Dévoilée au cours du Salon QP 2013 à Londres, la HM5 RT est la première déclinaison de la Machine qui explore l'univers des Supercars des années 70. J'avais déjà présenté en détail la HM5 dans l'article ci-après. Je ne vais donc pas revenir en détail sur les principales caractéristiques de la montre qui sont conservées.
Très brièvement, la HM5 est peut-être la Machine qui a nécessité le plus d'engagement personnel de la part de Max Büsser. Elle représente, par son design, par la forme du boîtier, par le système d'affichage un hommage à une période charnière pour deux industries:
- celle de l'horlogerie où une certaine catégorie de montres mécaniques osait encore résister face à la déferlante du quartz grâce à leurs affichages digitaux,
- celle de l'automobile où les bolides aux lignes audacieuses faisaient bruler le bitume au moment où les effets du premier choc pétrolier commençaient à se ressentir, impactant par la suite durablement l'offre des constructeurs.
La HM5 symbolise donc les contextes qui ont bercé l'enfance de Max Büsser et c'est la raison pour laquelle nous y retrouvons des thèmes qui lui sont chers. La dimension ludique est ainsi omniprésente comme le prouve la faculté d'ouvrir grâce à un bouton situé sur le côté du boîtier les volets qui font passer la lumière et améliorent la luminosité du cadran.
La HM5 n'est cependant pas ma Machine préférée car je la trouve presque trop respectueuse de ses sources d'inspiration par rapport à l'audace moins contrôlée de celles qui l'ont précédée. Il n'empêche qu'elle est esthétiquement très aboutie, son boîtier étant une merveille de conception en étant à la fois fluide et puissant, original et confortable. La version originale possède un boîtier en zirconium qui entoure un container étanche en acier. Les matériaux changent dans la nouvelle version puisque l'or rose et le titane sont cette fois-ci utilisés. Il y a plusieurs intérêts à combiner ces deux matériaux:
- le premier est d'équilibrer le poids de la montre compte tenu de l'utilisation d'un matériau plus dense (l'or rose) que le zirconium. Le container en titane contre-balance efficacement l'augmentation du poids. N'oublions pas que le bracelet est en caoutchouc sculpté comportant de larges ouvertures. Le contraste entre la légèreté du bracelet et le poids du boîtier est saisissante et tout facteur permettant de le contrôler est bienvenu.
- Le deuxième est d'améliorer le confort au porté en mettant au contact de la peau la base du boîtier en titane.
- Le dernière intérêt est esthétique. Les côtés inférieurs en titane se marient parfaitement avec la chaleur de la partie supérieure. La HM5 RT devient donc une montre certes plus "luxueuse" que la HM5 "zirconium" mais à aucun moment, elle ne tombe dans un côté trop précieux.
Cette combinaison entre or rose et titane parvient à souligner de façon plus prononcée encore les subtilités et le style inimitable du boîtier. Vu de l'arrière, il évoque la puissance des bolides grâce à sa grande surface, les volets apparents et l'élévation de sa ligne tandis que la couronne suggère un imposant pot d'échappement. L'observation de la carrure met en avant la fluidité et le dynamisme des courbes accentués par la fine partie centrale polie, l'ensemble débouchant sur la face avant de la montre, le tableau de bord qui sert à afficher le temps.
Un des principes fondamentaux des Horological Machine est respecté: le temps est indiqué par deux indicateurs séparés, digitaux dans le cas précis de la HM5. La forme de la face avant du boîtier les entoure et crée l'unité entre eux. S'il est relativement facile de lire l'heure par segment de 5 minutes, la lecture précise est en revanche plus délicate car les graduations des minutes qui défilent face au petit ergot qui matérialise le marqueur sont difficiles à voir. Heureusement les grands chiffres des multiples des 5 minutes sont infaillibles. Un tel affichage est obtenu grâce à un prisme réfléchissant en saphir qui projette à 90° les chiffres inscrits sur les disques posés horizontalement sur le mouvement qui les anime. Le prisme les agrandit également de 20% pour qu'ils occupent une surface suffisante sur le tableau de bord.
Le module tridimensionnel d'affichage a été développé par Chronode tandis que le calibre de base provient toujours de chez Girard-Perregaux. Les performances du calibre sont classiques à savoir une réserve de marche de 42 heures pour une fréquence de 4hz.
La HM5 RT dégage une atmosphère différente de celle de la HM5 initiale. Elle est plus chaleureuse et évidemment plus voyante. Elle gagne en énergie, en dynamisme ce qu'elle perd en discrétion. Cependant, les parties en titane et le design subtil du boîtier lui permettent de ne pas apparaître comme "écrasée par l'or": la HM5 RT tire tous les avantages de la présence de l'or sans en subir les inconvénients. Les dimensions du boîtier sont en effet suffisamment imposantes (51,5x49x22,5mm) pour éviter l'omniprésence d'un métal précieux.
Je considère la HM5 RT comme une évolution réussie de la Machine d'origine. L'or rose lui apporte la dose d'excentricité qui lui manquait tout en conservant la cohérence de son contexte. Une fois de plus, une Machine prouve qu'elle peut se prêter au jeu des modifications avec réussite pour le plus grand plaisir des fans de MB&F.
La HM5 RT est disponible dans une série limitée de 66 pièces tout comme la HM5 initiale.
La HM5 RT est disponible dans une série limitée de 66 pièces tout comme la HM5 initiale.
Merci à l'équipe MB&F pour son accueil au Salon QP 2013.
+ l'intégration réussie de l'or rendant la HM5 RT plus audacieuse et plus chaleureuse
+ l'intéressant contraste entre les parties en titane et celles en or
+ le confort au porté
+ la dimension ludique avec l'ouverture des volets
Les moins:
+ l'heure demeure difficile à lire de façon précise
+ une réserve de marche courte dans le contexte actuel