Les trois nouvelles versions (vert, bleu et or rose) de la Royal Oak Offshore Chronographe 44mm en céramique noire présentées par Audemars Piguet en ce début d'été incarnent une évolution esthétique significative. Certes, le contexte reste le même et le boîtier 44mm avec ses poussoirs caractéristiques se reconnaît au premier coup d'oeil. Mais le travail effectué sur le cadran, les matériaux et les textures impacte fortement le rendu de ces montres.
Je dois avouer que j'ai eu peur au départ. Les premières photos "live" ne m'avaient guère convaincu. L'ensemble me semblait un peu excessif, cumulant trop d'effets de style. Heureusement, mon point de vue a changé en les découvrant de mes propres yeux.
Le changement le plus notable est la présence des chiffres arabes qui remplacent les traditionnels index des versions 44mm. C'est amusant d'ailleurs de constater que dorénavant chez Audemars Piguet, les frontières esthétiques entre les Offshore 42mm et 44mm s'estompent: le chronographe 42mm en titane reprend les poussoirs des Offshore 44mm et maintenant des versions 44mm utilisent les chiffres arabes caractéristiques de certaines Offshore 42mm. Bref tout se mélange et il faut l'avouer, cela fonctionne plutôt bien. La conséquence de l'utilisation des chiffres arabes est immédiate: les cadrans semblent plus remplis et les chiffres apparaissent cette fois-ci quasiment en entier alors qu'ils sont plus nettement tronqués dans les boîtiers 42mm. De plus, afin d'accompagner ces chiffres, les cadrans utilisent des couleurs fumées qui s'éclaircissent en se rapprochant du centre. Cet effet qui donne une touche de subtilité au design de l'ensemble permet de réduire la taille perçue. La couleur périphérique étant très sombre, l'effet fumé donne visuellement l'impression que l'ouverture du cadran est plus petite. Il a une autre vertu. Il offre une sorte de continuité de couleur avec la partie principale du boîtier en céramique noire ce qui accentue le contraste avec la lunette. Cette dernière qui est en céramique verte ou bleu ou en or selon les versions est ainsi mise en valeur et ressort nettement.
Le rendu change selon les conditions de lumière:
L'organisation du cadran ne change pas en revanche avec la date à trois heures, le totalisateur des heures à 6 heures, celui des minutes à 9 heures et la trotteuse permanente à midi. A noter, et je le vois de plus en plus fréquemment chez Audemars Piguet, le sous-cadran de la trotteuse possède une couleur différente de celle des totalisateurs du chronographe. C'est une bonne idée car cela améliore la lisibilité des données du chronographe.
La base du mouvement est le calibre 3120:
Je l'ai évoqué précédemment: ce qui caractérise principalement ces 3 montres est l'utilisation de la céramique noire pour la partie principale du boîtier. Néanmoins, cette céramique noire reste très discrète et elle semble presque s'effacer derrière les couleurs bleu, verte ou l'or rose de ces versions. En tout cas, l'utilisation de la céramique noire est une bonne option: elle apporte une touche de modération dans l'esthétique d'ensemble et je la trouve plutôt raffinée. Elle a également l'atout de sa stabilité et de sa résistance aux rayures comparées à un boîtier en titane ou acier avec un revêtement noir. En revanche, le risque de casse n'est pas à écarter en cas de chute.
Audemars Piguet a bien entendu travaillé à la cohérence chromatique des différentes versions. Les poussoirs, couronne et lunette ont la même couleur dans les versions verte et bleu tandis que la céramique noire est utilisée également pour les poussoirs et la couronne de la version or rose.
Du point de vue mécanique, il n'y a guère de surprise puisque le mouvement modulaire 3126/3840 anime de nouveau ces 3 modèles. Je rappelle que ce mouvement est composé d'un calibre de base de manufacture, le 3120, qui est adapté pour accueillir le module chronographe Dubois-Depraz. Les performances sont de fait en ligne avec celles du 3120 soit une réserve de marche d'une cinquantaine d'heures pour une fréquence de 3hz. Le diamètre propre de la base du mouvement est de 26,6mm et comme le fond du boîtier est transparent, il semble un peu perdu dans le boîtier. Heureusement, la qualité de sa présentation (j'aime toujours autant cette masse oscillante) justifie la présence de ce fond transparent.
Ce n'est guère une surprise: les 3 montres sont, malgré leur diamètre conséquent, très confortables. Il y a un véritable savoir-faire d'Audemars Piguet en matière de bracelet caoutchouc: celui qui accompagne ces Royal-Oak Offshore est souple, procure une sensation plaisante au poignet et maintient fermement les boîtiers. Il joue un rôle esthétique important puisque son rendu texturé fait partie intégrante du design d'ensemble. Cette texture donne un style plus contemporain tout en étant agréable au toucher.
En tout cas, chacun de ces modèles offre une ambiance très particulière. J'aime beaucoup la version en or rose car elle réinterprète l'approche bicolore de façon très moderne et raffinée. Le contraste entre la lunette d'un côté et le cadran et la céramique noire de l'offre est très beau. J'apprécie aussi la version verte car la gamme de couleurs est bien choisie. J'ai été moins séduit par la version bleu que j'ai trouvé un peu trop exubérante et excessive. Après c'est une histoire de goût mais la version verte m'a semblé mieux maîtrisée.
J'ai en tout cas pris beaucoup de plaisir à mettre ces montres au poignet: elles sont bien plus séduisantes en vrai que sur les photos et elles finissent par donner l'impression d'être une réinterprétation des Offshore 42mm (présence des chiffres oblige...) dans un style plus élancé. En effet, malgré leur diamètre supérieur, elles conservent une épaisseur similaire de 14,4mm. De plus, les poussoirs proéminents accentuent cet effet. Alors, sans être une révolution ni du point de vue esthétique ni de point de vue technique (à quand l'utilisation d'un mouvement chrono intégré dans les Royal Oak Offshore ?), ces modèles en céramique noire constituent une évolution convaincante de la collection.
Les plus:
+ la présentation des cadrans
+ le confort au porter
+ la stabilité et la résistance aux rayures de la céramique
+ l'approche bicolore réussie de la version or rose
Les moins:
- le mouvement de base semble perdu dans le boîtier
- le risque de casse de la céramique