SevenFriday ne peut plus maintenant être considérée comme une nouvelle marque, étant installée dans le paysage horloger depuis plusieurs années. Se distinguant par sa singularité et sa stratégie de distribution et de communication basée sur les médias sociaux, l'enjeu pour SevenFriday est de trouver une nouvelle dynamique pour poursuivre sa lancée et pérenniser la marque. C'est dans ce contexte que vient d'être dévoilé le nouvel opus de la collection: la V-Series.
Cette nouvelle série est en fait la troisième et il est intéressant de remarquer que chacune des séries a symbolisé une progression pour SevenFriday:
- la P-Series, à l'affichage du temps classique, se distingua avant tout par son design original,
- la M-Series proposa un affichage alternatif, fondé sur l'utilisation de disques mais qui reprenait un concept utilisé relativement fréquemment dans les années 70,
- enfin la V-Series marque l'arrivée d'un affichage exclusif et unique en son genre.
Cette progression s'est faite tout en bâtissant et en conservant ce qui est le plus difficile à acquérir: une identité de marque. Pour SevenFriday, au-delà de l'approche esthétique particulière basée sur la forme du boîtier "carré arrondi" reconnaissable au premier coup d'oeil et sur un cadran à l'atmosphère technique, cette identité s'est également développée sur l'utilisation d'un calibre automatique Miyota et d'une production en Chine, le tout permettant d'obtenir des prix de vente attractifs. La cible visée par la marque a toujours été une clientèle plus orientée vers le design et le lifestyle que vers le contenu horloger et la provenance des éléments constitutifs de la montre.
Je pense qu'il va falloir dorénavant trouver une nouvelle qualité à cette clientèle: celle d'aimer le calcul mental. Car telle est la principale caractéristique de la V-Series: basées sur des affichages des secondes et des heures qui n'occupent qu'un segment du cadran, les 2 montres de la V-Series, la V1-01 (celle en photo) et la V1-02 proposent à leurs propriétaires une petite gymnastique intellectuelle pour lire l'heure.
Oubliez l'aiguille des minutes: ces dernières se lisent comme sur n'importe quelle autre montre traditionnelle. La singularité se trouve donc au niveau du secteur supérieur droit de 120 degrés dédiés aux heures. Elles se lisent grâce à la combinaison de deux éléments: le disque rotatif central comportant les 3 inscriptions suivantes: 0+, 4+ et 8+ et la graduation entre 0 et 4 qui intègre également l'affichage des quarts d'heure. L'effort à effectuer est d'additionner le chiffre du disque rotatif avec celui de la graduation qui se trouve en face. Sur la première photo, le 8+ est quasiment en face du 3ième quart de l'heure 0. Il est 8+0 = 8 heures. L'affichage jour/nuit précise s'il s'agit une heure de la journée ou de la nuit. Dans ce cas précis, il est 8 heures du soir. L'aiguille des minutes est en face de la 41ième graduation. Il est 8h41. Enfin, le principe des heures se retrouve avec les secondes. Nous sommes dans la 40+10 = 50ième seconde.
Etrangement, ce ne sont pas les heures et les secondes qui m'ont posé problème. Très rapidement, l'astuce est comprise et leur lecture devient presque naturelle. J'ai finalement été plus troublé par les minutes, pourtant le seul affichage traditionnel! En effet, l'absence de repère (la graduation périphérique ne comporte aucun chiffre) et la design du cadran, totalement décalé, font que j'ai eu tendance à me tromper de quelques minutes. C'est là le paradoxe: l'originalité prend le pas sur le classique, notre cerveau intègre la nouveauté et connaît alors une difficulté avec l'aiguille habituelle. J'imagine cependant qu'avec le temps ce problème s'estompe et n'oublions pas que les graduations des quarts sur le secteur supérieur droit apporte aussi une aide. L'aiguille des minutes devient presque optionnelle.
J'ai beaucoup aimé la finition du cadran et ses différents niveaux donnant un sentiment de profondeur qui contribue à la qualité perçue. J'ai été moins séduit en revanche par l'ouverture sur le mouvement qui n'apporte pas grand chose selon moi.
La finition du boîtier en acier est elle aussi excellente pour le prix de la montre. Sa forme est impressionnante, plus rectangulaire par rapport aux deux séries précédentes avec les deux décrochages latéraux sur la carrure gauche. La lunette supérieure brossée permet d'adoucir le côté un peu brillant et clinquant. Car, il ne faut pas oublier que le gabarit de la V-Series est, tout comme celui de ces devancières, impressionnant: 44,3 x 49,7mm! Heureusement, la montre demeure relativement fine avec une épaisseur totale de 11,3mm. Comme en plus une montre de forme a tendance à apparaître plus grande qu'une montre ronde, je vous laisse deviner l'impression visuelle qu'elle dégage. Vous pouvez de toutes les façons faire le test via le site de SevenFriday qui permet l'impression d'une montre à taille réelle pour une simulation d'un test au porté. Le bracelet relativement rigide au début m'en empêché d'être totalement convaincu par le confort une fois mise au poignet. La boucle avait du mal à être centrée et la montre avait la fâcheuse manie de basculer. Avec l'assouplissement du bracelet, le confort doit s'améliorer grâce à une meilleure position de la montre sur le poignet.
Une fois n'est pas coutume, un des points les plus intéressants se trouve sur le fond plein du boîtier. Une infographie rappelle l'origine des éléments constitutifs de la montre. La fabrication chinoise tout comme l'origine japonaise du mouvement sont fièrement affichées. J'aime beaucoup cette démarche gentiment décomplexée dans un monde horloger qui reste très secret sur la véritable poids de tel ou tel pays dans le prix de fabrication des montres. L'originalité du message de SevenFriday se retrouve donc aussi dans ce souci de transparence.
La V-Series m'a au bout du compte globalement convaincu en allant plus loin dans l'affichage alternatif du temps que les séries précédentes. La qualité de fabrication est réelle et le rendu visuel impactant. En revanche, compte tenu de la taille et de la forme du boîtier, elle s'adresse à des personnes qui souhaitent porter une montre peu discrète et qui ont le poignet adapté.
Merci à l'équipe de SevenFriday France.
Les plus:
+ un affichage du temps original et exclusif
+ une évolution du style de la marque tout en gardant ses fondamentaux
+ la qualité de l'exécution
+ l'infographie au fond du boîtier
Les moins:
- le confort au porté lorsque le bracelet est trop raide
- l'ouverture du cadran sur le mouvement, pas indispensable
- l'affichage alternatif des heures et minutes trouble un peu la lecture des minutes, pourtant traditionnelle