La stratégie de communication de la majorité des marques favorise dorénavant la présentation continue de nouveautés tout le long de l'année, l'objectif étant d'occuper de façon permanente l'espace médiatique. Les Geneva Watch Days constituent un de ces moments privilégiés pour dévoiler des nouvelles pièces mais il est loin d'être le seul. C'est la raison pour laquelle le nombre de nouveautés du plateau de l'édition 2022 des Geneva Watch Days fut limité. Je préfère d'ailleurs cette démarche car trop de nouveautés tuent les nouveautés (les clients ont tendance à se perdre) sans oublier le contexte qui touche l'ensemble de l'industrie: la difficulté à produire compte tenu de multiples goulots d'étranglement. Il est donc important de se concentrer à délivrer ce qui est déjà commandé afin de répondre aux attentes des clients et d'éviter de susciter trop de déception avec des délais considérables.
Le bilan du contenu de l'offre des Geneva Watch Days n'en demeure pas moins satisfaisant à défaut d'être spectaculaire. La période de rentrée est plus propice à la présentation de déclinaisons, d'ajustements que de véritables nouveaux modèles ou mouvements. Cependant, des pièces très intéressantes m'ont séduit sans oublier que j'ai pu également découvrir de nouveaux concepts. Il est à noter enfin que plusieurs marques ont présenté des modèles sous embargo. Dommage par exemple que Breitling, une des marques phare et contributrices des Geneva Watch Days n'ait dévoilé que des modèles qui ne pourront pas être montrés avant le mois d'octobre. Il aurait été pertinent, selon moi, de pouvoir en présenter un sans embargo afin de légitimer un peu plus les Geneva Watch Days. Rendons toutefois hommage à Breitling qui a su ouvrir en grand sa boutique et offrir un pop-up store à l'ambiance estivale pendant la manifestation. Cela a donné l'occasion de voir dans de bonnes conditions les nouveautés du 1er semestre.
Les nouveautés sur lesquelles je peux communiquer et qui m'ont le plus marqué sont les suivantes :
1) Ma montre préférée de l'édition 2022 des Geneva Watch Days fut incontestablement la Moser Streamliner Tourbillon Vantablack. Sa taille parfaite (même diamètre que la Centre Seconds), ses couleurs douces (j'avais peur du contraste trop marqué entre l'or et le cadran noir mais le résultat est très maîtrisé, presque apaisant), la magie du tourbillon mis en valeur par le cadran épuré, tous ces éléments font de cette montre une vraie réussite qui confirme la dynamique très positive autour de Moser.
2) J'ai également beaucoup aimé la DB25sQP de De Bethune. Sa taille plus contenue (mais de 40mm tout de même) et son approche esthétique à la fois classique et contemporaine m'ont beaucoup plu. La qualité de l'exécution et le charme de la lune tri-dimensionnelle font le reste: cette montre est tout simplement magnifique et c'est quelqu'un qui généralement n'aime pas trop les complications calendaires qui vous le dit.
3) Restons avec la lune tri-dimensionnelle ! Arnold & Son a dévoilé une très belle déclinaison de la Luna Magna en version sertie, l'Ultimate II. Ses atouts sont la qualité du sertissage qui n'est ni clinquant, ni agressif et les couleurs choisies avec soin. La montre est véritablement lumineuse et peut être portée indifféremment par une femme ou un homme à la recherche d'une montre précieuse. Et comme j'apprécie particulièrement les montres à phases de lune sans date, je ne pouvais qu'être séduit.
4) Hautlence repart sur des nouvelles bases et souhaite tirer profit du potentiel de son boîtier en forme d'écran de télévision tout en s'appuyant sur les capacités techniques de Moser. J'ai beaucoup aimé la Linear Series 1 du fait de la cohérence entre la complication d'affichage et le design. La Vagabonde Series 4 est en revanche moins convaincante selon moi.
5) Bulgari a de nouveau été très actif et ce dans les différentes collections de son catalogue. La montre que j'ai préférée est l'Octo Finissimo Squelette 8 jours. Je l'ai tout simplement trouvé belle et plus lisible que les Octo Finissimo Squelette que j'ai connues par le passé. Enfin, le rendu très technique se marie idéalement avec le boîtier Octo.
6) MB&F a présenté deux versions de son nouveau modèle, la LM SE (Split Escapement) EVO. A la base, je ne suis pas un fan absolu de la LM SE mais le traitement EVO lui convient très bien et ce grâce à une excellente idée: le fait de procéder à une légère rotation du mouvement afin de casser le rendu symétrique du cadran. Le résultat est plus dynamique et séduisant. Enfin, l'approche EVO de MB&F est une excellente idée qui fait mouche à chaque fois. Quel plaisir que de pouvoir porter de telles montres y compris dans des contextes plus décontractés et exigeants.
7) La GMT Balancier Convexe de Greubel Forsey symbolise parfaitement la nouvelle approche de la manufacture. Les montres sont plus épurées du point de vue esthétique et beaucoup plus polyvalentes et faciles à porter. Incontestablement, elles répondent mieux à l'attente des collectionneurs d'aujourd'hui qui recherchent des pièces, y compris très compliquées, pouvant les accompagner en toutes circonstances.
8) Frédérique Constant profite du succès de la collection Highlife mais souhaite redynamiser ses collections plus habillées afin que la croissance de son chiffre d'affaires soit harmonieusement répartie. Tel est l'objectif de la nouvelle Classics Heart Beat Manufacture. Le positionnement de l'ouverture à 6 heures, l'absence d'affichage de la date et la finition bien plus qualitative du cadran font changer cette référence de dimension. Les prix sont plus élevés mais logiques compte tenu de la qualité perçue et réelle.