Depuis plusieurs années, IWC a pris l'habitude de revisiter une collection de son catalogue à chaque SIHH et 75ième anniversaire oblige, celui de 2015 fut placé sous le signe de la Portugaise. Ou plutôt "Portugieser" car telle est dorénavant l'appellation officielle de la collection composée d'une vaste gamme de montres, allant de la trois aiguilles simple à la Grande Complication. Si nous retrouvons en son sein des grands classiques de la marque, pour ne pas parler d'icône comme le chronographe automatique, la surprise fut de découvrir une toute nouvelle complication qui profita de l'occasion pour faire son entrée, non seulement dans la collection mais dans le catalogue: le calendrier annuel. Il est intéressant de remarquer que cette complication, finalement assez peu représentée au sein des manufactures il y a quelques années, s'est petit à petit développée pour devenir dorénavant presque un incontournable de toute marque sérieuse qui se respecte. Considéré auparavant comme une sorte de calendrier perpétuel dégradé, le calendrier annuel apparaît aujourd'hui comme une complication utile (pour reprendre la terminologie d'une célèbre manufacture genevoise) qui possède la vertu de nécessiter qu'un seul réglage par an du quantième lors du passage au 1er mars. Et ceci, avec un tarif bien plus raisonnable que celui du calendrier perpétuel.
La Portugieser Calendrier Annuel est une montre qui m'a beaucoup plu car IWC a eu l'intelligence de lui réserver une organisation de cadran spécifique. A ce titre, elle ne ressemble pas aux deux Calendriers Perpétuels de la collection (le classique et celui à date et mois digitaux) et se rapproche esthétiquement de la Portugieser Automatique avec ses deux sous-cadrans de trotteuse et de réserve de marche placés horizontalement. Ce dernier indicateur témoigne d'ailleurs des performances du mouvement de manufacture 52850 qui grâce à sa réserve de marche de 7 jours trouve avec une montre calendrier un contexte idéal.
Le principal atout de la Portugieser Calendrier Annuel est sa lisibilité. L'affichage des données du calendrier (les mois, les quantièmes et le jour de la semaine) est concentrée sur la partie supérieure du cadran grâce à trois guichets formant un arc de cercle. Même si pour moi en tant que français ces données sont positionnées à l'envers avec le mois en premier et le jour en dernier, le fait de les retrouver alignées est indéniablement très agréable. Le cadran profite par la suite de la dimension généreuse du boîtier (44,2mm de diamètre) pour distiller les éléments de design traditionnels de la collection Portugieser: le chemin de fer de la minuterie, les chiffres en relief sans oublier les aiguilles feuille. En revanche, spécificité de cette montre, le nom de la marque est positionné dans la partie inférieure du cadran, guichets du calendrier oblige. La finition du cadran respecte les standards de la marque et est donc excellente surtout dans sa version à cadran bleu acier (l'autre cadran disponible avec le boîtier acier étant l'argenté).
La partie arrière de la montre est également convaincante grâce à la présentation du mouvement 52850 à double-barillet et à remontage automatique Pellaton. Certes, sa décoration n'est pas exceptionnelle (sa seule coquetterie étant le médaillon en or sur la masse oscillante) mais c'est un calibre qui impressionne par sa taille et son architecture. D'un certain côté, son rendu industriel colle bien avec sa présentation. Et je dois avouer que de nos jours, le fait de profiter d'un mouvement dont la taille est cohérente avec celle d'un boîtier de 44,3mm est un plaisir rare. Le balancier semble en revanche un peu petit dans cet environnement mais cela peut s'expliquer par la fréquence de 4hz et la longue réserve de marche obtenue sans que la montre n'ait la dimension d'une assiette à pizza.
Si la Portugieser Calendrier Annuel a la vocation d'incarner une certaine élégance, elle n'en demeure pas moins imposante au poignet. Plus que son diamètre, finalement pas choquant grâce à l'organisation du cadran, c'est son épaisseur (15,3mm) qui m'a le plus dérangé. Les proportions restent cependant harmonieuses compte tenu d'un rapport diamètre/épaisseur raisonnable. Mais clairement la montre veut dégager de la présence. IWC a veillé à préserver son confort au porter et à la rendre portable y compris pour les poignets plus modestes en proposant des cornes courtes et très courbées. Le résultat est à ce niveau très satisfaisant puisque la Portugieser Calendrier Annuel se positionne bien et ne bouge pas malgré son gabarit. Pour se rendre compte de l'impression visuelle qu'elle donne, imaginez une Portugieser Automatique avec un peu d'embonpoint et vous obtenez une représentation assez fidèle.
IWC n'avait pas le droit de se rater avec sa nouvelle collection Portugieser puisqu'il s'agit de la pierre angulaire de son catalogue. La réussite de cette Portugieser Calendrier Annuel prouve que la marque s'est donnée les moyens de son ambition. L'adjonction de la nouvelle complication fonctionne parfaitement et l'intégration de l'affichage des données du calendrier sur le cadran est un modèle du genre. Je retrouve donc à travers cette montre l'IWC que j'aime, c'est-à-dire qui parvient à conserver un style esthétique élégant et reconnaissable tout en proposant un contenu horloger solide.
Merci à l'équipe IWC pour son accueil au SIHH 2015.
Les plus:
+ l'intégration de la complication et la lisibilité des données du calendrier
+ les performances et la présentation du mouvement 52850
+ la finition du cadran
+ la beauté du cadran bleu acier
Les moins:
- le gabarit de la montre et notamment son épaisseur