Laurent Ferrier: Galet Square Antoine de Macedo

La collection Galet Square est ma préférée au sein du catalogue de Laurent Ferrier. Introduite en 2015, elle donna l'occasion à la marque d'utiliser pour la première fois un boîtier en acier. Ce matériau est selon moi parfaitement adapté à ce contexte. En effet, la forme "Galet Square" de type coussin est particulièrement réussie, incarnant un style à la fois chic et décontracté. Une chose est sûre: en découvrant ce boîtier sous toutes les coutures, j'ai été surpris par sa subtilité et sa complexité. Cependant, cette complexité ne se ressent pas. Tout semble fluide et naturel. Il y a une véritable maîtrise chez Laurent Ferrier dans le dessin des boîtiers et la collection Galet Square en est une nouvelle démonstration.

Toujours en 2015, Laurent Ferrier présenta une pièce unique basée sur la même forme de boîtier pour la vente aux enchères Only Watch. Le boîtier n'était pas exactement le même compte tenu de cornes spécifiques mais cette montre contribua beaucoup à l'intérêt grandissant autour de la collection Galet Square. Il y a une composante que j'aimais beaucoup dans cette pièce unique: le cadran à secteur. Je trouvais qu'il se mariait parfaitement avec le boîtier car les deux éléments se distinguaient par leurs styles très géométriques. 

Je suis un grand admirateur de ce qu'a accompli la marque Laurent Ferrier depuis sa création en 2009. En peu de temps, elle est devenue un acteur qui compte dans le segment de la haute horlogerie ce qui n'est pas une mince affaire quand on considère la concurrence principalement constituée de maisons prestigieuses. Laurent Ferrier, tout en restant dans une atmosphère classique et raffinée, offre une alternative crédible à ces maisons en proposant des montres très pures, intemporelles qui se distinguent par de superbes mouvements tant du point de vue technique que décoratif. Les cadrans incarnent parfaitement cette approche sobre, épurée. Ils nécessitent une observation minutieuse pour comprendre que le soin qui leur a été apporté répond à la même exigence qu'au niveau des mouvements. La finesse des aiguilles, des index, des chiffres, l'intégration délicates des guichets rendent ces cadrans très séduisants. Cependant, j'ai à titre personnel des goûts qui me portent vers une esthétique plus dynamique et démonstrative et c'est la raison pour laquelle j'ai toujours eu un faible pour les cadrans comportant des complications (ceux de la montre Ecole Annual Calendar ou de la Classic Dual Time par exemple) ou pour les cadrans à secteurs. Cela explique pourquoi la montre d'Only Watch me plaisait tant... cette combinaison entre le boîtier Galet Square et les lignes et courbes du cadran permettait de concilier élégance, style, classicisme et originalité. Mais voilà, comme son nom l'indique, cette montre était une pièce unique.


Heureusement, en 2016, Laurent Ferrier dévoila une série limitée basée sur le boîtier Galet Square réalisée avec un détaillant de Chicago. Cette montre offrait un cadran à secteur mais différent de celui de la montre d'Only Watch car comportant des chiffres. De plus, les secteurs du cadran et ces chiffres étaient appliqués ce qui donnait une touche de relief. Le boîtier reprenait les cornes droites de la montre d'Only Watch mais sans les demi-sphères positionnées en leurs extrémités. Cette série limitée en dix exemplaires qui portait le nom de "Galet Square Vintage America" me plaisait aussi beaucoup et d'ailleurs une montre série limitée suivit avec la version "Galet Square Walton Street" qui célèbra l'ouverture d'une autre boutique du détaillant. Ces dernières années, les cadrans à secteur prirent plus d'importance chez Laurent Ferrier avec notamment la présentation des modèles "Boréal" qui les réinterprétaient en les rendant luminescents.

Antoine de Macedo est un partenaire fidèle de Laurent Ferrier et un soutien sans faille de la marque. Cette implication a d'ailleurs conduit à la sortie de plusieurs montres en série limitée spécialement réalisées avec le détaillant parisien. La série limitée qui me plaît le plus dans ce contexte est celle créée à partir du boîtier Galet Square. La Galet Square Antoine de Macedo est pour moi une des plus jolies séries limitées de la part de Laurent Ferrier. Le cadran à secteur est une vraie réussite. Il intègre plusieurs types de finition provoquant différents reflets argentés. Les chiffres et les secteurs sont positionnés sur la zone intermédiaire alors que la fine et discrète graduation des minutes se trouve en zone périphérique. La caractéristique la plus charmante est la subtile intégration des touches de bleu. Il ne s'agit pas d'un bleu tape-à-l'oeil et lassant sur le long terme... Selon les conditions de lumière, le rendu des chiffres, des aiguilles, des index passe d'un bleu intense au noir. Il se dégage du cadran une atmosphère à la fois rétro, traditionnelle mais accompagnée d'un soupçon de décontraction qui donne un aspect beaucoup plus contemporain. A noter que les aiguilles, fines et élancées, ressortent plus sombres que les autres éléments ce qui assure une excellente lisibilité. Le nom du détaillant est discrètement inséré au dessus du sous-cadran de la trotteuse. J'aurais préféré qu'il n'y ait pas cette inscription mais elle est à peine perceptible.

Comme évoqué précédemment, la structure de ce type de cadran s'adapte idéalement à la forme du boîtier en acier. Ce dernier est construit en plusieurs niveaux et j'apprécie la façon avec laquelle la lunette se pose sur la carrure. Les dimensions du boîtier sont certes importantes (41mm x 41mm) mais l'ouverture du cadran reste limitée et les cornes sont courtes. De fait, malgré ce gabarit, la montre reste portable sur un poignet modeste. La couronne de forme boule striée se manipule aisément et elle apporte une touche de caractère à l'ensemble. Elle donne vraiment envie de pratiquer le remontage manuel mais cette activité n'a pas besoin d'être quotidienne puisque le mouvement est automatique.

Le calibre FBN 229.01 qui anime la Galet Square est en effet un mouvement qui possède un micro-rotor unidirectionnel à cliquet. Ce mouvement possède une superbe architecture. Tout d'abord, il occupe généreusement le boîtier du fait de son propre diamètre de 31,6mm. Ensuite, j'aime beaucoup la position du micro-rotor à l'opposé de la couronne.  Le pont du micro-rotor est magnifique et le fait qu'il soit vertical contribue à l'esthétique réussie. La forme triangulaire et évidée du pont du balancier est également très plaisante. Elle assure une vue optimale sur l'organe réglant. Cet organe réglant est particulier puisqu'il s'agit d'un échappement en silicium à double impulsion directe au balancier. La consommation d'énergie étant de fait optimisée, la réserve de marche atteint les 3 jours pour une fréquence de 3hz. La qualité des finitions est irréprochable et le micro rotor est lui-même bien travaillé. En revanche, j'aurais aimé une découpe du pont principal et du pont du train de rouage plus ambitieuse avec des angles plus prononcés. L'ensemble ne souffre cependant d'aucune véritable critique et c'est un vrai plaisir que d'observer ce mouvement de conception moderne et optimisée.


Il en est de même en mettant la Galet Square Antoine de Macedo au poignet. La forme du boîtier, sa subtilité et sa fluidité apportent du charme à l'ensemble. Le style est élancé car l'épaisseur est de 11,1mm. Le pouvoir de séduction du cadran agit aussi et j'ai très vite apprécié les discrets reflets bleutés des chiffres et des aiguilles. La forme coussin du boîtier n'est peut-être pas la plus consensuelle mais c'est justement tout ce qui fait l'intérêt de la pièce. En tout cas, le boîtier se pose bien et la taille limitée des cornes permet le maintien ferme de la montre.

Le prix de vente est de 40.800 euros TTC. Un tel montant peut sembler excessif pour une montre à 3 aiguilles en acier. Mais il faut voir les choses autrement. Tout d'abord, il s'agit d'une très petite série puisque seulement 10 pièces sont réalisées. Ensuite, il y a la particularité du cadran. De plus, le calibre FBN 229.01 (qui n'est pas spécifique à cette montre) est un mouvement de très haut niveau et dont le contenu technique est supérieur à quelques équivalents équipant des montres du même segment. Enfin, n'oublions pas non plus que l'acier rend le prix plus abordable par rapport à d'autres modèles de la collection. En résumé, la Galet Square Antoine de Macedo représente pour moi une des meilleures façons de rentrer dans l'univers de Laurent Ferrier. Elle est en tout une des montres que je préfère en provenance de la marque.


Les plus:

+ le boîtier classique et original

+ le confort au porter

+ les performances du mouvement

+ la présentation et la finition du mouvement

Les moins:

- l'inscription du nom du détaillant, certes discrète, sur le cadran