Depuis de nombreuses années, Chopard s'affirme comme une manufactures suisses les plus techniquement créatives et innovantes grâce à un très large catalogue de complications disponibles dans la collection L.U.C. En 2010, pour célébrer son 150ième anniversaire, Chopard présenta sa montre la plus compliquée, la L.U.C All-in-One dont le nom était idéalement choisi. En effet cette montre était une démonstration du savoir-faire de la Manufacture en regroupant de nombreuses complications affichées des deux côtés du boîtier. Le problème des montres "démonstratives" est d'être souvent imposantes et finalement peu élégantes, ressemblant plus à des pizzas très garnies qu'à des pièces raffinées. Chopard avait su éviter cet écueil grâce à des dimensions somme toute acceptables pour un tel type de montre (46mm de diamètre pour une épaisseur de 18,5mm) et à une lisibilité optimale du fait d'une répartition intelligente des affichages. D'ailleurs, le cadran de la L.U.C All-in-One se différenciait peu de celui d'une L.U.C Perpetual Tourbillon.
Chopard présenta une évolution de la LUC All-in-One lors de l'édition 2018 de Baselworld ce qui m'a permis de la revoir et d'apprécier de nouveau les compétences de la Manufacture. La nouvelle version ne se distingue de sa devancière que du point de vue esthétique car pour le reste, gabarit, mouvement, organisation des affichages, tout reste identique. Il faut dire que la montre était bien née.
La L.U.C All-in-One fait partie de la catégorie, rare, des montres aux affichages présents des deux côtés. Elle a été conçue de façon très pratique. Le cadran regroupe l'indication du temps, les données calendaires et le tourbillon. L'arrière de la montre est dédié aux fonctions astronomiques et à l'indicateur de la réserve de marche. J'apprécie donc beaucoup cette nette séparation entre les données utiles au quotidien et celles que je qualifierais de plus poétique.
C'est côté cadran que se trouvent les principales modifications esthétiques. Les chiffres romains du modèle initial ont été remplacés par des index fins et longs qui accompagnent parfaitement le guillochage du cadran. Ce guillochage, déjà présent sur le premier modèle, apporte une jolie dynamique sur le cadran comme des rayons de soleil qui émanent de la grande date. Le remplacement des chiffres romains par les index permet au cadran de mieux respirer et d'être, selon moi, plus harmonieux. L'autre modification consiste en la suppression de la date de création de Chopard qui était logée dans une zone rectangulaire sous la grande date et qui est dorénavant remplacée par l'inscription, plus discrète, de "chronometer".
Les forces du cadran de la L.U.C All-in-One sont réaffirmées. La montre est très lisible et surtout la complication du quantième perpétuel trouve tout son sens grâce à l'utilisation d'une grande date au sommet du cadran. Les autres affichages (jours, mois, années bissextiles, jour&nuit) sont clairement positionnés. Le tourbillon et la petite seconde occupent généreusement la zone inférieure du cadran. Concernant le tourbillon, j'apprécie particulièrement sa cage mais je dois avouer que je suis moins séduit par la forme du pont. J'aurais apprécié un pont plus discret. L'autre élément que j'aime moins est la forme des aiguilles même si elle apporte de l'originalité toute en étant typique du style Chopard.
Quoi qu'il en soit, le cadran est évidemment très bien fini, respectant les standards les plus exigeants de la Manufacture. Les index appliqués et le guillochage contribuent nettement à la qualité perçue. Sa couleur, dans la version en or rose, est plutôt originale puisqu'il s'agit d'un cadran vert-de-gris qui se marie bien avec le boîtier. La version platine possède un cadran bleu.
L'arrière de la montre s'inscrit dans la même démarche que celle de la partie visible. Le cadran dédié aux fonctions astronomiques est parfaitement réalisé et organisé de façon très rationnelle. J'aime beaucoup la répartition des indicateurs autour du superbe affichage des phases de la lune orbitale astronomique. Ainsi, les indicateurs de lever et du coucher du soleil sont un modèle du genre. Au sommet du cadran se trouve l'affichage de la réserve de marche qui est indispensable dans le contexte de la L.U.C All-in-One. En effet, le calibre à remontage manuel qui l'anime possède une réserve de marche de plus de 7 jours grâce à ses quatre barillets. D'ailleurs, la réserve de marche théorique est supérieure (plus de 210 heures) mais Chopard, pour des raisons de rendement, préfère communiquer sur la durée de fonctionnement optimal.
Compte tenu de la répartition des fonctions des deux côtés de la montre, le calibre L.U.C 05.01-L n'est pas visible. Il représente évidemment le meilleur de Chopard tant du point de vue technique que de celui des finitions (le mouvement respecte les critères du poinçon de Genève). Ses performances sont déjà de haut niveau. La réserve de marche de 7 jours est atteinte dans le cadre d'une fréquence élevée (4hz) tout en tenant compte des multiples complications à animer. De plus, malgré cette longue réserve de marche, le calibre est certifié chronomètre. Tous ces éléments montrent la qualité de conception et l'excellence de la réalisation.
La version 2018 de la L.U.C All-in-One est disponible en séries limitées en or rose et en platine de 10 pièces chacune aux prix de 360.000 et 374.000 euros. La sensation au porter est similaire à celle de la version initiale de 2010 puisque la montre se présente avec les mêmes dimensions de boîtier. La L.U.C All-in-One est une montre lourde, épaisse dans l'absolu mais les cornes incurvées et la boucle déployante permettent de bien la positionner sur le poignet. Parmi les montres très compliquées du marché, la L.U.C All-in-One m'apparaît comme étant une des plus faciles à porter.
La L.U.C All-in-One est donc pour moi un très beau porte drapeau des capacités de la Manufacture Chopard. Montre complexe, elle n'en demeure pas moins facile à vivre grâce à son excellente lisibilité et sa conception intelligente. Les légères évolutions esthétiques apportées en 2018 sont bienvenues et rendent le cadran plus aéré et agréable. La L.U.C All-in-One rappelle donc de façon convaincante que Chopard fait bel et bien partie des Manufactures qui comptent en Suisse.
Les plus:
+ une montre intelligemment conçue
+ la clarté des affichages
+ les performances du calibre L.U.C 05.01-L
+ les dimensions acceptables pour une montre de ce type
Les moins:
- le pont du tourbillon, trop présent visuellement
- la forme des aiguilles principales