L'actualité de Zenith est très chargée cette année du point de vue technique avec la présentation à Bâle du mouvement El Primero 21 et celle d'un tout nouveau mouvement révolutionnaire à la rentrée, avec un tout nouveau type d'organe régulant à fréquence élevée et qui sera capable d'avoir un comportement constant sur tout le déroulé de la réserve de marche. L'avenir de Zenith, sous l'impulsion de Jean-Claude Biver et du tout nouveau CEO, Julien Tornare, se conjugue donc en priorité avec l'innovation et le contenu horloger ce qui est totalement cohérent avec ce qu'est la réalité de Zenith: une manufacture sans véritable montre iconique mais qui possède avec le calibre El Primero, un des mouvements mythiques du marché.
L'accent mis sur l'innovation et les performances prometteuses des nouveaux mouvements ne doit pas faire oublier qu'il y a une collection actuelle et des mouvements existants à faire vivre. Dans ce contexte, une des plus intéressantes nouveautés de Bâle cette année témoigne du soin apporté par Zenith dans le renouvellement de son catalogue. En effet, le Chronomaster El Primero Full Open 38mm fait partie des montres qui m'ont le plus séduit. Il n'apporte certes pas grand chose de nouveau du strict point de vue horloger. Il se situe même à des années lumière de l'effet surprenant provoqué par la Defy El Primero 21. Mais il constitue en revanche une évolution intéressante de l'approche plus classique de Zenith.
Pour être franc, il y a deux points fondamentaux qui me plaisent beaucoup. Sa taille tout d'abord. Si le Chronomaster El Primero Full Open est disponible en deux diamètres (38mm et 42mm), c'est bien le plus petit des deux qui est la plus convaincant et de loin. Pour une raison très simple: le diamètre du mouvement El Primero 400 (30mm) et les positions des axes des aiguilles se marient idéalement avec le boîtier de 38mm. L'exercice est évidemment plus périlleux dans la version 42mm et nécessite un positionnement différent du disque de date qui se retrouve en périphérie, entre les compteurs et la lunette. La version 38mm est visuellement plus équilibrée et comme de toutes les façons la présentation du cadran est similaire, elle ne perd pas en présence sur le poignet.
Le second point qui me satisfait grandement est la correction apportée par Zenith cette année sur l'ordre de priorité des sous-cadrans et que l'on retrouve bien entendu sur le Chronomaster El Primero Full Open. Comme les sous-cadrans se chevauchent plus ou moins selon leurs tailles, Zenith avait choisi dans le passé de positionner le sous-cadran des heures au-dessus de celui des minutes. La conséquence était néfaste puisque le sous-cadran des minutes étant mordu, la lecture de certains temps était rendue imprécise voire impossible. L'ordre logique est de retour et la lecture des temps mesurés est maintenant optimale.
Pour le reste, le Chronomaster El Primero Full Open 38mm procure beaucoup de plaisir. Le cadran ouvert permet de profiter de l'architecture du mouvement El Primero côté face et, une fois n'est pas coutume, elle est plutôt agréable à regarder. La lisibilité est préservée grâce aux graduations des compteurs qui se distinguent nettement et à la graduation périphérique. Les aiguilles sont soulignées par du superluminova qui apporte un meilleur contraste. Les index sont marqués de façon significative et apportent une touche de relief. Ils structurent par la même occasion le design qui aurait peut-être semblé confus en leur absence. A noter que ces index changent en fonction des deux déclinaisons de la montre: ils sont plaqués or pour la version bicolore à lunette en or rose et rhodiés pour la version en acier. J'aime la façon dont le disque de date a été traité avec un rendu "squeletté" des chiffres qui le rend plus discret. La date est d'ailleurs peu visible, se lisant lorsque les chiffres survolent une zone rouge. Cette solution me convient, se fondant harmonieusement dans l'esthétique du cadran.
Côté mouvement, Zenith a adopté la finition monochrome du mouvement El Primero 400. Je trouve que c'est une excellente idée dans ce contexte. En effet, elle est cohérente avec le rendu du mouvement côté cadran et souligne sans effet inutile la construction du mouvement. Ce dernier présente une finition industrielle mais soignée. L'absence de finitions élaborées n'est pas pour moi problématique dans ce contexte car le mouvement El Primero séduit avant tout par sa présentation plus que par sa décoration. J'aurais cependant aimé une masse oscillante plus valorisante même si elle se distingue suffisamment des autres éléments du mouvement. Les performances du calibre sont traditionnelles pour un El Primero à savoir une réserve de marche d'une cinquantaine d'heures pour une fréquence de 5hz. Ce mouvement fiable et précis offre un grand confort d'usage au quotidien grâce notamment à une excellente efficacité au remontage.
Le test au porter a validé l'impression donnée par la montre dès le départ: le diamètre de 38mm est non seulement suffisant mais il assure le bon équilibre esthétique. Le Chronomaster El Primero Full Open 38mm m'a séduit par sa présentation à la fois classique et contemporaine qui met en valeur la star de Zenith: le mouvement. Même si j'aurais préféré une inscription sur le verre plus discrète, je le considère comme une des plus nouveautés les plus réussies de la part de Zenith cette année.
Les plus:
+ un diamètre équilibré
+ l'ordonnancement des sous-cadrans est logique
+ les performances du calibre El Primero et le plaisir à l'usage qu'il procure
+ un style à la fois classique et contemporain
+ l'étanchéité à 100 mètres
Les moins:
- l'inscription sur le verre est un peu trop voyante à mon goût
- la masse oscillante aurait mérité un traitement plus valorisant