Le grand retour de la Casquette de Girard-Perregaux

C'était un secret de polichinelle depuis la dernière édition d'Only Watch: il n'y avait plus aucun doute sur le fait que Girard-Perregaux allait rééditer la fameuse montre casquette à affichage LED qui fut produite à 8.200 exemplaires entre 1976 et 1978. A vrai dire, cette montre arrive à point nommé quelques semaines après que  Girard-Perregaux et Ulysse Nardin ont retrouvé leur indépendance suite à leur cession par Kering via un mécanisme de MBO. Ces deux marques et tout particulièrement Girard-Perregaux ont besoin de talking pieces pour insuffler une nouvelle dynamique accompagnant les changements intervenus dans la structure capitalistique. La nouvelle version de la Casquette est parfaite pour remplir cette mission.


La Casquette 2.0 n'est pas une montre facile à adopter et c'est ce qui la rend si différente et si particulière. Pour être franc, c'est une montre à contraintes si on vient du petit monde des montres mécaniques simples et sans histoire. Tout d'abord, son design est disruptif même s'il fut créé il y a plus de 45 ans. Imaginez une sorte de communicateur de Star Trek au poignet. La référence à Star Trek m'apparaît presque comme une évidence. La Casquette d'origine peut être considérée comme l'expression d'une vision futuriste émanant des années 70. Inutile de préciser qu'un tel objet de nos jours suscitera beaucoup de commentaires et de questions et notamment celles qui consistent à demander à quoi il sert et s'il donne l'heure. Car, et j'en arrive à la deuxième caractéristique d'importance, la Casquette 2.0 n'affiche pas l'heure en permanence mais à la demande, c'est-à-dire lorsque nous appuyons sur un des deux poussoirs latéraux. Mais attention, dans le cas où nous sollicitons la Casquette 2.0, il faut être en capacité de capter l'information en un éclair: l'heure s'affiche grâce aux LED et disparaît très vite afin de préserver le plus longtemps possible la durée de vie de la pile. Bref, la Casquette 2.0 a besoin d'être apprivoisée afin d'en profiter pleinement. 


Je trouve en tout cas que cette réédition a été très bien pensée. Produite à 820 exemplaires, elle m'apparaît comme plus convaincante que la montre créée pour Only Watch. Pour une raison très simple: l'utilisation de la céramique noire pour le boîtier et le bracelet. L'utilisation de la céramique prend tout son sens dans le contexte d'un boîtier aux grandes surfaces lisses. Ainsi, la montre est protégée contre les rayures ce qui est essentiel car son esthétique et l'atmosphère qu'elle dégage sont ses principaux atouts. La continuité esthétique entre le boîtier et le bracelet est également renforcée ce qui rend l'ensemble cohérent. L'autre atout de la céramique est de rendre la montre plus légère. Elle ne pèse que 107 grammes ce qui est peu compte tenu de son gabarit. La Casquette 2.0 demeure en effet une pièce relativement volumineuse avec un boîtier rectangulaire de 42,4mm x 33,6mm et une épaisseur de 14,64mm. Cependant, cette taille ne se ressent pas forcément au poignet. La fluidité des lignes, l'esthétique singulière, la continuité entre le boîtier et le bracelet ainsi que la couleur sombre dominante réduisent la taille perçue et je n'ai pas eu le sentiment de porter une montre imposante. La céramique n'est pas le seul matériau car le titane est utilisé au niveau des poussoirs, du fond du boîtier et de la boucle déployante. Un autre matériau, moins visible, joue un rôle majeur. Le caoutchouc, positionné sur la surface interne du bracelet, apporte souplesse et confort. J'ai particulièrement apprécié l'exécution du bracelet et la montre se porte avec confort pour cette raison.


Montre casquette oblige, le cadran est positionné à l'avant, légèrement en retrait dans le boîtier et de façon verticale. Il est constitué par un affichage LED tubulaire qui varie en fonction des fonctions qui sont sollicitées. Comme précisé précédemment, Girard-Perregaux a travaillé à l'amélioration de l'autonomie de la pile. Le résultat sur ce point est satisfaisant puisque si les poussoirs sont pressés 20 fois par jour, la durée de vie de la pile est alors estimée à 2 ans. En revanche, peut-être par volonté de trop bien faire, l'intensité de l'affichage a été diminuée par rapport à celle de la montre d'origine ce qui est dommage. De fait, l'heure est très difficile à lire dans les endroits lumineux. Privilégiez les sorties en soirée pour profiter de la Casquette 2.0!

La Casquette 2.0 procure la sensation de pouvoir nous téléporter en appuyant sur un des poussoirs:


Girard-Perregaux a développé pour l'occasion des fonctions supplémentaires implémentées dans le calibre à quartz GP3980-1474. Ainsi, en sus de l'affichage des heures, minutes, secondes, jours et quantièmes déjà présent avec la Casquette de première génération, la Casquette 2.0 propose aussi d'indiquer le mois, l'année, un deuxième fuseau horaire. Elle intègre dorénavant un chronographe ainsi que la mémorisation d'une date secrète. Bref, Girard-Perregaux donne plus d'opportunités de jouer avec les poussoirs alors que justement le principe d'une telle montre à affichage LED est de les solliciter le moins possible. J'aurais personnellement préféré moins de fonctions et un affichage plus intense mais je salue la volonté de la marque de ne pas proposer un clone du modèle du passé.

La Casquette 2.0 est avant tout un accessoire stylistique:


La meilleure façon d'aborder cette Casquette 2.0 est de la considérer plus comme un accessoire esthétique original et intriguant que comme un instrument de mesure. De toutes les façons, à partir du moment où il faut effectuer une action précise pour que l'heure s'affiche, la dimension pratique tombe instantanément. Et si l'affichage s'allumait en fonction du poignet, la pile serait très vite épuisée. Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé que l'habillage était particulièrement bien fait avec une belle finition du boîtier et du bracelet. Rarement de la céramique s'est trouvée aussi bien utilisée et elle apparaît presque comme le matériau logique et indispensable dans ce contexte. Selon moi, la Casquette 2.0 s'adresse avant tout à une clientèle de collectionneurs à la recherche de la réinterprétation d'une montre historique. Je vois en effet plus difficilement des amateurs désirant acquérir une montre facile à vivre se positionner dessus.


Les premiers exemplaires de la Casquette 2.0 furent vendus exclusivement lors des premiers jours de commercialisation via le site de Girard-Perregaux. Ce batch fut très rapidement sold-out. Elle sera par la suite disponible à compter du 7 mars auprès de détaillants sélectionnés comme Chronopassion à Paris. Mais si vous êtes intéressés, faites vite et manifestez-vous d'ores et déjà car la montre rencontre un très grand succès. Son prix de vente (4.700 euros) peut sembler élevé pour une montre à LED. Cependant, le contexte autour de cette montre, sa provenance d'une marque qui pratique des prix généralement bien plus élevés et son esthétique déconcertante  lui confèrent un pouvoir d'attraction certain. En tout cas, cette montre est une excellente nouvelle pour Girard-Perregaux: la marque se retrouve sous les feux des projecteurs et la Casquette 2.0 lui donne une dimension audacieuse et innovante. Rien que pour cela, la réédition de cette pièce historique est une excellente nouvelle. C'est une sorte de paradoxe que ce soit la montre à quartz qui donne cette impulsion à une manufacture possédant un très large éventail de complications mécaniques. Mais dans l'environnement actuel, tout gain de visibilité est bon à prendre.

La présentation est simple et adaptée:


Les plus:

+ un design intriguant et audacieux

+ la qualité de l'habillage

+ la finition et le confort du bracelet

+ la durée de vie correcte de la pile

Les moins:

+ l'affichage des LED n'est pas assez intense

+ la durée de l'affichage lorsque le poussoir est activé