Après avoir présenté la semaine passée la 1815 Thin Honeygold, je vous propose de découvrir plus en détails la 1815 Rattrapante Honeygold qui fait partie elle aussi des trois montres célébrant le 175ième anniversaire de l'ouverture du premier atelier de Ferdinand-Adolf Lange à Glashütte. Je ne vais pas maintenir le suspense trop longtemps: la 1815 Rattrapante Honeygold est pour moi la pièce la plus intéressante de cette trilogie. En fait, cette montre est une vraie bonne nouvelle. Je me souviens que lors de la présentation de la 1815 Rattrapante Perpetual Calendar en 2013, je faisais partie de ceux qui regrettaient que le chronographe à rattrapante, peut-être une des complications horlogères les plus difficiles à maîtriser, soit accompagné d'une complication additionnelle, le quantième perpétuel.
De plus, comme tout ceci s'opérait dans un contexte "1815", les quantièmes n'étaient pas affichés par le double-guichet de grande date mais par le biais d'une petite aiguille dans un sous-cadran. En d'autres termes, je trouvais dommage que le quantième perpétuel ne fût guère lisible et donc pratique. J'ai la conviction que Lange & Söhne devrait traiter tous ses quantième perpétuels avec la grande date et cette remarque est aussi valable pour le Tourbograph. Bref, malgré tout son intérêt, j'étais plus frustré que séduit par la 1815 Rattrapante Perpetual Calendar que je trouvais inutilement rendue plus complexe.
Huit ans plus tard, mon souhait est exaucé! Voici donc la 1815 Rattrapante Honeygold qui est une déclinaison sans quantième perpétuel de la 1815 Rattrapante Perpetual Calendar. Et ça change tout! Tout d'abord, la montre se focalise sur la complication majeure: le chronographe à rattrapante. Le premier impact immédiat se trouve dans l'organisation du cadran qui est beaucoup plus aéré. Les deux sous-cadrans alignés horizontalement sont supprimés (ils étaient dédiés à gauche à l'affichage des jours et des quantièmes, à droite à l'affichage des mois et des années). La montre ne propose plus que deux sous-cadrans alignés verticalement ce qui en fait une originalité dans l'univers des chronographes de Lange & Söhne. De plus, l'affichage des phases de lune situé dans le sous-cadran inférieur est lui aussi retiré, ce sous-cadran n'étant plus dédié qu'à la trotteuse permanente. Une opération similaire est effectuée dans le sous-cadran supérieur, l'indicateur de réserve de marche étant retiré. Le compteur des minutes reste toujours au sommet du cadran et il devient beaucoup plus lisible. Il est important à ce stade de préciser qu'il n'y a qu'une seule aiguille dédié à ce compteur des minutes puisque la fonction rattrapante fonctionne jusqu'à une minute écart. Nous ne sommes pas dans le cas d'un Double-Split et encore moins d'un Triple-Split.
Le retrait du quantième perpétuel est également perceptible au niveau du boîtier. Son diamètre est légèrement réduit (41,2 contre 41,9mm pour la 1815 Rattrapante Perpetual Calendar) mais la différence la plus perceptible concerne l'épaisseur. La hauteur du boîtier n'est plus que de 12,6mm contre 14,7mm pour la 1815 Rattrapante Perpetual Calendar et cela se ressent fortement lorsque la montre est portée. De fait, la 1815 Rattrapante Honeygold apparaît comme plus élancée et d'une certaine façon plus élégante.
Bien évidemment, cette finesse est due à la propre hauteur du mouvement. Le calibre L101.2, possède un diamètre de 32,6mm pour une épaisseur de 7,4mm tandis que le calibre L101.1 de la 1815 Rattrapante Perpetual Calendar a le même diamètre mais une épaisseur de 9,1mm. Compte tenu de la construction du mouvement L101.1 où le module de quantième perpétuel est logé sur le mouvement de base (finalement, le calibre L101.2 de la 1815 Rattrapante Honeygold), les deux montres offrent des vues similaires lorsqu'elles sont retournées. Similaires du fait de des architectures des mouvements mais différentes du fait de leurs décorations. C'est une des caractéristiques des trois montres rendant hommage à Ferdinand Adolf Lange: leurs mouvements sont décorés de façon spécifique. Le calibre L101.2 est à la base magnifique du fait de sa présentation, de sa complexité, de son organisation même s'il ne possède pas le même effet de profondeur que le calibre du Double-Split. Mais dans ce contexte aussi, tout comme avec la 1815 Thin Honeygold, j'apprécie particulièrement la finition grainée des ponts ainsi que la mise en valeur de la décoration du pont du balancier et du pont du chronographe grâce aux gravures rhodiées en noir. Le pont du chronographe est d'ailleurs large ce qui laisse plus de place pour la gravure à motif floral.
Compte tenu du chronographe à rattrapante, le calibre a deux roues à colonnes. Tout le mécanisme additionnel donne vraiment le sentiment d'observer une dentelle mécanique. La présentation du mouvement et le fait qu'il occupe généreusement le boîtier le rendent séduisant et envoûtant. Je considère que c'est le meilleur de la manufacture saxonne qui s'exprime. Les déclenchements sont parfaits, ni trop doux, ni trop durs sans oublier la sensation au remontage. Un calibre chronographe de Lange & Söhne n'est pas uniquement beau: il est aussi agréable à l'usage. Le calibre L101.2 ne déroge pas à la règle. Sans surprise, la fréquence du mouvement est de 3hz (pour une réserve de marche de 58 heures): c'est la fréquence des chronographes à rattrapante de la manufacture alors que les chronographes "simples" ont une fréquence de 2,5hz.
La 1815 Rattrapante Honeygold n'est pas seulement attirante côté mouvement: elle l'est aussi côté cadran. Ou plus exactement, c'est la combinaison entre le cadran et le boîtier qui fait tout son charme. Une fois n'est pas coutume, Lange & Söhne a choisi un cadran noir pour accompagner le boîtier en or miel. Le résultat est superbe. Les reflets subtils du boîtier donnent de la chaleur au cadran. Le contraste entre le noir et l'or n'est pas agressif et il se dégage de l'ensemble une sensation de raffinement et d'harmonie. En tout cas, j'ai été très séduit par cette approche esthétique. La montre est lisible, pratique grâce aux performances du mouvement et au bout du compte originale dans le contexte de la manufacture saxonne. Cette combinaison de couleurs et l'alignement vertical des sous-cadrans renforcent cette singularité même si le cadran offre de nombreux détails habituels de la collection 1815. A noter qu'il n'y a aucun chiffre de coupé. Le rehaut périphérique comportant une échelle tachymétrique et la qualité de finition du cadran apportent des effets de relief: le cadran n'est pas plat et il est au bout du compte aussi agréable à observer que le mouvement.
Une fois mise au poignet, je n'ai eu aucun doute. Pour moi, la 1815 Rattrapante Honeygold supplante la 1815 Rattrapante Perpetual Calendar. Plus fine, plus élégante, plus chaleureuse, se concentrant sur la complication chronographe à rattrapante, elle représente le meilleur de ce que la manufacture saxonne est capable de faire. Je ne lui ai pas trouvé de véritable défaut et je l'ai même trouvée plus attrayante que le Tourbograph Perpetual Honeygold. Le prix se situe à ce niveau d'excellence à savoir 131.100 euros TTC et ce dans le contexte d'une série limitée de 100 pièces. Alors même si la complication rattrapante n'est pas aussi aboutie que celle d'un Double-Split (qui reste la référence en la matière), la 1815 Rattrapante Honeygold n'en demeure pas moins une superbe réalisation de Lange & Söhne. C'est selon moi une des plus belles nouveautés de leur part depuis au minimum 5 ans. Et j'en reviens à me demander pourquoi la manufacture n'a pas sorti cette montre directement il y a 8 ans.
Les plus:
+ une présentation de cadran originale pour Lange & Söhne
+ la combinaison or miel et cadran noir
+ la présentation et la finition du mouvement
+ les performances du mouvement, très agréable à l'usage
Les moins:
- je n'ai pas trouvé de véritable point négatif. Le prix est élevé mais logique et surtout bien plus bas que celui de la 1815 Rattrapante Perpetual. Alors, si on veut chercher la petite bête, je regrette de ne pas avoir la même performance en matière de rattrapante qu'avec le Double-Split.