Le mouvement 3255 et l'approche stylistique inédite incarnée par la Yacht-Master à bracelet Oysterflex ont malheureusement un peu relégué au second plan les nouvelles Oyster Perpetual dorénavant disponibles avec un diamètre de 39mm. Il faut cependant prendre conscience que ces montres possèdent une importance stratégique pour Rolex car faisant partie de son entrée de gamme. Cette importance est d'ailleurs mise en lumière par le profond travail de refonte effectué autour de la collection Oyster Perpetual qui prend petit à petit du poids au sein du catalogue.
Une Oyster Perpetual, c'est une sorte de concentré de tout ce qu'une montre Rolex est sensée représenter: elle est étanche, esthétiquement polyvalente, simple, efficace et robuste. Ces dernières années, Rolex a donc construit cette collection qui doit représenter la façon la plus naturelle et la plus abordable de rentrer dans l'univers de la marque à la couronne. C'est la raison pour laquelle jusqu'à cette année 4 tailles (26-31-34-36mm) étaient déjà disponibles sans oublier la multitude de combinaisons possibles au niveau des cadrans. Cependant, il manquait incontestablement un boîtier avec une taille plus conforme aux attentes de la clientèle notamment masculine. Certes, le catalogue Rolex ne manque pas de modèles autour des 40mm de diamètre qui peuvent être considérés aujourd'hui comme la dimension standard d'une montre pour homme. Mais les Submariner, Milgauss ou autre Explorer sont des montres très marquées par leurs vocations premières, leurs styles caractéristiques et peuvent ne pas répondre aux souhaits de certains à la recherche de pièces plus homogènes les accompagnant en toute circonstance. Quant à la Datejust II, son design plus imposant et les maillons centraux polis du bracelet peuvent la rendre plus difficile à porter.
Dans ce contexte, la présentation des Oyster Perpetual d'un diamètre de 39mm n'est pas une véritable surprise. Cette évolution vers une taille plus contemporaine était attendue mais encore fallait-il que la mayonnaise prenne et que Rolex évite un effet de double-emploi avec des références existantes. Et comme souvent avec Rolex, ce sont les petits détails qui font la différence et qui expliquent la réussite de ces nouveaux modèles.
Les Oyster Perpetual 39mm reprennent évidemment les codes esthétiques de la collection. Déclinées à ce stade en acier avec trois couleurs de cadran, elles sont clairement orientées vers la simplicité et l'efficacité. J'aime beaucoup le boîtier qui, à défaut d'originalité, donne un sentiment de fluidité. La lunette lisse bombée apporte sa touche d'élégance. Et la très bonne nouvelle est que le bracelet Oyster à trois mailles a une finition satinée (le poli n'est que sur la tranche): cette approche plus discrète est la bienvenue. La couronne Twinlock et le fermoir Oysterclap se manipulent comme toujours de façon agréable et pratique. Les Oyster Perpetual 39mm s'inscrivent bien dans la tradition des montres Rolex faciles à vivre et confortables à porter.
Il aurait été cependant dommage de ne faire de ces montres que des versions élargies des autres Oyster Perpetual. Et c'est là où Rolex a su trouver le bon dosage: les 39mm possèdent la différence subtile qui les distingue des modèles plus petits. Elle se situe au niveau du cadran. Si je retrouve avec grand plaisir la finition soleil, Rolex a apporté une légère touche de couleur avec une décalque horaire périphérique qui n'est pas sans évoquer la Milgauss. Ainsi, le cadran rhodium foncé est accompagné d'une décalque bleue, le cadran bleu d'une décalque verte et le cadran reg grape, qui se retrouve dans les 5 tailles de la collection Oyster Perpetual, d'une décalque rouge. Cette touche de couleur peut surprendre et casser l'image de discrétion voulue autour de ces montres. Je la trouve personnellement bienvenue car elle évite de les faire basculer dans une trop grande austérité.
Le cadran que je préfère est sans hésitation le rhodium foncé. Très élégant, peut-être moins lassant sur le long terme, il est également celui qui m'a semblé être le plus polyvalent. Partant avec un a priori positif sur le bleu, je dois avouer que j'ai été moins séduit par la combinaison avec la décalque verte. Quitte à retrouver du bleu, autant partir sur le cadran rhodium foncé. Les trois couleurs disponibles ont une dominante plutôt sombre ce qui m'a un peu surpris. J'aurais imaginé au moins une couleur claire pour qu'une montre ait une taille perçue plus importante. En tout cas, quelle que soit la couleur, l'absence de date et la très discrète matière phosphorescente des aiguilles donnent à l'ensemble du cadran un côté très pur et très agréable à observer.
Une autre jolie surprise concerne le mouvement qui équipe les Oyster Perpetual 39mm. Rolex a pris la décision d'utiliser le calibre 3132 qui anime l'Explorer. Ces nouvelles Oyster Perpetual profitent donc au-delà du spiral Parachrom à courbe terminale Breguet et du balancier à écrous Microstella des amortisseurs de chocs Paraflex. Du point de vue de la fiabilité, de la précision et des performances pures (une fréquence de 4hz et une réserve de marche de 48 heures), le 3132 ne constitue pas une avancée significative par rapport au 3130. Il est cependant appréciable de pouvoir bénéficier des mouvements les plus récents.
Je fus donc très séduit par ces Oyster Perpetual 39mm. Intelligemment conçues, simples et efficaces, elles parviennent même à bousculer mes certitudes sur ce qui pourrait être la meilleure façon de rentrer dans l'univers Rolex. Ayant peut-être moins de caractère que d'autres modèles plus prestigieux comme la Submariner ou la Milgauss, il n'en demeure pas moins qu'elles possèdent le charme de leur discrétion et l'atout de leur polyvalence. Rolex n'est donc pas loin du sans faute et seules peut-être l'absence d'une proposition à cadran clair et l'impossibilité officielle d'utiliser un bracelet alternatif comme un bracelet cuir ternissent légèrement un bilan extrêmement positif.
Merci à l'équipe Rolex pour son accueil à Baselworld 2015.
Les plus:
+ le boîtier Oyster, simple, fluide et d'un grand confort
+ la pureté des cadrans
+ la taille mieux adaptée à la demande actuelle
+ l'utilisation du mouvement 3132
+ des montres d'une grande polyvalence
Les moins:
- l'absence d'une proposition de cadran clair
- cela a beau être une Oyster, il serait agréable de pouvoir officiellement utiliser un bracelet cuir alternatif