Très bonne année 2022 !

Vous avez dû le constater, j'ai malheureusement dû ralentir ces dernières semaines le rythme de mes publications. Ce n'est ni par manque d'envie ni à cause d'une actualité horlogère qui se serait assoupie, bien au contraire. C'est tout simplement le manque de temps qui m'a obligé à freiner mon activité de rédaction d'articles. Je veille cependant à être toujours présent quotidiennement via mon compte Instagram (@equationdutemps) et j'espère que je serai en mesure de retrouver rapidement ma cadence habituelle. L'écriture est ce que je préfère et de loin. J'ai toujours trouvé cette occupation bien plus valorisante que celle qui consiste à poster une photo. Manquer de temps, c'est un peu paradoxal et ironique pour un blog horloger mais c'est aussi une réalité quand la tenue d'un tel blog se fait sur le temps libre car, comme vous le savez, l'horlogerie n'est pas mon métier mais une passion. 

Quoi qu'il en soit, l'année qui débute s'annonce une fois de plus exaltante et périlleuse pour l'industrie horlogère. Les contextes macro-économiques et sanitaires incertains, l'absence de visibilité sur la tenue des salons, tous ces éléments ont conduit les marques à se réinventer et à progresser significativement sur les thèmes liés aux relations avec les clients finaux. Je pense évidemment à la communication et à la distribution qui ont considérablement évolué ses derniers mois. La façon de présenter les nouveautés n'est pas épargnée et l'environnement récent n'a fait qu'accélérer un phénomène déjà existant: les nouveautés sont égrainées tout le long de l'année et les délais entre leurs présentations et leurs présences en boutique se sont considérablement réduits.  De nos jours, les clients finaux découvrent presque en même temps que les professionnels ces nouveautés. C'est pour moi une véritable amélioration, les 6 à 10 mois d'écart qui existaient auparavant entre les articles et les arrivées en boutique constituaient un frein pour l'activité commerciale.  Malgré un optimisme de rigueur qui est raisonnablement fondé du fait de la reprise et de l'accélération  de l'activité lors du second semestre, la situation demeure très fragile et surtout peu homogène. Des marques se portent très bien et d'autres souffrent beaucoup. Surtout, on voit clairement 3 secteurs aux comportements très distincts. Le secteur de la montre d'occasion est en pleine croissance, tiré par les marques phare. Celui de la montre de la collection bat records sur records et devient le symbole de tous les excès, voire de l'irrationalité de certains acteurs économiques. Reste celui du marché du neuf aux résultats contrastés. Le problème est que c'est celui-ci qui est de façon quasi exclusive contributif aux résultats des marques même si ces dernières s'intéressent de plus en plus à celui de la montre d'occasion et interviennent lors des ventes aux enchères pour préserver leurs valeurs et leurs images. 

En tout cas, la logique financière n'a jamais été aussi présente. Le marché s'ouvre à de nouveaux clients (qui par exemple viennent du marché de l'art) qui ont beaucoup de moyens et qui voient en l'horlogerie une façon de diversifier leurs investissements. Ils sont nombreux et ont beaucoup de liquidités. Le niveau bas des taux d'intérêt ne fait qu'accentuer le phénomène et les acheteurs & collectionneurs traditionnels, notamment Européens, sont maintenant désabusés car ne pouvant constater que leur incapacité à suivre les tendances. Il y a un signe qui ne trompe pas. Des comptes Instagram d'influenceurs comme Watchanish ou  Horoloupe communiquent presque autant sur les NFT que sur les montres. Tout se mélange et la montre devient de plus en plus un support d'investissement, un actif financier comme un autre. 

Je regrette cette situation mais mon rejet du phénomène ne traduit-il pas mon incompréhension et le constat d'être complètement largué sur ces thématiques ? Peut-être que je suis trop rationnel ou trop attaché aux dimensions tangibles pour appréhender ces notions plus virtuelles... qui finissent pourtant par déboucher sur de la monnaie sonnante et trébuchante. Alors, même si je suis "has been", je serai attaché à continuer à écrire sur les fondamentaux de ce qu'est une montre: avant d'être un objet spéculatif, c'est un instrument de mesure suscitant de nombreuses émotions et qui est la résultante d'une démarche esthétique et d'un savoir-faire industriel ou artisanal.

S'il fallait prendre une seule résolution pour 2022, ce serait de contribuer à réinjecter un peu de passion dans le domaine de l'horlogerie. Nous sommes heureusement nombreux à vouloir le faire mais nous ne serons pas de trop car les tendances récentes sont lourdes et ne risquent pas de s'atténuer. J'ai presque envie d'avouer que je suis fier de mener ce combat d'arrière-garde!

Dans l'immédiat, je vous adresse ainsi qu'à vos proches tous mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année, que 2022 vous apporte santé, bonheur, succès... et tant qu'à faire, de jolies montres qui vous apporteront beaucoup de plaisir lorsqu'elles orneront vos poignets.

François-Xavier