Il est toujours étonnant de découvrir l'existence d'une montre en la voyant pour la première fois chez un détaillant. C'est pourtant l'expérience qui m'est arrivée il y a quelques jours au sein de la boutique Bucherer de Paris en apercevant une Roger Dubuis Hommage Automatique bien particulière. En effet, elle se distinguait par son cadran ouvert, bien éloigné du cadran guilloché de la collection.
S'il fallait résumer en quelques mots la collection Hommage, je dirais qu'elle symbolise le retour de la marque vers le classicisme des débuts incarné par les montres "Bulletin d'Observatoire" avec toutefois une approche esthétique un peu plus démonstrative comme le prouve le guillochage du cadran. Loin de l'exubérance des Excalibur et d'une approche plus facile que les Monégasque, les montres issues de la collection Hommage constituent cependant elles aussi une belle démonstration du savoir-faire de la marque avec des finitions soignées confirmées par le poinçon de Genève.
Le reproche que je pourrais formuler à l'encontre des montres Hommage est la personnalité affirmée du cadran qui peut être lassante à plus ou moins long terme. Le guillochage est très présent et a tendance à casser la dimension intemporelle des montres de la collection. En soi, ce n'est pas un problème puisqu'il vaut mieux, selon moi, un trop-plein d'énergie qu'une pièce qui ne dégage aucune émotion. Je pense malgré tout que les montres Hommage ont plus vocation à compléter des collections qu'à en constituer des bases.
La version à cadran ouvert effectue un virage esthétique à 180 degrés. Le guillochage disparaît mais, Roger Dubuis oblige, il ne fallait pas s'attendre à un cadran tout simple à la place. La manufacture genevoise prit la décision d'ouvrir des portions du cadran pour donner une dimension plus technique à la montre. Le résultat est surprenant et fonctionne plutôt bien. Ce n'était pas gagné d'avance: le côté cadran d'un mouvement n'est pas ce qu'il y a de plus passionnant. Heureusement, pour des raisons de lisibilité et pour des choix esthétiques, le cadran propose une alternance entre zones ouvertes et zones pleines. Le perlage, qui aurait pu être très lourd visuellement parlant, devient un élément décoratif agréable. L'anneau des heures et la graduation périphérique facilitent grandement la lisibilité de l'heure toute en donnant une dimension circulaire au design du cadran.
L'ensemble est ainsi séduisant mais, tout comme son alter ego à cadran guilloché, une telle montre peut lasser si elle est portée quotidiennement. Je la considère plus comme une alternative originale à une montre habillée traditionnelle et je la réserverais pour des circonstances particulières. Car du caractère, elle n'en manque pas comme l'attestent son boîtier relativement imposant de 42mm et ses aiguilles épaisses. Magie de l'ouverture du cadran et de sa décoration, le fait que la trotteuse soit placée trop près du centre est moins perceptible dans cette version.
Le mouvement qui anime cette version de l'Hommage Automatique est le calibre à micro-rotor RD620, le même évidemment que celui de la version à cadran guilloché. Ce mouvement propose une réserve de marche de 52 heures et possède une très bonne efficacité au remontage pour un micro-rotor. Son rendu visuel est agréable et ses finitions sont irréprochables. Cependant, j'aurais aimé une présentation plus réjouissante du micro-rotor. Une montre de ce niveau (et de ce prix, autour de 28K€), mériterait un rendu visuel plus valorisant du mouvement. Ce défaut n'est pas rédhibitoire mais un peu plus d'audace côté mouvement n'aurait pas nui et surtout aurait été cohérent avec l'approche esthétique du cadran.
Cette Roger Dubuis Hommage Automatique reste malgré tout une montre plutôt convaincante car elle parvient à donner une nouvelle dimension à la collection Hommage tout en conservant une dose d'originalité.
Merci à l'équipe de la boutique Bucherer à Paris.
Les plus:
+ une approche esthétique qui renouvèle la collection Hommage
+ des finitions soignées
+ le plaisir d'un calibre automatique à micro-rotor
Les moins:
- la présentation du mouvement pourrait être plus audacieuse
- la trotteuse est proche du centre du cadran même si cela se voit moins sur cette version