Watches & Wonders 2020: IWC

IWC suit le même principe depuis plusieurs années: chaque SIHH (et maintenant Watches & Wonders) est l'occasion de présenter non pas une succession de nouveautés mais un renouvellement de collection. Ce renouvellement est important en 2020 puisqu'il impacte la collection Portugieser, la plus connue de la marque. Cependant, et c'est la force d'IWC, les autres collections contribuent également de façon équilibrée au chiffre d'affaire ce qui donne une sécurité dans cet exercice. En tout cas, le moins que l'on puisse dire, c'est que le contexte sanitaire et l'annulation de la tenue physique du Salon Watches & Wonders n'ont pas freiné la marque: comme à son accoutumée, elle nous offre un festival de nouvelles références, de nouvelles déclinaisons. D'un côté, c'est positif: cette cadence démontre une certaine vitalité et énergie créatrice. De l'autre, cela peut apparaître comme de la fébrilité et les clients peuvent s'y perdre. J'ai personnellement la conviction qu'IWC présente chaque année trop de références. Les clients, et moi le premier, ont besoin d'une certaine continuité et apprécient qu'une collection s'installe petit à petit avec des références clairement identifiées. Lorsqu'il y en a beaucoup, on ne sait plus trop en boutique si on est face à la nouvelle ou à l'ancienne collection et au final on se pose toujours la question de la pérennité de tel ou tel modèle... ce qui est devenir un frein à l'achat.

Quoi qu'il en soit, j'ai apprécié ce qu'IWC a présenté cette année... à ce jour car on imagine aisément que d'autres nouveautés suivront plus tard. Si je pouvais résumer en quelques mots la cuvée Portugieser 2020, je dirais simplification... et complications! Ces deux termes peuvent sembler paradoxaux mais ils traduisent les divers objectifs poursuivis par cette nouvelle collection. D'un côté avec notamment la Portugieser Automatic 40 et la Portugieser Calendrier Perpétuel 42, la marque vise une clientèle à la recherche de montres plus classiques, plus raisonnables, plus portables... et d'une certaine façon, une clientèle de marchés matures comme l'Europe de l'Ouest. De l'autre avec la Portugieser Yacht Club Moon & Tide ou la Portugieser  Tourbillon Rétrograde Chronographe,  IWC s'adresse à une clientèle désirant des produits ayant plus de caractère et plus de contenu technique, en phase avec l'attente de certains marchés.

Dans cette longue liste de nouveautés, c'est la Portugieser Automatic 40 qui m'a le plus séduit. J'en viens même à me demander pourquoi cette montre, dans cette configuration n'a pas existé avant dans la collection permanente. Elle répond à beaucoup de mes attentes: sa taille est parfaite, elle est équilibrée (regardez la position de la trotteuse), le mouvement qui l'équipe est le nouveau calibre 82200 (60 heures de réserve de marche) découvert avec la Da Vinci l'année dernière, son prix (7.150 euros en acier) n'est pas trop délirant et surtout esthétiquement elle est simple, élégante, belle tout en conservant les éléments caractéristiques du style "Portugieser" (aiguilles, chiffres appliqués, graduation périphérique). Alors évidemment elle n'a pas le charme de la Jubilé mais elle n'en demeure pas moins une jolie réussite. 3 versions en acier et une en or rose sont présentées, mes préférées étant celles en acier et cadran argenté. En revanche, le cadran bleu fonctionne moins bien d'après moi.

Le cadran offre un rare équilibre avec un emplacement idéal de la trotteuse:


J'apprécie la présentation du mouvement. Certes, les finitions ne sont pas exceptionnelles mais je le trouve très agréable dans son architecture:


L'autre montre importante dans cette nouvelle collection est la Portugieser Calendrier Perpétuel 42. C'est la première fois qu'un modèle QP utilise un mouvement de la famille de calibres 82000. La réserve de marche est de 60 heures au lieu des 7 jours des calibres de la famille 52000. C'est un point non négligeable, surtout dans le contexte d'un QP. Mais la grande nouvelle se situe du point de vue esthétique avec une taille plus réduite (42mm) et une présentation plus épurée du cadran. Le rendu donne immédiatement la sensation d'être face à une montre plus raisonnable et très ordonnée. Je suis cependant moins convaincu par cette approche car j'aime beaucoup la version 44mm du QP avec la lune au sommet, l'affichage complet de l'année et l'indicateur de réserve de marche. Si l'approche plus sobre fonctionne très bien avec la 3 aiguilles, je trouve que ce Calendrier Perpétuel est devenu trop sage. Cependant, c'est très bien joué de la part d'IWC pour adresser une clientèle classique avec une version en acier proposée à un prix de 22.550 euros et en or rose à 32.350.

En étant plus simple, plus élégante, la Portugieser Calendrier Perpétuel perd peut-être trop de caractère:


La présentation du mouvement est très similaire à celui de la Portugiser Automatic 40:


Si IWC semble se focaliser sur le style classique de la collection Portugieser, il n'oublie pas non plus les montres plus polyvalentes avec la Portugieser Yacht Club Lune & Marées. C'est la première IWC à proposer cette indication des marées hautes et basses ce qui colle bien à l'esprit de la montre. Je n'ai pas la sensation qu'il y ait à la base une forte demande pour une telle complication mais je salue la démarche et la volonté de se démarquer. Le style de cette Yacht Club est beaucoup plus énergique avec un diamètre de plus de 44mm, un boîtier en or rose et un cadran bleu. Complication oblige, je retrouve avec plaisir l'affichage des phases de lune sur les deux hémisphères. A noter qu'IWC propose des versions de la Yacht Club chronographe avec des bracelets en acier ou bicolore répondant là aussi à des attentes de marché.

Une nouvelle complication voit le jour chez IWC:


Le bracelet de la Yacht Club Chronographe:


Du côté des pièces plus compliquées et exclusives, IWC présente la Portugieser Tourbillon Rétrograde Chronographe. J'aime beaucoup l'intégration de ces deux complications qui tirent profit de l'affichage particulier des fonctions chrono au sommet du cadran ce qui permet de loger le tourbillon à 6 heures. Par contre, je ne suis définitivement pas fan de cet affichage rétrograde de date que je trouve illisible. Pour tout dire, je préfèrerais nettement la montre sans. Le diamètre (43,5mm) correspond bien au style de la montre et j'aime la présentation du tourbillon volant. La Portugieser Calendrier Perpétuel Tourbillon n'est pas une évolution de la version 42mm de cette année même si elle présente des similitudes dans l'organisation du cadran. En effet, elle est animée par le calibre 51950 qui lui même dérive du calibre 51900 (Tourbillon Mystère Rétrograde). De fait, la montre récupère la longue réserve de marche de 7 jours, une taille plus généreuse (45mm) et l'affichage de la réserve de marche. J'apprécie cette montre avec son tourbillon au sommet même si je préfère le style de tourbillon de la Portugieser Tourbillon Rétrograde Chronographe. A noter que la version en or rose et cadran bleu est une édition boutique, tout comme avec d'autres modèles de la collection.

J'ai du mal à m'habituer à cette date rétrograde. D'ailleurs, la montre serait mieux sans:


J'aime plutôt les tourbillons au sommet du cadran:


Comme nous le savions déjà, la Portugieser Chronographe  est dorénavant équipée du mouvement de manufacture 69355. IWC s'inspire des couleurs du drapeau du Portugal pour donner une touche colorée et énergique à son modèle emblématique avec des versions à cadran Bordeaux et vert. Cette dernière est différente de la fameuse édition Boris Becker qui avait une graduation périphérique blanche. La Portugieser Automatique à 7 jours de réserve de marche récupère elle aussi le cadran Bordeaux. Il me tarde d'ailleurs de découvrir le rendu réel de ce cadran que je trouve très prometteur mais aussi plus clivant.

Festival de couleurs chez IWC:



Comme vous pouvez le constater, l'édition 2020 de Watches & Wonders fut très fertile pour IWC. Je considère qu'il s'agit d'un bon cru pour la marque ne serait-ce que par la présentation de la Portugieser Automatic 40 qui a tout pour devenir une pièce fondamentale dans la collection. Même si je persiste à penser qu'IWC dévoile trop de modèles et de versions, le renouvellement de la collection Portugieser s'est effectué de façon intelligente du point de vue commercial avec plus de simplicité et de sobriété pour les deux nouveautés les plus importantes. Et pour ceux qui aiment sortir des sentiers battus, les cadrans colorés et les pièces compliquées peuvent répondre à leurs attentes.