Une des Portugaises (maintenant dénommées Portugieser) d'IWC préférées des collectionneurs est sans aucun doute le chronographe à rattrapante qui malheureusement n'est plus dans la collection depuis de nombreuses années. Du point de vue visuel, cette montre se distinguait du chronographe automatique essentiellement par son poussoir à 10 heures. Mais son principal attrait était le traitement de la complication, une des plus complexes à réaliser. Le mouvement qui l'équipait était le calibre 76240 basé sur un mouvement Valjoux 7760 à remontage manuel sur lequel était rajouté, côté ponts, le module à rattrapante développé par Richard Habring lorsqu'il travaillait chez IWC.
L'excellente nouvelle est que l'ouverture de la troisième boutique IWC en Italie, à Milan, marque le retour de la Portugaise chronographe à rattrapante par le biais d'une série limitée à 100 exemplaires en or rose. Du point de vue mécanique, le mouvement utilisé est de nouveau le 76240 et c'est la raison pour laquelle la montre offre exactement les mêmes caractéristiques techniques que les modèles antérieurs: le poussoir de la rattrapante est à 10 heures, la fréquence du mouvement est de 4hz et sa réserve de marche de 48 heures. Le 7760 a été retravaillé pour obtenir la présentation traditionnelle du cadran des Portugaises chronographes à savoir le totalisateur des minutes dans le sous-cadran supérieur et la trotteuse permanente dans le sous-cadran inférieur. La montre n'a toujours pas de guichet de date ce qui évidemment contribue à la réussite esthétique de l'ensemble.
La Portugaise chronographe à rattrapante série limitée Barozzi:
Credits: watchuwant.com
En fait, la spécificité de la série limitée est son cadran que je trouve particulièrement réussi. Il combine une échelle tachymétrique centrale avec une échelle télémétrique périphérique. La présence de ces deux échelles donne à la Portugaise un côté "chronographe vintage" très agréable tout en conservant le style inhérent à la collection qui se manifeste avec les aiguilles feuille et les chiffres arabes appliqués.
Ce n'est pas la première fois qu'IWC utilise ce cadran puisqu'il a été déjà été mis en oeuvre dans le cadre d'une série limitée, déjà italienne, dédiée au détaillant de Brescia, Orologi Barozzi (et à l'époque disponible en acier). La Portugaise Barozzi possédait une palette de couleurs finalement... très française: un cadran blanc, des chiffres et des aiguilles bleu et des touches de rouge sur l'échelle tachymétrique. La palette chromatique de la série limitée de Milan est différente. Le cadran est d'un bleu profond extrêmement réussi. Les chiffres et les aiguilles en or rose se marient avec le boîtier et les inscriptions demeurent discrètes. La montre est ainsi beaucoup plus raffinée et élégante que la Portugaise Barozzi qui jouait plutôt la carte de la décontraction. De plus, compte tenu de sa couleur dominante, j'imagine que sa taille perçue est inférieure à celle à cadran blanc, les diamètres du boîtier demeurant identiques (41mm) et ce quelque soit la version de la Portugaise chronographe à rattrapante.
Mon seul regret concernant la série limitée de Milan est le fond plein. Certes, il n'est pas désagréable puisqu'il propose une gravure de la vouivre (biscione) de la maison Visconti. J'aurais cependant apprécié de pouvoir observer le mécanisme de rattrapante de Richard Habring et sa "pince de rattrapante" particulière comme une série limitée dans le passé en donna l'occasion.
Ce regret n'altère pas mon opinion extrêmement positive sur cette montre. En effet, je la considère comme une des plus belles IWC de ces dernières années. La combinaison du bleu et de l'or rose est magique et la présentation du cadran ne fait que renforcer la beauté de la pièce. La boutique de Milan ne pouvait pas rêver d'un plus beau porte-drapeau pour démarrer son activité.
La Portugaise chronographe à rattrapante dédiée à la boutique de Milan est vendue au prix de 21.500 euros TTC.
Les plus:
+ le retour de la Portugaise chronographe à rattrapante
+ un module développé par un horloger de renom
+ la beauté du cadran
+ l'harmonie entre le cadran et le boîtier en or rose
Les moins:
- j'aurais aimé pouvoir apprécier le module à travers un fond transparent
- un bracelet navy était peut-être mieux indiqué qu'un bracelet noir mais cela se change facilement