Hanhart fait partie de ces marques appréciées mais dont la notoriété ne dépasse pas le petit cercle des amateurs d'horlogerie. La situation pourrait cependant changer avec la réédition d'un de ces modèles emblématiques, le chronographe 417. L'histoire de Hanhart débuta en 1882 lorsque Johann A. Hanhart démarra son activité à Diessenhofen... en Suisse! Mais très vite, la marque se relocalisa en Allemagne, dans la ville de Schwenningen, en Forêt-Noire. Ce sont les chronographes dédiés à l'armée de l'air et à la marine allemande qui forgèrent la réputation de la maison. Elle connut ainsi un fort développement dans les années 1938-1939 lorsqu'elle lança le calibre "40" monopoussoir puis le calibre "41" à deux poussoirs. Les montres animées par ces mouvements, et notamment la célèbre "TachyTele" sont aujourd'hui des pièces recherchées par les collectionneurs de montres militaires. C'est après la second guerre mondiale que se situe la période de production du modèle 417 et de la version 417 ES (Edel Stahl, acier inoxydable). Ces montres équipèrent à partir du milieu des années 50 l'armée de l'air de la Bundeswehr (et ce jusqu'en 1963, date à laquelle Hanhart réorienta son activité), s'inscrivant ainsi dans cette tradition de pièces militaires professionnelles répondant aux plus hautes exigences. Le modèle 417 demeurait finalement fidèle à une esthétique déjà en cours quelques années auparavant avec un boîtier à lunette cannelée, une organisation de cadran de type Bicompax avec un compteur 30 minutes à droite et des aiguilles et chiffres luminescents contrastant fortement avec le cadran noir.
Le modèle 417 n'est pas seulement renommé du fait de sa destination. Il connut aussi un client très célèbre, Steve McQueen, qui avait l'habitude de porter ce chronographe. Même si Hanhart ne peut en faire référence directement pour des raisons évidentes de droit, il n'en demeure pas moins que cette information contribue à la notoriété de cette montre. En tout cas, la présentation de la réédition de la 417 ES arrive à point nommé pour soutenir l'ambition commerciale de Hanhart sur le marché français.
Du point de vue esthétique, la réédition du chronographe 417 ES est très fidèle au modèle original. Nous retrouvons la fameuse lunette cannelée avec le repère rouge, les deux sous-cadrans alignés horizontalement, le logo typique de la marque à midi ainsi que les aiguilles et chiffres luminescents. En revanche, la taille du boîtier n'est pas la même. Alors que les modèles originaux avaient des diamètres de 38/39mm, le diamètre de la réédition est de 42mm. Je comprends la volonté de Hanhart de proposer une taille plus adaptée aux goûts actuels. Cependant, j'ai trouvé la montre assez imposante au poignet surtout lorsqu'elle est accompagnée du bracelet "bund". Les cornes étant plutôt longues, la taille de corne à corne atteint quasiment les 50mm. C'est la raison pour laquelle j'aurais préféré un diamètre semblable à celui des montres d'origine. En revanche, un point milite pour cette nouvelle taille: l'épaisseur de 13,3mm. Les proportions de la réédition sont plutôt harmonieuses avec un ratio diamètre/épaisseur équilibré. De plus, l'épaisseur sans le verre est de 11,55mm. En conséquence, la hauteur réelle de la montre ne se ressent pas au poignet.
Le boîtier en acier est exécuté avec soin avec une alternance de parties polies et brossées. La lunette cannelée est très bien réalisée et elle se manipule de façon très agréable. La forme bombée du verre contribue à l'atmosphère néo-retro et à la qualité perçue. Le fond du boîtier est plein ce qui est une excellente idée. Au-delà de la fidélité par rapport au modèle original, le fond plein permet de maîtriser l'épaisseur. De plus, le mouvement n'étant pas très joli à regarder, nous n'avons pas l'impression de rater un spectacle incontournable. Le fond donne l'occasion à Hanhart de graver son logo historique ce qui est la meilleure utilisation possible de cet espace.
J'ai beaucoup aimé le travail sur le cadran. La finition des différentes composantes est irréprochable et la matière luminescente a été apposée sur les chiffres et les aiguilles avec soin. L'organisation du cadran est la même que celle des versions d'origine avec la trotteuse permanente à 9 heures et le compteur des minutes à 3 heures. Fort heureusement, Hanhart n'a pas fauté et n'a pas inséré un guichet de date. Les sous-cadrans sont plus proches du centre qu'avec les montres du passé. C'est évidemment dû au fait que le mouvement est un peu petit pour le boîtier. Ceci dit, les proportions demeurent équilibrées et la montre ne donne pas l'impression de loucher.
Afin de respecter au mieux la source d'inspiration, Hanhart a pris la décision d'utiliser un mouvement à remontage manuel ce qui est louable comme intention. Ce mouvement est le calibre SW510M de Sellita. Il s'agit en fait d'une évolution du SW510 auquel on retire le système de remontage automatique. Sa propre épaisseur est de 7mm ce qui est très raisonnable. Ses performances sont excellentes puisqu'il offre une réserve de marche de 58 heures pour une fréquence de 4hz. De plus, j'ai été surpris positivement par le déclenchement des poussoirs, plutôt agréable et par le remontage manuel à la couronne. Je n'ai généralement pas ce genre de sensation lorsqu'une montre est équipée d'un calibre automatique converti en calibre à remontage manuel. Le résultat est donc très satisfaisant. Enfin, s'agissant d'un calibre chronographe intégré, les poussoirs et la couronne sont alignés ce qui est préférable du point de vue esthétique.
En mettant la réédition du chronographe 417 ES au poignet, j'ai pu me rendre compte que la taille perçue de la montre était imposante. Je pense que ce sentiment est accentué par le bracelet "bund" et je suis sûr qu'en retirant la base du bracelet les dimensions de la montre apparaîtraient comme plus raisonnables. En tout cas, le test au porter pendant plusieurs jours m'a apporté plusieurs confirmations:
- la montre est très bien réalisée avec une belle qualité générale des finitions
- elle est facile à vivre au quotidien (de plus, l'étanchéité est de 100 mètres) même si le bracelet "bund" était plutôt gênant pour le remontage manuel, au demeurant agréable
- le bracelet est d'une grande souplesse et il se positionne sans souci, assurant un bon maintien sur le poignet
- même si l'esthétique est traditionnelle, il existe bien une petite touche Hanhart, un savoir-faire qui donne beaucoup de charme comme par exemple le logo de la marque ou le rendu visuel de la lunette.
Hanhart propose ainsi une réédition convaincante d'un modèle ayant marqué son histoire. Cette montre n'est évidemment pas d'une grande originalité mais le sérieux de son exécution et l'atmosphère particulière insufflée par la marque la rendent attrayante. Le prix de vente de 1.800 euros TTC est plutôt bien placé pour ce genre de produit et en tout cas, il ne m'a pas semblé excessif compte tenu de la qualité perçue. Au bout du compte, ce prix se situe 1.000 euros en deçà de celui d'une Pioneer équivalente, certes automatique et plus grande mais sans fonction supplémentaire. Cela tend à prouver que Hanhart a souhaité rendre cette réédition du chronographe 417 ES la plus compétitive possible pour qu'elle devienne une sorte de porte-drapeau de la marque. Elle a tous les atouts pour le devenir. Les premiers retours sur sa réussite commerciale tendent à confirmer que ce pari est en train de réussir. Reste maintenant à savoir si cela aura un impact sur le reste de la collection.
Les plus:
+ des finitions soignées
+ les performances du mouvement
+ une montre facile à vivre au quotidien
+ le prix plutôt attractif
Les moins:
- le bracelet "bund" gêne pour le remontage manuel
- je l'aurais préféré avec une taille équivalente à celles des modèles d'origine