Jacques Bianchi: JB200

Ça y est, le grand jour approche! La campagne Kickstarter dédiée à la réédition de la JB 200 de Jacques Bianchi démarre le 15 juin et j'ai la conviction qu'elle va être couronnée de succès. J'ai en effet l'impression d'assister à un véritable alignement de planètes. La montre possède de nombreux atouts qui vont bien au-delà de la pure qualité du produit. Cette qualité est indéniable et j'ai pu le vérifier grâce au test du prototype que j'ai la chance de tester depuis plusieurs jours. Mais il y a surtout le contexte autour de la montre qui rend la démarche de cette réédition encore plus sympathique et légitime.


La JB 200 d'origine n'est pas une montre comme une autre: il s'agit  d'une des rares montres de plongée ayant été officiellement en dotation dans la Marine Nationale dans les années 80. L'idée de rééditer ce modèle historique germa dans l'esprit de Jacques Bianchi le printemps dernier. A plus de 80 ans, Jacques Bianchi fait partie des personnages qui ont contribué à forger le patrimoine artisanal marseillais. Et inutile de préciser qu'il a conservé toute l'énergie et le dynamisme de ses plus beaux jours. Se lancer dans le projet d'une réédition n'est jamais simple surtout lorsque ce projet s'inscrit dans une démarche plus ambitieuse, celle qui consiste à relancer une marque afin de ne pas se cantonner à un exercice de style sans lendemain. La réussite d'une telle entreprise réside avant tout dans la capacité à réunir une équipe de talent et c'est ce qu'a su faire Jacques Bianchi. Jacques Bianchi s'appuie ainsi sur Fabrice Pougez, le créateur de MAT Watches, qui a apporté tout son savoir-faire en développement et fabrication produits, en construction de marque et en connaissance des intervenants et sous-traitants de l'industrie. N'oublions pas que MAT Watches a bâti sa réputation et son expertise dans le domaine des montres militaires dont certaines ont équipé des forces spéciales. Il existait entre les deux partenaires une convergence de passion et de spécialités qui rendait leur rencontre inévitable. A ce duo s'est joint Simo Tber qui s'occupe tout particulièrement de la communication et de la digitalisation, des activités indispensables dans le monde horloger actuel surtout lorsque la première étape de commercialisation s'effectue à travers une campagne Kickstarter. N'oublions pas non plus le rôle de Paul Miquel dans le projet car ses recherches sur l'histoire de la JB 200, les preuves de sa dotation et l'identification des plongeurs militaires l'ayant utilisé ont été extrêmement précieuses. C'est ainsi que 3 générations différentes se sont réunies autour d'un projet commun: la renaissance effective de la JB 200. 


La JB 200 d'origine était équipée d'un mouvement à quartz et possédait un guichet de date à 6 heures. L'excellente nouvelle est que la réédition est animée par un calibre à remontage automatique et que le guichet de date a été retiré. Comme quoi, une réédition n'est pas forcément une réinterprétation... en moins bien d'un modèle d'origine. On peut trouver du mieux et c'est le cas ici! Ces deux principales modifications positionnent la réédition de la JB 200 dans une dimension plus horlogère tout en respectant les traits de caractère du modèle d'origine.

Car, du caractère, la JB 200 n'en manque pas!  Le premier élément qui saute aux yeux est évidemment la silhouette du grand plongeur (en train de lire sa montre) qui traverse le cadran et qui relie l'index de 8 heures à celui de 2 heures. Ce plongeur rend la JB 200 identifiable au premier coup d'oeil et crée à presque lui tout seul l'identité de la montre. La finition du cadran est excellente pour les prix pratiqués. Le plongeur est exécuté avec précision et à l'oeil nu, le rendu est irréprochable. Le fond du cadran est légèrement grené. Les index luminescents, qui alternent disques et rectangles avec le traditionnel triangle inversé au sommet utilisent un Superluminova de teinte ivoire qui apparaît proche du blanc ou proche d'une couleur crème en fonction des conditions de lumière. Leur teinte est identique à celle des aiguilles et l'ensemble est très agréable à regarder car définissant un cadran harmonieux et équilibré. Afin de conserver cette cohérence chromatique, le Superluminova de la lunette unidirectionnelle à insert noir est identique à celui du cadran. A noter que la manipulation de la lunette est un peu ferme mais au moins elle n'est pas prise à défaut du point de vue de la sécurité. La lisibilité est excellente et le plongeur sait se faire discret derrière les composantes luminescentes. L'aiguille des minutes se distingue nettement de l'aiguille des heures grâce à son extrémité en pointe et j'apprécie la trotteuse de type "lollipop rectangulaire".

Le second élément caractéristique de la JB 200 est le boîtier en acier de type "destro". Les proportions ont évolué par rapport au modèle d'origine. Pas le diamètre hors couronne qui reste égal à 42mm mais l'intégration d'un mouvement automatique, plus épais qu'un mouvement à quartz a obligé de redessiner la forme du boîtier et notamment celles de la carrure et des cornes. Le résultat est très convaincant. La montre est un peu épaisse (13,3mm) mais cette hauteur de boîtier est logique dans le contexte d'une montre de plongée automatique avec une étanchéité de 200 mètres. De plus, le travail sur le design a permis de définir un style fluide non dénué de rondeurs. J'ai même trouvé une touche de "bio design" dans les courbures qui accompagnent le protège-couronne et les cornes. Le boîtier demeure volumineux mais ne semble pas massif. De plus, l'observation de la carrure permet de clairement distinguer les 3 parties (fond, carrure et lunette) ce qui casse la sensation d'épaisseur.

Le troisième élément qui joue un rôle important dans l'esthétique de la montre est le rehaut de type "poli miroir". Il rend la montre plus lumineuse, joue avec les index et accentue les effets de volume. J'ai beaucoup aimé ce rehaut car il apporte une touche d'originalité tout en restant discret.


Le mouvement qui équipe la réédition de la JB 200 est donc un calibre automatique. Il s'agit d'un mouvement Seiko NH35 qui est extrêmement connu. Utiliser un tel mouvement dans le contexte d'une montre commercialisée au départ via une campagne Kickstarter est un atout car sa grande diffusion et sa fiabilité donnent de la confiance. Sa réserve de marche se situe autour des 40 heures pour une fréquence de 3hz. Le remontage manuel s'effectue en tournant la couronne vers le bas compte tenu de sa position à 9 heures. Alors, certes, le mouvement est japonais mais son assemblage est effectué en Franche-Comté tandis que les contrôles sont réalisés à Marseille.

La réédition de la JB 200 utilise un bracelet en caoutchouc de type Tropic noir. Je l'ai trouvé très confortable et agréable au contact de la peau. Il possède une grande longueur, logique dans l'esprit d'une montre de plongée. Il est cependant aisé de le remplacer par un autre bracelet car l'entre-corne est standard (20mm) et parce qu'il est équipé de pompes flash. En tout cas, il maintient fermement la montre sur le poignet ce qui est très important compte tenu du gabarit du boîtier.


Le fond du boîtier comprend une gravure du logo de MAT Watches. Ce détail donne également confiance. L'implication de Fabrice Pougez prouve le sérieux de la fabrication et j'ai ressenti dans la qualité perçue du prototype tout son savoir-faire.

La nouvelle JB 200 va donc être commercialisée dans un premier temps à travers la campagne Kickstarter qui débute le 15 juin. Le prix d'appel est de 594 euros TTC (le prix de commercialisation par la suite sera de 990 euros) ce qui donne un excellent rapport qualité-prix à la montre. J'ai en tout cas beaucoup apprécié le travail réalisé. La montre est fabriquée avec beaucoup de soin et je sais qu'elle a fait l'objet de nombreux points d'attention comme par exemple le dessin point par point des chiffres de la lunette. Je pense sincèrement que la campagne est une excellente opportunité d'acquérir une montre sincère, réalisé par des professionnels passionnés et qui s'inscrit dans un contexte historique et légitime. Elle donne en tout cas la possibilité de porter un pan de l'histoire des montres de plongée française et j'ai presque envie de dire: un symbole de la ville de Marseille.

Les plus:

+ une montre sincère et légitime

+ un produit qualitatif compte tenu du prix d'appel

+ la finition du cadran et du boîtier

+ le rehaut poli miroir qui rend le cadran lumineux

Les moins:

- une lunette un peu dure à la manipulation

- la couronne à 9 heures rend sa manipulation est un peu plus délicate