Le Mans Classic est un événement d'une extrême importance pour Richard Mille. La marque horlogère y dévoile lors de chaque édition une pièce commémoratrice mais son engagement va bien au-delà de la présentation d'une nouveauté. Tout d'abord, Richard Mille n'est pas un simple sponsor mais le partenaire et le chronométreur officiel du Mans Classic. Ensuite, l'histoire de la marque est intimement liée à celle de l'événement automobile puisque Richard Mille est engagé depuis la première édition. D'ailleurs, un parallèle peut être fait entre les deux. Créées à peu près en même temps, les deux entités représentent aujourd'hui les références dans leurs domaines d'activité respectifs. Richard Mille est considérée comme la marque du segment de la haute horlogerie la plus audacieuse et, osons le dire, comme celle qui se porte le mieux. Le Mans Classic est de son côté le rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte pour tout passionné ou propriétaire d'un véhicule de course classique. Pendant 3 jours, Le Mans Classic célèbre les grandes heures de la mythique course d'endurance en mettant en scène des bolides prestigieux dans différentes catégories. On est loin d'un musée ou d'un sympathique concours d'élégance champêtre: les voitures évoluent sur le circuit comme aux plus beaux jours et c'est ainsi que les amateurs préfèrent les voir.
Enfin, un tel événement donne l'opportunité à Richard Mille d'inviter des collectionneurs du monde entier pour les plonger dans cette atmosphère mécanique unique qui mélange puissance et style, bien à l'image de la marque horlogère.
Cette année, comme ce fut le cas en 2012 et en 2016, c'est une RM11 qui sert de base à la définition de la montre de l'événement. En toute logique, après la RM11 de 2012, la RM11-02 de 2016, c'est la RM11-03 qui entre en piste en 2018. En soi, la RM11-03 Le Mans Classic n'est pas la montre Richard Mille la plus surprenante. D'abord parce qu'il existe déjà plusieurs déclinaisons de la RM11-03 qui devient petit à petit la montre de base du catalogue. Ensuite parce que le traitement esthétique est cohérent avec les montres précédentes dédiées au Mans Classic et notamment les montres de 2014 et 2016.
Une Richard Mille Le Mans Classic se distingue au premier coup d'oeil et cette RM11-03 n'échappe à la règle. Oublions la présence du logo de l'événement à 12 heures. Ce n'est pas la raison. Ce qui rend cette Richard Mille si reconnaissable est son jeu de couleurs qui combine un boîtier blanc et noir avec les touches de vert "british racing" à la fois sur le cadran, les poussoirs et la couronne. Si je prenais n'importe quel autre marque, une telle gamme chromatique serait très difficile à envisager. Mais avec Richard Mille, ça passe sans problème. En fait, une montre à dominante blanche est très difficile à réaliser. La force de Richard Mille est de proposer un blanc à la texture intéressante, non uniforme qui permet d'éviter l'effet "lavabo" trop lisse. La céramique blanche ATZ est pour moi une vraie réussite. Le rendu blanc est lumineux mais ne brille pas. Il offre un aspect technique cohérent avec l'esprit de la montre et la céramique est agréable au toucher. Le boîtier n'est cependant pas 100% blanc puisque la carrure est réalisée en carbone NTPT ce qui permet de casser un design qui aurait été trop uniforme. Et le mélange de matériaux qui correspondent harmonieusement est la marque de fabrique de Richard Mille.
Le lien avec Le Mans Classic ne se manifeste pas uniquement avec ces couleurs. La montre regroupe de nombreux détails qui apparaissent comme des clins d'oeil au sport automobile. Il suffit d'examiner les poussoirs dessinés comme des pédaliers, la couronne qui évoque un plateau d'embrayage, la forme des aiguilles et les graduations des compteurs, le tachymètre périphérique sur le rehaut... le tout évidemment dans le contexte d'un cadran ouvert qui renforce la dimension technique de la pièce. Les décrochages typiques du boîtier RM11-03 contribuent aussi à cette immersion dans l'univers des voitures de course.
Un des reproches habituellement formulés à l'encontre des montres Richard Mille et notamment des chronographes est la lisibilité incertaine des informations. Je ne suis pas d'accord avec ce point de vue. Les informations du chronographe sont visibles sans souci grâce aux contrastes entre les graduations, les aiguilles et le cadran ouvert. En ce qui concerne les deux aiguilles principales, le contraste est satisfaisant (sans être aussi net qu'avec les petites aiguilles) mais leurs formes et les extrémités luminescentes attirent l'oeil.
C'est une bonne nouvelle car on a tendance à l'oublier: la RM11-03 n'est pas un chronographe simple. La montre comporte plusieurs complications additionnelles comme un calendrier annuel (le mois étant discrètement positionné à 4h30) ou un compte à rebours à 9h. Enfin, le chronographe est flyback. A noter que le compteur des heures permet de totaliser jusqu'à 24 heures ce qui la distingue des autres RM11-03. Chez Richard Mille, le souci du détail compte toujours.
Sans surprise, le mouvement qui équipe la RM11-03 Le Mans Classic est le calibre automatique RMAC3. J'aime beaucoup la présentation de ce mouvement qui met en valeur son architecture et sa masse oscillante. La structure de la masse oscillante rappelle que son inertie peut être modifiée en changeant la position des ailettes. Cependant, cette opération nécessite l'intervention de l'horloger ce qui est dommage.
Les performances du mouvement (une base Vaucher qui alimente un module Dubois-Depraz) sont excellentes grâce aux solutions techniques et au double barillet dont le but n'est pas d'augmenter la réserve de marche (elle est toutefois correcte avec une durée de 55 heures pour une fréquence de 4hz) mais d'obtenir le meilleur couple et une stabilité du comportement. Usiné en titane grade 5 et traité PVD, le mouvement propose un très joli contraste entre la masse oscillante, les parties mobiles et les autres éléments.
Avec une taille de boîtier de 50mm x 44,5mm pour une épaisseur de 16,15mm, la RM11-03 Le Mans Classic ne peut pas être considérée comme une petite montre. Ce gabarit est même imposant et supérieur en largeur à la RM11-02 de 2016. Cependant, comme souvent chez Richard Mille, la montre se pose très efficacement sur le poignet et est parfaitement maintenue par le bracelet caoutchouc. De plus, la forme du boîtier et la fluidité des lignes rendent la montre élancée et plus "légère" visuellement parlant qu'elle n'est véritablement. Elle parvient aussi à offrir plus de caractère (selon moi) que la RM11-02 de 2016 grâce à l'évolution du boîtier. En revanche, je regrette la disparition de l'affichage du second fuseau, très pratique et très apprécié sur sa devancière de 2016.
La RM11-03 n'en demeure pas moins une vraie réussite et une nouvelle démonstration de savoir-faire. Une fois de plus, la montre fait mouche car elle est cohérente avec l'événement qu'elle célèbre. Le prix est bien entendu extrêmement élevé (plus de 180.000 euros TTC) mais, on y revient toujours, c'est le ticket d'entrée dans un club exclusif et dans un univers d'excellence, mélangeant technicité et style. Richard Mille a décidément la recette magique et il sait très bien que lorsque le produit est désirable, le prix devient moins problématique.
La RM11-03 est commercialisée dans le contexte d'une série limitée de 150 exemplaires.
La RM11-03 est commercialisée dans le contexte d'une série limitée de 150 exemplaires.
Les plus:
+ le rendu de la céramique blanche ATZ
+ la qualité des finitions
+ les performances du mouvement RMAC3
+ le confort au porter malgré le gabarit
Les moins:
+ l'inertie variable du rotor n'est réglable que par l'horloger
+ je regrette la disparition de l'affichage du second fuseau horaire de la montre de 2016