La 1815 Rattrapante Calendrier Perpétuel est une des plus belles montres du catalogue actuel de Lange & Söhne. Elle est une nouvelle preuve qu'au sein de la manufacture saxonne, les choses se font différemment. Alors qu'elle combine des complications qui se retrouvent dans d'autres montres, elle a fait l'objet d'un développement spécifique qui la rend très éloignée de ce qu'aurait pu être une synthèse entre un Double-Split et un Datograph Perpetual.
Cette montre possède d'ailleurs une particularité qui la rend unique chez Lange & Söhne: elle est la seule, depuis la renaissance de la marque, à afficher les quantièmes sans le double-guichet de grande date. J'aime beaucoup son cadran, inspiré par celui des montres de poche, que je trouve équilibré et lisible, malgré la multiplication des informations. J'apprécie notamment la présentation de l'affichage des phases de lune qui n'apparaît pas écrasé comme c'est le cas sur le Datograph Perpetual ainsi que l'indicateur de la réserve de marche (de 42 heures) à douze heures.
L'architecture du mouvement est, comme avec tout mouvement chronographe en provenance de chez Lange & Söhne, magnifique même si la sensation de profondeur est moindre qu'avec un Double-Split. Le mécanisme de rattrapante se distingue nettement ainsi que les deux roues à colonne.
Le boîtier possède des dimensions raisonnables compte tenu de la complexité de la montre avec un diamètre de 41,9mm et une épaisseur de 14,7mm. La montre ne peut pas être considérée comme élancée mais elle n'en demeure pas moins harmonieuse.
Quintessence de l'horlogerie classique et parfaite représentante de ce qu'est une pièce de haute horlogerie compliquée et traditionnelle, la 1815 Rattrapante Calendrier Perpétuel est vendue avec un bracelet en croco marron dans sa version en or rose. Rien de bien surprenant, je retrouve l'habituelle combinaison de chez Lange. Elle est évidemment de très bon goût mais il faut l'avouer, sans grande prise de risque. D'ailleurs, aucune de mes Lange n'a conservé son bracelet d'origine, qu'il soit noir ou marron. Ils m'ennuient et j'ai toujours eu envie de rendre ces montres moins formelles. Heureusement, l'équipe Lange Europe de l'Ouest a eu l'excellente idée d'habiller cette 1815 Rattrapante Calendrier Perpétuel, ainsi que quelques autres représentantes de la collection (toutes en or rose), avec des bracelets réalisés pour l'occasion par Camille Fournet afin de donner plus d'énergie et de casser un peu les codes, parfois trop rigides, de la manufacture. Pour l'occasion, Alexander Kraft, PDG de Sotheby's International Realty France-Monaco, s'est prêté au jeu et a apporté son oeil aiguisé de dandy et d'ambassadeur d'élégance et de style pour définir les textures, les formes et les couleurs des bracelets. Le résultat est parfois surprenant mais toujours raffiné. Dans tous les cas, les bracelets apportent une nouvelle dimension aux montres en les plongeant dans une atmosphère différente et ont tendance à atténuer l'impact de l'or rose, certaines pièces ayant même un rendu proche de celui de l'or miel.
La combinaison la plus spectaculaire est celle réalisée avec la 1815 Rattrapante Calendrier Perpétuel car la couleur orange dynamite le côté sage et bien rangé de la pièce. Le rendu lisse est également surprenant tout comme l'épaisseur du bracelet qui s'explique par la hauteur du boîtier. Mais quel plaisir de mettre cette montre au poignet! La bracelet se révèle être très souple et le confort en devient amélioré par rapport à un croco neuf qui est toujours rigide au départ. Et puis, le fait de ranger au placard la sempiternelle combinaison marron - or rose est pour moi jouissif! Enfin, cette audace, cette énergie rendent comme par hasard la 1815 Rattrapante Calendrier Perpétuel encore plus désirable.
Tout cela me fait dire que les marques ont tort de négliger de façon générale le sujet des bracelets, restant dans les couleurs et textures ultra balisées. D'ailleurs, j'observe de plus en plus qu'en boutique, les vendeurs osent des combinaisons plus risquées avec des couleurs plus tranchées pour présenter les montres en vitrine. Cela ne nuit pas à l'image des marques qu'ils représentent bien au contraire: cela dépoussière le style, attirant ainsi une clientèle plus jeune et plus féminine. Dans un contexte où l'offre horlogère s'éloigne de plus en plus des aspirations de cette nouvelle clientèle qui constitue le potentiel commercial de demain, il serait temps que les marques comprennent que l'absence de prise de risque n'est pas la solution. C'est la raison pour laquelle je salue la démarche de l'équipe Lange Europe de l'Ouest qui a bien compris cet enjeu.
Les différentes montres habillées par les bracelets Camille Fournet créés avec Alexander Kraft sont disponibles à la boutique Lange & Söhne de la rue de la Paix.