Nomos fait partie de ces marques qui possèdent une forte identité visuelle. Une montre Nomos est ainsi reconnaissable au premier coup d'oeil. Cependant, ce qui est considéré comme une force peut aussi s'avérer être un problème car le risque de l'emprisonnement styliste est réel. Ces dernières années, tout l'enjeu pour Nomos a consisté à faire évoluer l'esthétique des nouvelles montres tout en conservant ses principaux atouts: un design épuré, une certaine élégance, une intégration discrète des complications sur les cadrans sans oublier des boîtiers fins et agréables à porter. Dans ce contexte, Nomos a fait appel à des designers dont la mission était de secouer gentiment les principes de la Manufacture pour attirer de nouveaux clients sans décevoir les anciens. La Zürich fut un exemple marquant de cette approche. Sous l'impulsion de Hannes Wettstein, elle symbolisa une tendance à l'élargissement du boîtier (qui reste sous les 40mm de diamètre, pas de panique!) et une présence plus marquée des index et des aiguilles.
La Metro est le fruit d'une collaboration similaire avec Mark Braun. Cependant, ce qui est intéressant à observer, c'est qu'elle est radicalement différente de la Zürich, chaque designer apportant ta touche personnelle. Elle semble de prime abord plus conforme à l'univers traditionnel de Nomos: sa taille en premier lieu est plus contenue et plus habituelle (37mm) et l'organisation du cadran nous rappelle les Tangente Datum Gangreserve. Mais pour le reste, que de changements!
Le nom de cette montre provient de l'atmosphère générale dans laquelle elle évolue et qui lui confère un style résolument contemporain: la police de caractères des chiffres périphériques, les couleurs, la forme des aiguilles font penser à une charte graphique d'un plan du métro qui se doit d'être très lisible et facile à comprendre malgré l'entrelacs des lignes. Le cadran est à la fois d'une grande rigueur tout en étant coloré. Le mélange de détails rouge (réserve de marche, trotteuse) et vert clair (principaux index et zone de réserve de marche), tout en étant très doux, rehausse le caractère de la montre.
La graduation périphérique faite de points et d'indicateurs de 5 minutes devant lesquels se trouvent d'autres points colorés est l'élément qui tranche le plus par rapport aux autres montres de Nomos. Au-delà de l'originalité qu'elle apporte, elle libère l'espace du cadran qui semble respirer sans contrainte. Les deux principales aiguilles contribuent aussi au charme de la Metro. Leur forme surprend même si leur finesse s'inscrit totalement dans le style Nomos. Elles remplissent parfaitement leur objectif puisqu'elles assurent une excellente lisibilité tout en restant en harmonie avec les composantes du cadran.
La forme du verre incurvée mérite aussi une observation plus approfondie. Elle a été pensée pour mettre en valeur le cadran. En effet, selon l'inclinaison du poignet, les reflets de lumière qu'elle crée suivent le contour du cercle défini par les points verts et noirs situés face à la minuterie. J'ai beaucoup apprécié cet effet visuel qui donne parfois l'impression de la présence d'un relief sur le cadran.
Le boîtier en acier n'échappe pas non plus au changement car si je retrouve la finesse habituelle de Nomos (7,65mm), il se caractérise par des anses fil. Une fois de plus, le style de Nomos est renouvelé sans être perturbé.
Face à une telle évolution esthétique, la Manufacture se devait de proposer un mouvement à la hauteur. La Metro est ainsi équipée du mouvement maison DUW 4401 qui se distingue par son propre système d'échappement, le Swing System. Le Swing System témoigne des progrès réalisés par Nomos et sa volonté de gagner en indépendance en étant en mesure de produire en interne des pièces stratégiques. Côté ponts, le mouvement diffère peu d'un mouvement Delta ou Gamma. Il est présenté comme un calibre ayant un diamètre de 32,1mm y compris la bague d'encageage. Cette dimension est trompeuse car elle inclut aussi le disque de date. La vérité est que le diamètre réel, car tel que perçu en retournant la montre est de 23,3mm, celui du calibre Gamma qui ne possède pas d'affichage de date. Cela se ressent évidemment côté cadran du fait de la position de la trotteuse. Esthétiquement, ce n'est pas un souci puisque le guichet de date comble l'espace entra la trotteuse et la lunette. C'est plus problématique à l'arrière de la montre car le mouvement semble un peu perdu dans le boîtier. Il demeure cependant à l'usage très agréable puisqu'il se remonte sans souci. Sa réserve de marche de 42 heures impose un remontage quotidien rendant presque inutile l'indicateur côté cadran. Mais ce dernier agrémente avec bonheur le style de la montre et en devient indispensable.
J'ai pris beaucoup de plaisir à porter la Metro. Elle apporte véritablement un courant d'air frais dans l'offre de Nomos en cassant légèrement le style très pur de la marque. L'ouverture du cadran et sa clarté font augmenter la taille perçue si bien qu'elle semble plus proche des 38/39mm que des 37. Mais le plus séduisant demeure le travail de designer extrêmement abouti notamment sur le cadran. La Nomos Metro est une montre très contemporaine dont j'ai la certitude qu'elle restera intemporelle. En effet, l'absence d'artifices inutiles et sa parfaite intégration dans l'esthétique générale de la marque lui assurent une pérennité stylistique. Je la considère donc comme une véritable réussite.
Les plus:
+ un renouvellement esthétique tout en douceur mais réel
+ les détails du cadran
+ la forme du verre
+ le Swing System qui témoigne des progrès de la marque
Les moins:
- le mouvement côté ponts semble perdu dans le boîtier. Un fond plein aurait été plus judicieux.