De retour de la Foire de Bâle 2013, je souhaite vous présenter ma sélection des montres qui m'ont le plus touché, surpris, séduit. Elle est évidemment subjective mais elle traduit la très grande diversité des nouveautés dévoilées ces derniers jours. C'est tout l'attrait de Baselworld: le meilleur côtoie le pire, le sublime peut succéder au consternant et en quelques secondes la banalité de l'offre de certaines marques coincées dans leurs stratégies et leur immobilisme est chassée, balayée par un trait de génie créatif inattendu.
Voici donc cette sélection sans aucun ordre particulier mais qui contient tous mes coups de coeur! J'aurai évidemment l'occasion de revenir plus tard avec beaucoup plus de détails sur ces montres.
La DB25LT n'est pas à proprement parler la De Bethune la plus surprenante mais elle combine deux complications parfaitement maîtrisées (Tourbillon et Lune Sphérique) dans un contexte esthétique proche de la perfection: le contraste entre le cadran en or rose guilloché, les aiguilles bleuies et la zone dédiée aux phases de lune est d'une rare beauté.
Peter Speake-Marin a un talent secret qui lui permet de faire passer des émotions particulières à travers ses montres. La Triad possède de nombreux messages cachés. Exprime-t-elle les 3 périodes de la vie? La nécessité de profiter du temps qui passe ou les différentes façons de l'utiliser? Chacun d'entre nous y trouvera le sens qui lui convient le mieux!
Beat Haldimann avait beaucoup surpris avec la H9 et sa démarche, tirée par les cheveux, avait été incomprise. Le voilà de retour dans ce qu'il fait de mieux, la création d'une montre très pure dont l'apparente simplicité met en valeur la magie et la fragilité du balancier central du mouvement. Une sorte de H1 à l'envers mais si séduisante!
Stepan Sarpaneva nous surprend de nouveau en allant cette fois-ci sur un territoire inattendu: celui de la montre fine et élégante! Cette K1 "Varjo" abandonne la trotteuse afin de profiter pleinement des reflets de lumière sur le cadran. Ma version préférée est celle à cadran bleu, le bleu fut d'ailleurs une couleur très présente à Bâle cette année.
C'est très simple: une sélection sans une montre de Kari Voutilainen ne pourrait pas être une sélection sérieuse! Cette montre GMT, belle et astucieuse, est une fois de plus touchée par la grâce.
Konstantin Chaykin n'est pas seulement un horloger de talent, son imagination est également galopante! Alors, quoi de mieux pour symboliser cette créativité qu'une montre qui anime la course d'un cheval. Cinema est le point de rencontre entre l'horlogerie et les premières techniques d'animation des images. Le résultat est bluffant et le mouvement de forme impressionnant.
Les frères Grönefeld présentaient cette évolution réussie de la 1hz
Technieck Nocturne. La seconde morte survole la décoration aboutie du
mouvement qui met mieux en valeur les détails.
L'Opus de l'année mérite incontestablement de faire partie de la sélection. Elle est à la fois très "Ludovic Ballouard" et très "Harry Winston". Le mouvement évoque au premier coup d'oeil le style inimitable de Ludovic tandis que le dôme à facette au centre de la montre incarne l'activité première de Harry Winston. La lisibilité n'est pas son point fort mais Opus XIII séduit par la cinématique de son affichage et l'architecture de son mouvement. Une montre digne de cette prestigieuse collection.
Si ma sélection est jusque là composée de montres d'horlogers indépendants, je n'oublie pas non plus les grandes marques. Parmi elles, Girard-Perregaux a particulièrement tiré son épingle du jeu avec la présentation du mouvement chronographe de manufacture à remontage manuel et de l'étonnante montre à échappement constant. Cette dernière est hypnotisante de chaque côté. La prouesse technique est de plus soutenue par un design réussi.
Ulysse Nardin a aussi fait preuve d'un beau dynamisme en conservant sa capacité d'oser esthétiquement tout en restant dans les limites d'un certain classicisme. Le plat est épicé mais jamais indigeste! Ce Tourbillon Squelette en est une nouvelle démonstration.
Tissot a fait feu de tout bois pour célébrer son 160ième anniversaire. Et si cette montre inspirée de la "Banana" d'origine n'était pas une des plus jolies Tissot depuis bien longtemps? Et à remontage manuel pour ne pas gâcher le plaisir!
Mondaine a pensé aux lecteurs de la Vie du Rail avec la Stop2Go qui reprend le comportement des pendules de gare suisse. La trotteuse fait le tour de cadran en 58 secondes, s'arrête 2 secondes pour que l'aiguille des minutes saute puis elle reprend sa course. Une façon ludique de porter une montre à quartz!
Enfin, la 13ième et dernière montre de cette sélection est peut-être la plus importante de la Foire. La Swatch System 51 est bien plus qu'une simple montre, c'est une prouesse technique et industrielle qui dénote une intelligence de conception rare. Imaginez que la montre ne possède pas de raquetterie et que le réglage s'effectue grâce à un laser qui évide le balancier jusqu'à obtenir la précision voulue. Car malgré les volumes de production et la modicité de son prix, les performances sont au rendez-vous avec une réserve de marche et une précision optimales. Un défi de taille relevé de main de maître.
13 montres pour résumer Baselworld 2013, c'est beaucoup et peu à la fois mais j'ai voulu présenter un éventail large de complications et de prix. Si les indépendants ont été fidèles à leurs réputations, certaines grandes marques ont su également faire preuve d'audace et innover. Le cru est inégal mais exaltant! Je repars de Bâle avec de nombreuses images en tête et surtout avec le souvenir de belles rencontres et de discussion animée. La Foire de Bâle est avant tout un lieu d'échange et de passion à condition de savoir aller au-delà de l'atmosphère corporate des imposants stands du hall principal. Dans tous les cas, de l'horloger qui travaille seul aux plus grandes marques, l'accueil fut chaleureux malgré les agendas surbookés et le rythme incessant des visites. Je tiens donc à remercier toutes les personnes qui m'ont consacré du temps.