Rolex: Submariner 124060

Tout a été dit ou presque sur la Rolex Submariner 124060, la dernière version de la plus célèbre des plongeuses qui fut dévoilée en septembre dernier. Alors, plutôt que de rentrer dans une présentation classique, je vous propose d'expliquer les raisons qui ont motivé l'acquisition de cette montre. 

Cela faisait un certain temps que j'avais envie d'acheter une Submariner. Même si je n'aime pas le concept d'une collection basée sur les montres "iconiques" car manquant souvent de personnalité et d'originalité, la Submariner m'avait toujours attiré par son apparente simplicité, son efficacité et parce qu'elle a toujours été, dans toutes ses déclinaisons et ses générations la référence de la montre de plongée. La référence c'est tout simplement la montre qui sert de repère et de point de comparaison à toutes les autres du même segment. Selon moi, ce statut est incontestable car j'ai beau regarder la concurrence, je trouve que la Submariner a toujours le petit plus. On pourrait tout simplement dire que ce petit plus est le mythe Rolex, l'image de marque, son histoire... C'est vrai et cela compte beaucoup. Mais la Submariner reste aussi la meilleure de sa catégorie tout simplement. Qu'est-ce que cela veut dire ? Après tout, des montres proposent les mêmes performances à un prix inférieur. Ou d'autres offrent une étanchéité supérieure, une luminescence plus intense etc... Cependant, la Submariner se distingue constamment par sa polyvalence: c'est une des rares montres à la base dédiées à la plongée qui peut être portée en toute circonstance y compris avec une tenue formelle (surtout lorsqu'on considère l'étanchéité actuelle de 300 mètres). La Submariner a toujours été une réussite stylistique et je trouve qu'on n'insiste pas assez sur ce point.


La sortie de la référence 114060 qui introduisait la lunette céramique m'avait déjà interpelé. Les circonstances ont fait que pendant plusieurs années je n'ai pas franchi le pas. Elle fut remplacée il y a quelques mois par la 124060 dans le contexte du renouvellement de la gamme Submariner par Rolex. Tout d'abord, vous noterez que je n'évoque que ces références de la version de base sans date. Car je n'avais aucun doute sur le modèle que je souhaitais acheter: ma nette préférence, quelle que soit la génération, va vers la Submariner "tout court", c'est à dire la version "no date" (une terminologie qui n'est d'ailleurs pas employée). L'absence de date permet d'obtenir un cadran parfaitement équilibrée, un verre lisse et surtout j'ai le sentiment d'appréhender une montre qui va à l'essentiel. Enfin, je n'oublie pas le côté pratique: en l'absence de date, cela fait une chose en moins à régler lorsqu'on reprend la montre après avoir passé plusieurs jours sans la porter.


La référence 124060 fut pour moi comme une révélation: elle m'apparut très vite comme celle qui me plaisait le plus parmi les modèles récents. C'est tout le savoir-faire de Rolex. Prises séparément, on note très peu de différences entre la 114060 et la 124060. Mises cote à cote, les subtiles évolutions esthétiques apparaissent presque comme des évidences... Le principal changement perceptible est la modification de proportion entre les cornes et le bracelet. Les cornes sont affinées, le bracelet est élargi. Cette modification contribue fortement à rendre l'esthétique globale plus élancée, plus fluide. On a beaucoup évoqué le changement de diamètre entre les deux générations. Mais ce changement est bien moins ostensible. Tout d'abord, l'écart entre le diamètre de la 114060 et celui de la 124060 est plus proche du demi-millimètre que du millimètre annoncé (41mm vs 40mm) et surtout Rolex a travaillé sur la lunette pour a priori rendre l'ouverture du cadran très proche. Le résultat est là: non seulement la 124060 ne semble pas plus grande que sa devancière mais en plus elle m'est apparue comme plus raffinée et élégante.


Un autre point qui est moins évoqué est la présence dorénavant d'un revêtement anti-reflet sur la surface interne du verre. La volonté de Rolex est bien entendu d'améliorer la lisibilité en toute circonstance. De mon côté, j'y vois un atout esthétique supplémentaire. Selon les conditions de lumière, le cadran peut prendre une teinte plus grise que noire ce qui se marie idéalement avec les reflets de la lunette en céramique. Je dois dire que j'aime cette transition vers le gris qui peut s'opérer et qui donne beaucoup de charme à la montre.

Comme souvent avec Rolex, le principal changement ne se voit pas mais il est crucial. Comme l'atteste la petite couronne située entre les mots "Swiss Made" à la base du cadran, la Submariner 124060 est animée par un mouvement de nouvelle génération, le calibre 3230. Ce mouvement est évidemment une déclinaison du calibre 3235 avec date présentée en 2015. Son principal intérêt par rapport au calibre 3130 utilisé par la 114060 est sa réserve de marche de 70 heures (pour une fréquence de 4hz) obtenue grâce à une optimisation de la consommation d'énergie grâce à l'échappement Chronergy et à un barillet à rendement supérieur. Cette augmentation de la réserve de marche est pour moi un vrai plus car je ne porte pas mes montres de façon continue. Pour le reste, les principales caractéristiques techniques étaient déjà présentes dans le calibre antérieur comme le spiral Parachrom bleu paramagnétique et les amortisseurs de chocs haute performance Paraflex. Sans surprise, la montre est certifiée Chronomètre Superlatif avec une plage de précision de -2/+2 secondes  et testée une fois assemblée. 

Enfin, comment ne pas évoquer le plaisir que procure la Submariner 124060 une fois mise au poignet ? Et c'est le plus important! Elle est pratique, confortable grâce à son bracelet Oyster et à son fermoir Oysterlock. Son poids est idéal: il se ressent mais comme la montre est très bien positionnée sur le poignet, elle est fermement maintenue. Au final, la sensation est très agréable.

L'ultime raison que je souhaite donner est peut-être la plus importante. Au-delà de tous ces critères esthétiques, techniques, de confort, en achetant une Rolex, on achète l'élément le plus important dans une transaction: la confiance. Et c'est ce qui fait le succès de Rolex. Comment se matérialise cette confiance ? A plusieurs niveaux. D'abord, j'ai confiance dans la qualité des mouvements, dans leur fiabilité, leur précision et dans la capacité de la marque d'intervenir dessus même dans de nombreuses années. Ensuite, je n'ai aucun doute sur la pérennité de l'entreprise et j'ai la certitude que la marque sera toujours là, telle qu'elle est aujourd'hui, en cas de problème. Je sais aussi que lorsque Rolex sortira l'évolution de la 124060, cette dernière restera toujours une montre désirable comme l'est la 114060 aujourd'hui. On reproche beaucoup à Rolex d'être constant dans ses designs. C'est un faux débat car au final cette pérennité esthétique est recherchée par les acheteurs. C'est ce qui donne aussi cette dimension intemporelle et qui permet à la Submariner de traverser les décennies sans prendre de ride. Existe-t-il une montre Submariner démodée ? Il n'y en a pas. Enfin, et c'est une composante déterminante de nos jours, les Rolex professionnelles en acier et notamment ce modèle assurent a minima un maintien de la cote (et bien plus que cela nous le savons tous) et une revente aisée. Une montre Rolex de ce type est un actif que je qualifie de "liquide": les acheteurs et les transactions sont nombreux et céder une telle montre n'est pas un casse-tête. Je tiens à préciser que ma volonté n'est absolument pas de revendre cette montre et j'espère la garder toute ma vie. Mais inconsciemment elle donne une sensation de sécurité financière qui n'est pas négligeable.


La Rolex Submariner est-elle donc une montre parfaite ? Je ne suis pas loin de le penser car les deux principaux reproches qui peuvent être formulés sont des facteurs exogènes. Le premier est la difficulté d'obtention du modèle désiré. Je comprends tout à fait la frustration de nombreux amateurs qui souhaiteraient acquérir la Submariner avec comme seul objectif de pouvoir porter cette pièce iconique et se faire plaisir. Cette constatation de l'écart entre l'offre et la demande pourrait être supportable si les marchands de seconde main n'étaient pas alimentés de façon très régulière en montres neuves. Et c'est tout particulièrement cette sensation de passer après les petits malins qui veulent se faire un billet qui fruste le client sincère. Je dois avouer que je ne vois pas de solution à cette situation et surtout il est important de rappeler que la marque n'est pas à blâmer: Rolex produit beaucoup et c'est avant tout la qualité des produits, le pilotage du catalogue et la gestion de l'image de marque qui ont généré l'explosion de la demande. Dire que Rolex doit alors produire plus n'est pas une remarque sérieuse. Et produire plus, cela veut dire quoi ? Deux fois plus ? Dix fois plus ? L'autre reproche est la conséquence de la dimension financière. Il devient tout simplement de plus en plus difficile de porter une Rolex de façon visible. C'est presque un problème d'intégrité physique dans certaines zones. Et l'extrême prudence qui est de mise finit par gâcher un peu le plaisir.


Mais oublions ces considérations et revenons aux émotions simples que procure une montre comme la Submariner. En tant qu'amateur d'horlogerie, j'aime autant une montre faite en quelques exemplaires par un horloger indépendant de talent qu'une montre célèbre réalisée par le leader de l'industrie. Deux conceptions de l'horlogerie, deux façons de faire mais dans chaque cas le souci de produire le meilleur produit répondant totalement aux attentes des clients. Ce que réalise Rolex en produisant un volume conséquent de montres avec une qualité irréprochable et homogène est loin d'être simple. C'est une réussite en matière de conception, d'organisation, de gestion. Et en tant que client, je ne peux qu'apprécier le résultat. La Submariner m'apporte ainsi de très nombreuses satisfactions et au final toutes ces considérations industrielles et de process s'estompent face au design classique, efficace et séduisant de cette montre polyvalente et intemporelle.