fuseaux horaires. L'autre vertu de ce changement est que la 5935A apparaît comme plus élancée puisque son épaisseur est identique à celle de la 5930 (voire même légèrement inférieure: 12,75mm vs 12,86mm). Cela se ressent lorsque la montre est mise au poignet.

La deuxième modification est d'une importance stratégique. Le boîtier est en acier. En dehors du fait que cela permet de proposer un prix plus attractif (63.400 euros, ce qui ne rendra pas le sujet de la disponibilité plus simple, bien au contraire), la 5935A s'inscrit dans la volonté de la manufacture genevoise de proposer plus de montres à caractère polyvalent, adaptées à nos styles de vie d'aujourd'hui et à réduire l'influence de la Nautilus et autre Aquanaut dans le catalogue. Il est intéressant de remarquer que cette 5935A, qui cumule deux complications utiles au sens de Patek Philippe profite d'un boîtier en acier alors que la pièce qui succède à la Nautilus 5711 (3 aiguilles donc) est elle proposée en or gris. Une sorte de monde à l'envers par rapport aux pratiques de la maison et qui démontre une grande intelligence dans le pilotage des collections. A noter que l'étanchéité demeure à 30m et il aurait été intéressant de pouvoir profiter de l'occasion pour l'augmenter un peu.

Nous retrouvons le traditionnel poussoir à 10 heures qui permet de changer la ville de référence des heures universelles:

La dernière modification d'importance concerne le style décoratif du cadran. Je retrouve le fameux motif "carbone" de la célèbre Calatrava 6007A et il me semble clairement associé aux boîtiers en acier tout en incarnant une approche esthétique plus contemporaine. L'autre particularité réside dans la couleur Opalin doré rose qui apporte beaucoup d'élégance à l'ensemble. J'ai en tout cas apprécié le contraste entre la teinte chaleureuse du cadran et le rendu neutre du boîtier. Point à souligner: le compteur des minutes a été retravaillé pour rendre les graduations plus lisibles. C'est une excellente idée puisque j'ai toujours trouvé ce compteur un peu trop petit sur le cadran de la 5930. Il reste d'une taille modeste mais il est incontestablement plus lisible.

L'architecture du mouvement 28-520 HU est ouverte ce qui le rend très agréable à observer:

Le mouvement qui anime la 5935A est le même que celui de la 5930 à savoir le calibre 28-520 HU. Il s'agit évidemment d'un membre de la famille des calibres chronographes automatiques 28-520 et qui tire sa spécificité du rajout de la complication des heures universelles. Toutefois, afin d'obtenir une intégration optimale et de positionner l'anneau périphérique des villes de référence, le compteur des heures a été supprimé. Je rappelle que dans sa configuration d'origine, il s'agit d'un mono-compteur, les aiguilles des compteurs des minutes et des heures étant coaxiales. Le compteur des minutes d'origine est de 60 minutes, il est de 30 minutes avec les 5930/5935 ce qui est logique pour des raisons évidentes de lecture. Sa réserve de marche est autour des 55 heures pour une fréquence de 4hz. La qualité d'exécution suit scrupuleusement les standards de la manufacture et même si personnellement je préfère les calibres chronographes manuels, le calibre 28-520 HU offre une architecture très ouverte  qui permet d'observer de nombreux détails. La masse oscillante est centrale ce qui change par rapport aux autres montres à heures universelles (les 5230/5231) qui sont animées par le calibre 240 à micro-rotor. Enfin, je précise que la 5935A n'a pas de trotteuse permanente mais pour ceux qui en ont besoin, il suffit alors de faire fonctionner le chronographe flyback.

J'ai donc beaucoup aimé la 5935A. L'acier lui convient parfaitement, surtout dans cet esprit de montre de voyage. L'approche stylistique plus actuelle rend, peut-être paradoxalement, la pièce très élégante et la souplesse du bracelet en veau monté sur une boucle déployante contribue au confort au porter. Je me réjouis en tout cas de voir plus de références profiter d'un boîtier en acier et la 5935A constitue un choix judicieux dans le cadre de cette orientation de Patek Philippe. Enfin, la combinaison des deux complications utiles renforce la qualité du contenu horloger. Je trouve dans ce contexte le prix pertinent. Mais nous savons tous qu'il y aura malheureusement très peu d'élus.

Les plus:

+ le choix de l'acier qui est approprié avec cette référence 

+ l'agrandissement du boîtier qui fluidifie les lignes et aère le cadran

+ la couleur du cadran

+ la combinaison de deux complications utiles

Les moins:

- le compteur des minutes, même s'il est plus lisible, reste petit

- l'étanchéité demeure à 30m