Les Geneva Watch Days s'installent dans le paysage

L'édition 2021 fut celle de la confirmation. Après une édition 2020 qui avait surtout célébré la joie des retrouvailles dans une improbable fenêtre de tir (les pronostics sur les dates du confinement à venir allaient bon train...), les Geneva Watch Days de cette année s'achèvent sur une note résolument plus optimiste. Au-delà de la situation sanitaire qui ne s'aborde plus de la même façon du fait de la vaccination, l'événement a prouvé que de nombreuses marques considéraient l'avenir avec plus de sérénité. En tout cas, ce rendez-vous de rentrée prend de l'ampleur et devient même incontournable pour toute marque souhaitant communiquer non seulement sur ses toutes dernières nouveautés mais également sur celles égrainées lors des mois précédents. Le plateau s'est enrichi autour des deux principaux leaders de l'événement (Bulgari et Breitling) et l'hôtel Beau-Rivage est devenu pendant une semaine le centre névralgique de pratiquement tout ce qui se fait de mieux au niveau de l'horlogerie indépendante. Plus de marques présentes mais aussi plus de visiteurs avec un profil différent. L'année dernière l'essentiel des participants était constitué des journalistes/blogueurs suisses et français. Cette année, il y avait incontestablement plus de détaillants, plus de collectionneurs avec un spectre des pays représentés bien plus large, dépassant clairement celui de la vieille Europe.

La météo fort agréable a contribué au succès de l'événement:


Ce qui est surtout important à souligner est que les Geneva Watch Days esquissent bien plus le format des futures rencontres horlogères. En fait, l'événement les définit. Organisés autour de plusieurs lieux (hôtels, boutiques ou bureaux) peu éloignés les uns des autres, les Geneva Watch Days permettent aux visiteurs de facilement passer d'une marque à l'autre sans se retrouver dans des lieux bondés. La taille plus humaine, plus décontractée, plus chaleureuse est appréciée de tous... sans oublier un point fondamental: la location d'une salle dans un hôtel pendant une semaine coûte beaucoup moins cher que l'organisation d'un stand au SIHH ou à Bâle dans les formats antérieurs de ces salons. Les Geneva Watch Days répondent donc aux souhaits d'évolution des marques et des visiteurs. D'ailleurs parmi ces souhaits se trouve celui des représentants des médias de ne pas se retrouver "coincés" dans des présentations interminables. Les marques doivent méditer sur ce point, ce genre d'événements est maintenant connoté "monde d'avant".

Les Geneva Watch Days se veulent aussi un lieu, une plate-forme d'échanges grâce aux nombreux événements sociaux qui gravitent autour: cocktails dans la tente principale, dîners organisés par les marques ou conférences sur des thèmes précis. C'est sûrement là que réside la plus belle réussite des Geneva Watch Days: les acteurs de l'industrie communiquent entre eux et sans ces discussions informelles, c'est tout un pan des relais de l'information qui s'arrête. Tous les participants étaient en tout cas ravis de pouvoir de nouveau échanger, discuter, partager afin d'aborder la fin de l'année avec toutes les cartes en main. Je suis en revanche moins convaincu par le concept de salon "phygital". Dans une industrie "produits" telle que l'est l'horlogerie, rien ne remplace le fait de toucher, manipuler une montre. Et parlons-nous franchement: tout le monde en a plus qu'assez des conférences Zoom qui ne remplaceront jamais une réelle présentation produits surtout que cet exercice n'est vraiment pas bien maîtrisé par les marques horlogères... n'est pas Apple qui veut! Et ne parlons-pas non plus des films qui semblent plus dédiés aux CEO qu'aux montres... Bref, le retour au physique fait du bien à tout le monde, aux visiteurs et aux marques qui retrouvent ainsi un domaine de compétence. Les conférences Zoom doivent dans ce contexte être utilisées qu'en cas de solution de secours.

L'hôtel Beau-Rivage était le centre névralgique des Geneva Watch Days:

J'ai en tout cas grandement apprécié les Geneva Watch Days de cette année. J'avais déjà pris beaucoup de plaisir à participer à ceux de l'année dernière mais la réussite de l'édition 2021 ne laisse plus de place au doute: l'événement est bel et bien lancé et gagne en impact. Sa structure "légère" et inclusive (la cohabitation avec le pop-up de Baselworld s'est très bien passé a priori ce qui est positif pour l'industrie) fonctionne parfaitement, l'intégration d'un acteur majeur du monde de la collection comme Phillips est pertinente et le timing semble aussi idéal, comme une sorte d'atterrissage dynamique après les vacances mais sans la pression trop forte de la fin d'année. Mon sentiment est que l'industrie en Europe avait vraiment besoin d'un tel format. Nous voyons bien que le futur se dessine autour de la tenue d'événements continentaux voire locaux (Couture, Geneva Watch Days, Dubai Watch Week), mieux maîtrisés, plus proches des clients finaux au détriment des Salons Mondiaux qui donnent vraiment l'impression d'avoir vécu tant dans leurs formes que dans l'image qu'ils dégagent.

Je consacrerai un prochain article aux montres qui m'ont le plus marqué pendant les Geneva Watch Days.