Retour sur l'événement organisé par Bucherer à Paris dans le cadre de la Journée Européenne du Patrimoine
Je souhaitais revenir sur l'événement organisé par la boutique Bucherer de Paris le 18 septembre dernier dans le cadre de la Journée Européenne du Patrimoine. En effet, la tenue d'une telle manifestation me semble intéressante et pertinente. Intéressante car elle permet de rencontrer des professionnels des manufactures par forcément mis sur le devant de la scène par les marques (ce qui est fort dommage). Je parle des artisans des métiers d'art, des horlogers, bref de toutes les personnes qui "produisent" et qui au final sont rarement accessibles au public en dehors de certains contextes particuliers. Ainsi, la boutique Bucherer pouvait compter sur la présence de deux horlogers de Zenith et de Jaeger-Lecoultre et de Rachel Monard-Jacot de R&S Cadrans d'Art qui crée des cadrans artistiques de façon quasi-exclusive à l'attention d'Ulysse-Nardin. L'intérêt de l'événement était de créer de l'interactivité et les participants purent ainsi tester leur dextérité en matière de peinture sur cadran à l'aide d'un pinceau microscopique ou leur patience dans la manipulation de composants d'un mouvement horloger.
Le plus important est la transmission de la passion:
Au-delà du plaisir éprouvé lors de ces rencontres, l'événement m'est apparu comme pertinent car répondant à un enjeu important pour l'industrie horlogère: celui du renouvellement de la clientèle. Les nombreuses personnes qui se sont inscrites sur le site de Bucherer n'étaient pas des visiteurs habituels de la boutique. Ils ont profité de cette opportunité pour rentrer pour la première fois dans la boutique (n'oublions pas que certains éprouvent de la gêne, de la timidité à pénétrer de tels lieux qui peuvent être perçus comme impressionnants ou statutaires) et pour découvrir l'univers de la montre mécanique. Cela n'en fait évidemment pas des clients potentiels mais leur présence, les échanges qui ont eu lieu avec les acteurs de l'industrie ou le fait d'assister aux conférences ont contribué à la promotion, à la diffusion de la magie de la montre mécanique au sein de la population. Et qui sait? Peut-être que des passions sont nées ce jour-là et qu'au fil du temps, elles se transformeront en de futures acquisitions.
Une des stars de la journée, le calibre El Primero 3600:
Ce sujet du renouvellement de la clientèle n'est pas anodin. On se rend facilement compte durant l'été que beaucoup de personnes, et notamment les jeunes, ne portent plus de montres. Des accessoires les remplacent et d'ailleurs les montres connectées ne sont pas très présentes non plus au poignet des jeunes générations. La montre connectée intéresse des personnes qui possèdent déjà des montres et qui la portent pour des raisons précises, notamment pour suivre des paramètres liées à la santé. Si l'industrie horlogère dans son ensemble ne parvient pas à trouver des thèmes de communication qui font mouche auprès des jeunes, le risque d'ici quelques années sera de constater un vieillissement significatif de sa clientèle. Pourtant la montre mécanique a de sérieux atouts à faire valoir notamment sur le thème écologique. Elle est par essence bien plus vertueuse qu'une montre à quartz ou connectée: elle n'a pas de pile, bien entretenue, elle peut durer des décennies et elle ne craint pas l'obsolescence... bref ce n'est pas utile de faire du green-washing quand les principaux arguments sont déjà là. De plus, le thème de la déconnexion progresse et de plus en plus de personnes apprécient de porter un objet sans lien avec le téléphone ce qui au bout du compte peut réduire le stress.
La maîtrise et le talent des artisans:
Un tel résultat n'est pas à la portée de tous!
Quoi qu'il en soit, même si la contribution est modeste considérant la portée de ces sujets d'une importance stratégique, l'événement organisé par Bucherer est l'exemple type de ce que l'industrie doit se forcer à faire: communiquer de façon plus large sur les métiers, les mécanismes, les complications, en d'autres termes revenir à plus de contenu horloger avec une vertu pédagogique. Cette journée a fait beaucoup de bien à tous les participants car c'était très agréable de se remettre à parler de passion et d'oublier pendant quelques heures les sujets de cote, d'investissement et de disponibilité des pièces. Une sorte de parenthèse enchantée que l'on aimerait vivre plus souvent.
Les conférences furent suivies avec intérêt:
