Urwerk: UR-210Y

J'avais déjà présenté en détails l'UR-210 mais la nouvelle version de cette montre, l'UR-210Y (qui se prononce "Upsilon") me donne l'opportunité de revenir dessus. Soyons clairs, l'UR-210Y se distingue de ses devancières avant tout par le fort contraste entre la couleur jaune de l'affichage du temps et l'ambiance obscure qui la caractérise. A la rigueur, l'utilisation d'un bracelet textile, ce qui est une grande première pour la marque, est aussi à noter. Je retrouve donc une combinaison de couleurs qu'Urwerk a utilisée par le passé et qui symbolise la charte graphique de la marque. L'UR-210Y, qui porte le doux surnom de "Black Hawk" est à ce titre l'archétype de la montre Urwerk: sombre, agressive et douce à la fois et à la forme de boîtier audacieuse qui sert de support à une réinterprétation futuriste du vieil affichage des heures vagabondes.


Mais elle est plus que cela encore. Elle incarne aussi un des axes majeurs de la démarche créatrice de Felix Baumgartner, Martin Frei et de leur équipe: l'interactivité. Derrière cette apparence très technique digne d'un vaisseau spacial, se cache une montre extrêmement ludique dont la principale force est de permettre à son propriétaire d'influencer son comportement. L'homme dirige encore la machine! Finalement, le message d'Urwerk reste optimiste!


L'observateur attentif de l'horlogerie indépendante sait pertinemment que ce n'est pas la première fois qu'Urwerk permet d'augmenter ou de réduire l'efficacité du remontage automatique grâce aux turbines qui fonctionnent comme certains freins de camion en chassant l'air d'une chambre. Et il a raison: le système existe depuis l'UR-202 ce qui ne nous rajeunit pas! Mais voilà: grâce au petit indicateur situé au sommet du cadran à gauche, il est possible d'observer l'efficacité du remontage durant les deux dernières heures et par là même de savoir s'il est pertinent ou pas de jouer avec les turbines. Si l'aiguille de cet indicateur se trouve sur la zone rouge, l'efficacité du remontage est insuffisante et la montre perd de la réserve de marche. Dans la zone verte, l'efficacité est optimale et elle permet de remonter la réserve de marche dont l'affichage se trouve exactement en face de ce fameux indicateur. La manipulation du petit levier qui agit sur les turbines a donc une conséquence visible sur le cadran ce qui est un petit plaisir egoïste.


L'autre atout de l'UR-210 est son affichage du temps. Grâce à sa grande aiguille rétrograde des minutes, j'ai retrouvé l'esprit de l'Opus V d'Harry Winston. Si je mets à part la montre de poche, l'UR-1001, toutes les Urwerk se caractérisent par le mouvement continu des aiguilles situées au bouts des satellites. Toutes... sauf l'UR-210! J'aime cette aiguille qui occupe une partie considérable du cadran, qui attire le regard et qui rend presque secondaire les satellites des heures. Et puis... quel plaisir de voir (et sentir!) le mouvement rétrograde sec et instantané de cette aiguille majestueuse. Le challenge pour Felix Baumgartner fut d'ailleurs de préserver le comportement stable du mouvement et sa chronométrie malgré le pic de consommation d'énergie dû au saut violent de l'aiguille.


L'avantage de la couleur dominante de l'UR-210Y est qu'elle réduit la taille perçue du boîtier. Ce n'est pas du luxe compte tenu des dimensions de la montre (43.8mm x 53.6mm x 17.8mm)! Mais le bracelet textile fait également son effet: bien plus souple que le bracelet cuir, il contribue grandement au confort au porté. Et puis la force incontestable de cette version est sa lisibilité. Le bout de l'aiguille, les graduations des minutes, les chiffres des heures sur les satellites, tous ces éléments ressortent nettement de jour... comme de nuit grâce au Superluminova. Le dernier point à noter au sujet de l'UR-210Y est que la grande aiguille devient plus discrète. Le jeu des couleurs fait que le chiffre de l'heure reprend l'avantage par rapport à l'aiguille des minutes alors que c'était plutôt l'inverse.  Au bout du compte... l'UR-210Y n'apporte pas grand chose par rapport aux autres versions mais elle n'en demeure pas moins une évolution intéressante de cette montre particulière chez Urwerk. 


Merci à l'équipe Urwerk pour son accueil pendant la semaine du SIHH 2014.

Les plus:
+ le plaisir de retrouver la grande aiguille rétrograde
+ l'interactivité entre l'homme et la machine
+ la lisibilité
+ le bracelet textile efficace

Les moins:
- l'épaisseur demeure importante