On ne va pas raconter des fables. Tout le monde sait bien que l'année qui débute va être très difficile et que l'impact de la crise économique va plus se ressentir qu'en 2020. Pourtant, il existe des signes d'espoir et en ces premiers jours de janvier, on a envie d'être positif et optimiste comme pour chasser un mauvais rêve qui a déjà trop duré.
Pour l'horlogerie, la situation est, à l'instar de très nombreux secteurs d'activité, extrêmement délicate. En fait, le principal souci est que le virus n'a pas crée le problème: il n'a fait que l'amplifier. Car il existait bien avant son émergence des signes avant-coureurs de futures difficultés. Des marchés entiers étaient d'ores et déjà à la peine et surtout l'industrie n'était tirée plus que par quelques marques, voire quelques références. Et que pouvons-nous constater aujourd'hui ? La même situation de façon plus exacerbée. On a vraiment l'impression de vivre une sorte de schisme: d'un côté les quelques montres que tout le monde veut et que certains sont prêts à acheter à un prix bien plus élevé que celui du catalogue, et de l'autre une offre pléthorique que personne ne souhaite acquérir y compris à prix bradés. Evidemment, je force le trait mais lorsque je lis les échanges sur les différentes plate-formes, quelles qu'elles soient (forums, réseaux sociaux etc...), j'ai l'impression de constater encore et toujours cette réalité.
Ceci dit, les situations difficiles créent des opportunités. Et c'est dans ces situations que les talents et les plus entreprenants se révèlent. A bien y réfléchir, c'est beaucoup plus compliqué de se distinguer quand tous les signaux sont au vert. Alors la conjoncture entraîne de nouvelles façons de penser, créer, produire, communiquer. Et des marques, pas forcément les plus connues, ont su faire preuve d'imagination et de créativité pour obtenir des performances tout à fait correctes en 2020. Certes, ce n'est pas suffisant pour embarquer tout un secteur dans une dynamique de croissance mais ce furent des signes encourageants. Quand je regarde l'offre horlogère de l'année passée, elle fut au bout du compte assez attractive et plutôt audacieuse grâce à quelques acteurs qui ont compris qu'une démarche trop consensuelle et trop prudente ne mènerait nulle part... surtout en plein marasme.
Il faut bien entendu poursuivre ces progrès au niveau de l'offre mais le danger aujourd'hui risque moins d'être une crise de l'offre qu'une crise de la demande. Les clients, surtout en provenance des marchés matures (Europe, Etats-Unis) sont inquiets, leur pouvoir d'achat est en baisse et les incertitudes ne les poussent pas à acheter un objet futile comme une montre. Sur ce point, l'industrie horlogère n'a pas d'influence et seule une véritable reprise macroéconomique pourra modifier la tendance. J'en viens même à comprendre les efforts intensifs des marques vers certains marchés asiatiques car la reprise est bien réelle dans ces pays. Je comprends même mieux cette stratégie actuelle que celle des années passées où une telle concentration géographique n'était pas sans danger. Cependant, il faudra bien repenser de façon sérieuse l'offre à l'attention de la clientèle traditionnelle car il en va de la pérennité du secteur.L'année 2021 s'annonce plein de dangers et de défis et elle sera donc extrêmement intéressante à suivre. De changements profonds ont eu lieu en 2020, l'un d'entre eux étant la quasi-disparition des salons horlogers dans le format que nous les connaissions. Et il y en aura bien d'autres en 2021!
En attendant de les découvrir ainsi que les orientations stratégiques et les offres des marques, je vous souhaite ainsi qu'à tous vos proches une excellente année 2021, qu'elle soit bienveillante et qu'elle vous apporte santé, bonheur et réussite dans vos projets.