Bulgari ne pouvait que choisir la Bulgari Roma pour célébrer son 130ième anniversaire par le bais d'une montre en série limitée. En effet, c'est bien à Rome, d'abord Via Sistina puis Via dei Condotti, que Sotirio Bulgari démarra son activité après avoir quitté sa Grèce natale. La Bulgari Roma fait partie des montres cultes de la marque, se distinguant par sa lunette caractéristique et par son boîtier dont la forme est inspirée par le Colisée. La réédition de l'année dernière présentée dans le cadre d'une série limitée de 250 pièces, m'avait plutôt séduit mais je n'avais pas été totalement convaincu en raison notamment de la présence d'un guichet de date sur le cadran. Mais cette année, je fus très agréablement surpris: la Bulgari Roma revient et cette fois-ci avec un mouvement à remontage manuel et un cadran totalement préservé.
En fait, ce n'est pas une montre mais trois qui furent dévoilées à Baselworld pour célébrer cet anniversaire: deux en or rose avec des cadrans laqués noirs ou blancs et une en or gris avec un cadran laqué bleu. Chacune de ces versions est produite en 130 exemplaires, anniversaire oblige. Pour des raisons purement esthétiques, c'est la version en or gris qui m'a le plus attiré. Au-delà de sa discrétion, elle apporte surtout une véritable offre alternative par rapport à la série limitée de l'année passée, disponible en or rose.
Est-ce mon amour pour Rome? L'attrait du cadran bleu? La pureté du cadran? A vrai dire, je ne sais pas trop mais je considère cette Bulgari Roma en or gris comme une des montres les plus élégantes de ces dernières années. Bulgari a su éviter de nombreux écueils et chose surprenante, résister à la tentation de créer une montre plus facile à vendre. Car les faits sont là: la clientèle dans son ensemble recherche beaucoup plus fréquemment des montres animées par des mouvements automatiques et la présence de la date semble quasi indispensable. Cette nouvelle Bulgari Roma est donc plus une montre d'esthète et de collectionneur ce qui la rend encore plus désirable.
Sa réussite esthétique s'explique par le sentiment d'harmonie et de cohésion qui est généré par la combinaison des trois principaux éléments:
- la lunette qui définit le caractère de la montre et qui apporte la touche d'originalité grâce aux grandes lettres qui la décorent,
- la forme incurvée du boîtier qui donne un léger effet de volume et qui accentue le contexte raffiné,
- et le cadran, d'un bleu profond et subtil, qui tout en étant très pur, ne sombre pas dans l'ennui grâce aux chiffres et index appliqués et à la trotteuse centrale.
La Bulgari Roma cuvée 2014 n'est pas seulement une belle montre. Son contenu horloger se montre aussi à la hauteur grâce au mouvement à remontage manuel de manufacture BVL 131M. Ce mouvement à deux barillets possède une réserve de marche intéressante de 3 jours et une fréquence de 4hz. Il est plutôt agréable à regarder même si la découpe des ponts aurait pu être un peu plus délicate. Sa finition est sans reproche, nette et sans bavure mais son rendu est un peu froid. Je pense qu'il aurait été peut-être plus judicieux de proposer un fond plein avec une jolie gravure commémorative d'autant plus que la taille du mouvement est un peu petite pour le boîtier. Il n'y a cependant rien de compromettant puisque le mouvement conserve suffisamment d'intérêt pour se laisser dévoiler.
Le charme de la montre agit instantanément une fois mise au poignet. Sa taille est idéale pour une montre habillée (39mm), son style est élancé compte tenu de l'épaisseur maîtrisée (7,15mm) et la trotteuse centrale anime joliment le cadran. Selon l'inclinaison du poignet, le bleu du cadran se rapproche du noir ou s'éclaircit: j'aime beaucoup ces effets de lumière qui contribuent à l'intérêt de la pièce.
Je fus donc totalement séduit par cette Bulgari Roma en or gris. La montre partait avec un a priori très favorable compte tenu de mon amour pour la cité éternelle... mais j'aurais pu être plus facilement déçu pour les mêmes raisons. Elégante et charmante, elle possède les petits détails qui lui permettent d'échapper au conformisme sans oublier le rituel du remontage quotidien qui crée une interactivité et un lien affectif avec son propriétaire. Seul finalement manque sur Paris le beau soleil romain pour me permettre de profiter pleinement de cette montre d'esthète.
Les plus:
+ la pureté du cadran
+ l'originalité du boîtier et de la lunette
+ l'utilisation d'un mouvement à remontage manuel
+ l'harmonie créée par le bleu du cadran combiné avec la couleur neutre du boîtier
Les moins:
- un fond plein commémoratif aurait peut-être été plus judicieux
- le prix est tout de même élevé (18.400 euros en 2014) et la concurrence féroce sur ce segment
- le prix est tout de même élevé (18.400 euros en 2014) et la concurrence féroce sur ce segment