J'ai découvert la K1 "Emali" dans sa version acier lors du Salon QP 2013. Je dois avouer que je ne fus pas emballé à l'époque trouvant la montre trop sage pour correspondre à l'univers traditionnel de Stepan Sarpaneva, à la fois décalé et envoutant, presque mystérieux et mélancolique. La K1 "Emali" m'a semblé manquer de relief et de contraste ce qui était un peu paradoxal quand on connaît l'audace de son créateur. Lors de Baselworld 2014, Stepan Sarpaneva présenta la version en or rose et j'ai changé d'avis. Avec le nouveau matériau du boîtier et une présentation des index plus valorisante, la K1 "Emali" devient, presque comme par enchantement, véritablement séduisante.
Je pense que ma surprise initiale était due au rendu du cadran en émail blanc, certes parfaitement réalisé mais qui me donnait un sentiment d'uniformité voire de monotonie par rapport aux habituelles "grilles" qui décorent les montres de Stepan Sarpaneva. J'étais presque désemparé face à cette sobriété inattendue. La K1 "Emali" en or rose trouve en revanche un point d'équilibre beaucoup plus satisfaisant entre l'originalité du style de l'horloger finlandais et la discrétion requise par cette montre à 3 aiguilles.
L'utilisation de l'or rose a deux vertus. La première est de mieux mettre en valeur les formes particulières du boîtier Korona d'un diamètre de 42mm. Compte tenu de ses courbes, de ses décrochages, de ses cornes courtes et incurvées, à aucun moment, l'or rose ne semble ni omniprésent ni ostentatoire tout en apportant cependant sa chaleur. La seconde consiste à faire ressortir la qualité de l'exécution du cadran en émail. La teinte spécifique du cadran, sa pureté, son rendu immaculé préservé de tout logo ou inscription, profitent du décalage chromatique avec la couleur du boîtier... et des deux aiguilles principales. L'ensemble apparaît comme très harmonieux et paisible sans toutefois être ennuyeux car Stepan Sarpaneva a veillé à éviter cet écueil. Il y est parvenu grâce à la présence d'une grande trotteuse centrale qui anime le cadran en permanence et surtout par le biais des index qui se révèlent être beaucoup plus présents visuellement qu'avec la version en acier.
Je crois qu'au final, ce sont ces index qui me font préférer cette version. Il suffit d'un détail, d'un infime détail pour que ma perception change. Les index sont matérialisés par une sorte d'anneau périphérique en acier et en deux parties, la partie inférieure symbolisant le point de départ de la grille du cadran. Sur la version acier, ces deux parties sont de la même couleur. Or, dans le cas présent, la partie inférieure est assortie d'un revêtement bleu ce qui confère à ces index un aspect bicolore du plus bel effet. Leurs structures sont soulignées et ils deviennent plus consistants, plus perceptibles sur le cadran sans toutefois nuire à l'élégante simplicité de ce dernier. L'utilisation de cette technique pour les index est astucieuse: elle suggère la présence de la grille et c'est notre esprit qui se plaît à la dessiner... J'aime ainsi beaucoup ces petites touches de couleur bleu qui agrémente le cadran sans troubler sa discrétion chromatique. De plus, le contraste entre le bleu et l'or rose me fait penser à l'opposition entre l'eau et le feu. Il y a souvent des références aux éléments dans les montres de Stepan Sarpaneva qui aime jouer avec les références à la nature et aux astres.
Comme de tradition, la K1 "Emali" est animée par le mouvement Soprod A10 modifié par Stepan Sarpaneva d'une fréquence de 4hz et d'une réserve de marche de 42 heures. Sa masse oscillante donne l'occasion de retrouver la lune énigmatique et la grille caractéristique. Et c'est là finalement tout l'intérêt de la K1 "Emali": grâce à son élégance et à son rendu paisible mais non dénué de caractère, elle prouve que Stepan Sarpaneva peut sortir de son univers de référence et explorer de nouveaux horizons.
Au final la K1 "Emali" est une pièce qui mérite une grande considération car elle réinterprète la montre simple 3 aiguilles avec beaucoup de soin et avec la subtile dose d'originalité qui lui permet de sortir du lot. La signature esthétique "Sarpeneva" est clairement visible à travers le boîtier, les index, les aiguilles. D'ailleurs, le nom est très discrètement apposé sur le rehaut de la lunette comme si sa présence était inutile. Un détail supplémentaire qui prouve que la recherche d'un style épuré a guidé Stepan Sarpaneva dans la conception de cette montre lumineuse. Le seul regret que j'éprouve à l'observation de cette pièce est qu'elle aurait peut-être mérité, compte-tenu de son contexte élégant, un mouvement à remontage manuel. Un regret tout relatif car est-ce si problématique que cela de voir la lune virevolter à l'arrière de la montre?
A noter que la K1 "Emali" est une montre fabriquée à la demande et bien évidemment personnalisable: les index bicolores peuvent donc être utilisés également pour la version acier à la demande.
Merci à Stepan Sarpaneva pour son accueil à Baselworld 2014.
Les plus:
+ une interprétation originale et élégante de la montre 3 aiguilles
+ la pureté du cadran en émail
+ les index bicolores
+ le nom de la marque discrètement apposé sur le rehaut de la lunette
Les moins:
- j'aurais préféré un mouvement à remontage manuel dans ce contexte
Les plus:
+ une interprétation originale et élégante de la montre 3 aiguilles
+ la pureté du cadran en émail
+ les index bicolores
+ le nom de la marque discrètement apposé sur le rehaut de la lunette
Les moins:
- j'aurais préféré un mouvement à remontage manuel dans ce contexte