Mon top 12 de l'édition 2022 de Watches & Wonders

Comme je l'ai exprimé dans mon article précédent sur l'édition 2022 de Watches & Wonders, le contenu proposé par les marques a été solide, pertinent et répond de façon intelligente aux aspirations de la clientèle. Moins de montres ultra compliquées et importables, plus de pièces aux tailles raisonnables, confortables, pratiques et polyvalentes. Si le nombre de "talking pieces" se réduit, je ne peux que me réjouir de cette tendance vers plus de réalisme quand je reprends ma casquette de client. C'est après tout ce qu'il y a de plus important. Un autre élément à considérer est que plusieurs marques ont présenté peu de nouveautés. C'est la conséquence de deux phénomènes: tout d'abord la volonté de conserver des munitions pour le reste de l'année et ensuite le souhait de ne pas apporter de la confusion aux clients. N'oublions jamais qu'après avoir présenté les nouveautés, il faut les produire et les mettre à disposition. J'ai ressenti chez certains la nécessité de marquer une sorte de pause ce qui n'est pas une critique, bien au contraire. Je pense notamment à Lange et IWC. 

Selon moi, il y a deux montres qui résument parfaitement les orientations majeures du salon.

La première montre est la nouvelle Rolex Air King référence 126900. En effet, les modifications apportées par rapport à la version précédente semblent mineures et la montre ressemble beaucoup à sa devancière. Mais voilà: Rolex a su améliorer les détails qui comptent et en tant que client, je ne peux qu'être séduit par cette dernière mouture. Elle est plus fine (les performances du mouvement ne nécessitent plus l'utilisation d'une cage anti-magnétique), plus élancée, le cadran est plus équilibré et les principaux chiffres deviennent luminescents. La référence 126900 coche toutes les cases et constitue l'aboutissement de Rolex concernant ce modèle. Une vraie réussite qui apporte la démonstration que ce n'est pas la peine d'être révolutionnaire pour séduire les clients et proposer un produit pleinement convaincant. 

La deuxième montre est l'Arceau Le Temps Voyageur d'Hermès. Hermès, soutenu par Jean-François Mojon du point de vue technique, a tout compris avec ce modèle. La complication est utile et ludique, la montre propose un voyage dans un pays imaginaire et son esthétique et son atmosphère sont cohérentes avec l'univers de la marque. Une pièce magistrale, peut-être la plus belle du salon (allez, je me lance) qui prouve que ce n'est pas la peine de développer une usine à gaz pour réinterpréter une complication connue (l'affichage simultané de l'heure locale et de l'heure de référence).

Ces deux montres que j'apprécie tout particulièrement font évidemment partie de ma sélection du salon. Elles sont accompagnées d'une dizaine de montres qui ont su attirer mon attention grâce à leur équilibre entre charme et contenu technique.

La présence de la Moser Pioneer Cylindrical Tourbillon Skeleton  dans cette sélection est selon moi une évidence. Non seulement la montre est belle, aérienne mais en plus elle met en valeur le tourbillon volant et son spiral cylindrique. Elle offre un magnifique spectacle et j'ai même trouvé son tarif (CHF 79.000) raisonnable compte tenu de ce contenu et de sa provenance directe d'une maison indépendante qui connaît actuellement un fort succès.

La montre Folle Journée de Trilobe a également marqué les esprits. Trilobe a défini avec son calibre X-Centric un mouvement capable de s'adapter à différents contextes esthétiques. Le rendu de la Folle Journée est plus technique et apporte une touche plus contemporaine. Trilobe gagne en maturité et devient un acteur qui compte dans l'univers de l'horlogerie indépendante et créative. J'ai en tout cas adoré cette montre car elle offre également une sensation de volume et de profondeur très prononcée tout en restant très portable.

Vacheron Constantin a peut-être été, si je mets Cartier à part, la marque la plus active de Richemont. Il serait facile de placer l'Historiques 222 parmi cette sélection mais j'ai du mal à considérer un clone d'un modèle du passé au même niveau qu'une nouvelle création. Et je dois avouer que l'Overseas Tourbillon Squelette m'a mis une sacré claque. La montre est belle tout simplement, mettant en valeur la magnifique cage du tourbillon tout en offrant un contexte polyvalent et raffiné. Une très belle réussite.

Van Cleef & Arpels a créé la sensation avec la montre la plus envoûtante du salon: la Lady Arpels Heures Florales. Fidèle aux principes des complications poétique, Van Cleef & Arpels propose un affichage des heures basé sur le nombre de fleurs ouvertes sur le cadran, les minutes étant indiquées sur la carrure. Ces fleurs s'ouvrent suivant une séquence qui donne l'impression que la sélection des fleurs concernées est aléatoire. Le résultat est magnifique et atteint son objectif: créer une relation différente avec le temps qui passe. On ne parle plus ici d'une montre mais d'une véritable oeuvre d'art où le sertissage et les pierres se mettent au service de l'ambiance onirique et poétique qui se dégage.

La référence 5326G de Patek Philippe permet de combiner deux complications utiles, parmi les favorites de la manufacture: le calendrier annuel et l'affichage du second fuseau. J'ai beaucoup aimé cette montre car elle dégage un style néo-rétro séduisant et parce que la combinaison des deux complications a été réalisée avec efficacité. La montre est très belle, à défaut d'être très originale et la finition du cadran fonctionne très bien dans ce contexte.

Chopard présentait un magnifique triptyque de montres à sonnerie pour célébrer le 25ième anniversaire de la collection LUC. Cependant, j'ai souhaité mettre en avant l'Alpine Eagle Flying Tourbillon car j'ai trouvé la montre très bien réalisée et parce que la complication s'intègre avec bonheur dans ce boîtier sport-chic. La montre reste fine, le diamètre est raisonnable (41mm) et je préfère que les montres à bracelet intégré restent dans des proportions contenues. C'est le cas ici et la magie du tourbillon volant (spécialité de la maison) finit par opérer.

Cartier a fait feu de tout bois pendant cette édition de Watches & Wonders. Difficile de sortir une montre du lot tellement la collection fut large, complète et aboutie. Je pense évidemment à la Masse Mystérieuse mais je dois avouer un grand faible pour la Tank Chinoise à mouvement squeletté. J'adore la forme du boîtier, la décoration du cadran ajouré, le design. Les versions à cadran plein sont aussi très séduisantes et particulièrement la version platine. Une montre d'une grande élégance quelle que soit sa version.

Jaeger-Lecoultre nous proposait un voyage dans le ciel et les étoiles pendant le salon. La pièce la plus importante du point de vue stratégique est sûrement la Polaris Quantième Perpétuel car je pense qu'elle apporte un vrai plus à la collection. Cependant ma préférée est la Rendez-Vous Star car grâce à un mécanisme astucieux, cette montre offre l'animation d'une étoile filante qui semble se déclencher de façon aléatoire. Le principe est finalement simple, les mouvements du poignet permettent de recharger le mécanisme spécifique qui, une fois complètement remonté, lance l'animation. C'est charmant, c'est ludique et c'est une très belle réussite. J'espère retrouver un concept analogue dans une montre masculine.

La Grand Seiko Kodo Constant-Force Tourbillon est une montre très importante pour la marque japonaise. Elle apporte la preuve des capacités techniques de la manufacture tout en explorant une approche esthétique plus démonstrative et moins clinique. Le résultat est magnifique car l'animation proposée est unique, le mécanisme à force constante se trouvant sur le même axe que le tourbillon. Même si elle est limitée à 20 pièces, j'ai la conviction que son influence se ressentira sur l'ensemble de la collection. En tout cas, Grand Seiko avait besoin d'une telle pièce pour assoir sa notoriété.

Une autre belle surprise du salon est en provenance d'une manufacture qui semble trouver le chemin du succès: Parmigiani Fleurier. Une chose est sûre: la collection Tonda PF fait beaucoup de bien à la marque qui parvient à surfer avec bonheur sur la vague des montres à bracelet intégré. Je pourrais évoquer l'astucieuse Tonda PF GMT Rattrapante et son approche minimaliste mais j'ai été plus sensible au formidable travail réalisé sur la Tonda PF Skeleton. La finition du mouvement est magnifique et l'approche squelettée se marie très bien avec le boîtier Tonda PF. Une montre assurément très belle, que ce soit en or rose ou en acier/platine.

Cette sélection des douze montres que j'ai préférées au cours de l'édition 2022 de Watches & Wonders est forcément subjective et d'autres montres auraient mérité d'en faire partie. Mais il fallait faire un choix et restreindre au maximum. Cette sélection fut très compliquée à faire, ce qui est la preuve d'un contenu général de qualité et homogène. Mais au final, c'est le coeur qui a parlé et c'est ce qui compte le plus. Certains pourront être surpris par l'absence de quelques marques dans cette sélection. Mais comme indiqué précédemment, tout ceci s'est joué à très peu de détails. C'est la règle de l'exercice qui est toujours injuste car avant tout basé sur des critères personnels.