Je vais vous faire un aveu: malgré ses qualités, je suis plutôt insensible à la Tonda 1950. Peut-être que je la trouve trop sage malgré l'intérêt de son mouvement à micro-rotor. Avant le SIHH 2017, je me retrouvais donc dans la situation où Parmigiani avait du mal à me convaincre dans son entrée de gamme et dans son offre de montres à 3 aiguilles. Mais tout a changé avec la présentation de la Toric Chronomètre. Certes, comme elle n'est actuellement disponible qu'en or, son prix se situe bien au-delà de la Tonda 1950 en acier. Mais elle devient une proposition crédible dans le segment très encombré des montres simples de haute horlogerie.
La Toric, première montre dessinée par Michel Parmigiani, est généralement dédiée aux complications prestigieuses de la marque. Cependant, la simplicité lui va à ravir et elle a même tendance à profiter pleinement de cette approche très épurée. Le style Topic possède en effet des éléments caractéristiques comme sa lunette cannelée et ses aiguilles Javelot et ces éléments sont mis en valeur par cette sobriété de bon ton. Certes la luminescence sur les aiguilles peut surprendre dans le contexte d'une montre habillée alors que les autres composantes de la lecture du temps n'en possèdent pas. Mais ce détail est bien à l'image de ce qu'est cette Toric: sage mais pas trop. De plus, la position des aiguilles suffit à deviner l'heure dans le noir même en l'absence de repères.
Le travail sur le boîtier, disponible en or gris ou en or rose, est particulièrement réussi. La lunette cannelée attire immédiatement le regard mais elle ne doit pas faire oublier les lignes élancées du boîtier. Avec un ratio diamètre (40,8mm) sur épaisseur (9,5mm) plutôt élevé, la montre semble fine sans toutefois perdre du caractère et de la présence sur le poignet. J'aime le travail sur les cornes qui sont à la fois galbées et nerveuses. La cannelure est dans le contexte de la Toric Chronomètre simple et étroite alors que certaines Toric compliquées du passé pouvaient en proposer des doubles et rendre la lunette épaisse. De fait, l'ouverture du cadran est ici harmonieuse contribuant à la sensation générale d'équilibre.
Le cadran est faussement simple et permet aussi de retrouver des détails typique du style Toric comme la forme des chiffres. La minuterie périphérique est allégée afin d'aérer le cadran. Elle offre ainsi une excellente lisibilité et devient le complément idéal de la grande trotteuse qui prend tout son sens dans une montre chronomètre. Deux couleurs de cadran sont disponibles avec les deux matériaux du boîtier: soit blanc grené, soit noir. Le cadran grené est très intéressant car il apporte une petite touche d'originalité du fait de sa texture. J'ai également apprécié son rendu "ivoire" qui lui permet de se marier particulièrement bien avec le boîtier en or rose. Le cadran noir est plus traditionnel et son meilleur compagnon est le boîtier en or gris. Dans chacun des cas, Parmigiani prit la décision d'insérer un guichet de date à la forte présence visuelle. Le guichet de date, je m'en passe aisément et je pense que cette montre à l'esprit chronométrique aurait pu exister sans. Comme toujours, les contraintes commerciales et l'aspect pratique imposèrent sa présence. Le guichet se détache nettement du cadran pour plusieurs raisons: sa couleur contraste avec celle du cadran, il est particulièrement large et il est joliment entouré par une fine applique en or rose. Je n'aime généralement pas ces guichets en éventail qui affichent plusieurs chiffres mais la recette fonctionne ici. D'abord parce que ce type de guichet est cohérent avec le style Parmigiani, ensuite parce qu'il est à l'image de la Toric Chronomètre en apportant une touche de caractère. Les aiguilles Javelot et la trotteuse au contre-poids en croissant de lune complètent avec élégance et singularité le spectacle réussi proposé par le cadran.
Les designers ont bien travaillé puisque côté cadran, je n'ai pas ressenti le fait que le mouvement PF331, d'un diamètre de 25,6mm est petit pour le boîtier. C'est évidemment visible à l'arrière de la montre qui propose un fond transparent, sans que cela soit véritablement choquant. L'utilisation du mouvement PF331 est un gage de fiabilité et de pérennité. Ce mouvement de base est utilisé depuis plus de 15 ans par Parmigiani et il a fait ses preuves sur la durée. Il est équipé d'un double-barillet dont l'objectif principal est de donner du couple, plus que d'augmenter la réserve de marche (de 55 heures). Sa fréquence est de 4hz. Il est décoré avec sobriété et avec soin. J'apprécie notamment la décoration de la masse oscillante en or et la continuité des Côtes de Genève. L'indication "chronomètre" pourtant présente côté cadran se retrouve aussi à l'arrière de la montre. Une preuve que la certification COSC est un élément important dans la démarche de Parmigiani.
Mes versions préférées de la Toric Chronomètre sont celles à cadran blanc grené en or rose et à cadran noir en or gris. L'une est chaleureuse, l'autre est sobre et discrète. Cependant, chaque version possède suffisamment de charme pour être séduisante. Dans tous les cas, j'ai été très convaincu par ce cocktail bien dosé entre simplicité et originalité. Le parcours de la grande trotteuse procure beaucoup de plaisir et les détails du boîtier et du cadran rendent la montre passionnante à observer. Une vraie réussite de la part de Parmigiani.
Merci à l'équipe du Salon Parmigiani de Paris - Palais Royal.
+ une réussite esthétique combinant élégance et originalité
+ le mouvement PF331, fiable et éprouvé
+ la certification COSC
Les moins:
- le mouvement est petit pour le boîtier