Girard-Perregaux dévoila la Quasar lors de l'édition 2019 de Watches & Wonders Miami (que cela semble loin...). Cette montre peut être définie comme la réinterprétation de la Néo-Tourbillon Squelette avec un boîtier en saphir. L'ambition de la manufacture était claire: il s'agissait de donner une dimension contemporaine à ce qui fait l'identité de la marque, les 3 ponts, afin de de lui impulser une dynamique et de rajeunir son image. La Quasar est incontestablement une belle montre avec un contraste important entre la structure du mouvement qui possède un traitement en PVD noir et le boîtier en saphir. Il se crée ainsi un jeu d'ombres et de lumières qui lui donne beaucoup d'originalité et de caractère. J'étais en revanche déçu lors de sa présentation par le fait que le mouvement n'était guère différent de celui de la Neo-Tourbillon Squelette ce qui donnait la sensation que seul le boîtier Saphir apportait quelque chose de nouveau.
La Quasar Light, qui vient d'être présentée, va jusqu'au bout du concept de transparence. Et elle m'apparaît bien plus aboutie. La différence fondamentale se situe dans l'approche esthétique de la structure du mouvement: les 3 ponts sont également fabriqués en verre saphir tandis que le reste de cette structure adopte cette fois-ci une teinte argentée et discrète annihilant ainsi tout l'effet de contraste de la Quasar. La structure est presque invisible car elle se fond dans l'ensemble. Elle se perçoit, on devine ses contours, ses formes, ses reliefs mais les éléments mobiles comme les aiguilles ou le balancier semblent flotter, maintenus par des fils imperceptibles.
Un élément cependant se distingue plus nettement que les autres: il s'agit du barillet en ruthénium. D'habitude, dans une montre squelette, le traitement du barillet est le point faible. Si on l'ouvre, la vue sur le ressort n'est pas des plus réjouissantes. S'il reste fermé, il apparaît comme une grande zone disgracieuse, contrastant avec la finesse ou les détails des autres composantes du mouvement. Girard-Perregaux saisit au contraire l'opportunité de cette surface pour mettre en scène un matériau extrêmement brillant qui apporte ainsi de l'énergie, qui casse le risque d'uniformité tout en conservant un style monochrome.
Le travail sur les ponts en saphir est remarquable. Ils donnent de la légèreté et du volume à l'ensemble et sont ainsi dignes du symbole de la Manufacture. Ils accompagnent harmonieusement le boîtier à l'exécution également irréprochable, résultat du façonnage d'un unique disque en verre saphir nécessitant plus de 200 heures de travail.
La dimension lumineuse et transparente de la Quasar Light est amplifiée par la forme "glassbox" du verre qui permet d'éclairer le mouvement en profondeur dans toutes les directions et y compris sur les côtés.
Le spectacle offert par le devant de la montre est vraiment magique. En fait, la Quasar Light est une montre très subtile. Rien ne saute aux yeux. Les détails, les animations se découvrent petit à petit et le tourbillon laisse le premier rôle aux effets de lumière qui sont divers et variés. Le tourbillon n'en demeure pas moins intéressant à observer car la zone autour est dégagée ce qui rend la révolution de la cage aérienne et légère.
Les aiguilles ont tout de même tendance à se fondre dans ce contexte brillant et lumineux et la lecture de l'heure peut se révéler difficile dans certaines conditions malgré leurs extrémités comportant de la matière luminescente. Girard-Perregaux aurait pu faire le choix de proposer un contraste plus fort mais la magie de la montre n'aurait pas été la même. Finalement, je pense que ces aiguilles sont la meilleure solution. J'aime beaucoup leur forme que je trouve contemporaine et adaptée.
L'arrière de la montre est tout aussi impressionnant que le devant et j'aurais presque tendance à penser qu'il l'est encore plus. La rencontre entre les rouages du mécanisme, les ponts ajourés et les éléments en saphir crée une atmosphère unique, à la fois technique, contemporaine et raffinée. Certes, le rendu peut sembler complexe face au côté bien plus ordonné du devant. Mais là aussi, la lumière joue un rôle majeur, rendant le mouvement encore plus beau à regarder.
Le mouvement GP09400 qui anime la Quasar Light possède des performances intéressantes avec une réserve de marche de 60 heures pour une fréquence de 3hz. Il est important de rappeler qu'il s'agit d'un mouvement automatique même si cela n'est guère perceptible de prime abord. En fait, la masse oscillante est coaxiale avec le barillet. Voici une façon élégante (et déjà fréquemment vue chez Girard-Perregaux) d'intégrer un rotor sans altérer l'esthétique du mouvement.
La Quasar Light est une très grande montre puisque son diamètre est de 46mm pour une épaisseur de 15,25mm. Pourtant une fois mise au poignet, je n'ai pas ressenti cette taille. C'est évidemment dû aux effets de transparence et au rendu lumineux de la montre. L'épaisseur est accentuée par la forme du verre mais comme ce dernier joue un rôle fondamental dans le pouvoir de séduction de la pièce, elle n'altère nullement le plaisir. Le diamètre n'est pas très problématique non plus. Je suis d'ailleurs habitué à une telle taille puisque possédant une Neo-Bridges. Le bracelet colle au boîtier, les cornes étant courtes et incurvées et la montre se porte avec confort car très bien maintenue par la boucle déployante. Mon seul bémol esthétique se situe au niveau des poils du poignet qui sont visibles à travers la zone sous le tourbillon.
J'ai été agréablement surpris par le rendu du bracelet gris métallisé. De façon générale, les bracelets des montres saphir sont très décevants comme si les marques avaient du mal à trouver la bonne cerise à mettre sur le gâteau. La couleur et la texture sont surprenantes et je me demandais si ce bracelet ne s'était pas échappé d'un film de science-fiction des années 70. Mais il fonctionne parfaitement avec la Quasar Light et rarement j'ai rencontré une combinaison aussi convaincante dans le contexte de ce type de montre.
La Quasar Light est selon moi une réussite. L'excellente qualité de son exécution en est une des raisons mais avec un prix de 300.000 CHF, je n'en attendais pas moins de la part d'une manufacture du niveau de Girard-Perregaux. Ce qui est pour moi déterminant est la sensation que la Quasar Light est une montre véritablement aboutie comme le prouvent les multiples jeux de lumière et les subtils rendus des ponts en saphir et du barillet en ruthénium. D'une certaine façon, elle ringardise presque la Quasar qui donne l'impression de s'être arrêtée au milieu du chemin. Je pense que Girard-Perregaux aurait peut-être dû attendre et sortir directement la Quasar Light. Du point de vue stratégique, cela aurait été plus pertinent car évitant une référence supplémentaire et la déception de certains clients qui pourraient se dire qu'il aurait mieux valu se positionner sur la Quasar Light que sur la Quasar tout court. Mais c'est ainsi, toutes les marques se doivent de présenter des nouveautés en permanence quitte parfois à aller trop vite.
Que Girard-Perregaux se rassure toutefois: la Quasar Light est à mes yeux une des plus belles références des montres Saphir.
Les plus:
+ la qualité de l'exécution comme en témoignent les ponts en saphir
+ les jeux de lumière, subtils et spectaculaires à la fois
+ la masse oscillante discrète
+ la couleur du bracelet, surprenante mais parfaitement adaptée
Les moins:
- la lisibilité dans certaines conditions
- les poils du poignet sont visibles dans la partie basse et cela dénature un peu l'esthétique générale
- les poils du poignet sont visibles dans la partie basse et cela dénature un peu l'esthétique générale