La nouvelle version de l'Artya Horlogère prouve une fois encore que l'imagination d'Yvan Arpa connaît peu de limites. Je dois avouer que je suis loin d'apprécier toute sa production mais que certains modèles ne me laissent pas insensibles. Cette Horlogère fait partie de cette catégorie car elle incarne une sorte d'incarnation de la volonté d'Yvan Arpa de secouer le microcosme horloger, de bousculer les lignes, de renverser les idées reçues. Et lorsque vous secouez trop fort un délicat mécanisme, tous ses composants s'éparpillent comme sur cette Horlogère quasiment intégralement recouverte de roues, de rouages et autres pièces de mouvements!
La structure de la montre en elle-même est connue et éprouvée car elle sert de base à de nombreuses montres Artya. Le diamètre réduit du mouvement automatique ETA 2671 permet de libérer un espace conséquent entre la partie centrale qui contient le mouvement et la lunette. Avec un diamètre de boîtier de 47mm, l'espace est suffisant pour laisser libre cours à l'inspiration et pour profiter des effets de transparence.
J'aime le rendu visuel de cette Horlogère pleine de paradoxes. Du fait de l'explosion du mouvement, elle ressemble plus à une montre cassée retrouvée au fond d'un tiroir qu'à un garde-temps majestueux, pérenne et intemporel. Le rotor de l'ETA 2671, à la base minuscule, a été remplacé par une masse oscillante plus imposante composée d'un élément central qui supporte 3 rouages carrés symbolisant chacun le logo de la marque. Et puis, le hasard fait que la montre photographiée comporte un pont d'un mouvement à remontage manuel des années 60, le Certina 13-21! Une façon de le refaire revivre alors qu'il est mort comme Ramsès II... Est-ce une façon de se moquer de certaines marques qui utilisent d'anciens mouvements "vintage" pour se créer une légitimité horlogère sans trop d'efforts? Je n'en sais rien mais j'ai trouvé amusant de clairement voir la provenance d'une des pièces décoratives.
La finition de l'Horlogère est, il faut bien le concéder, assez brute. Mais dans ce contexte de sans dessus-dessous, de joyeux bazar, cela passe sans souci et c'est même recommandé pour être en cohérence avec l'atmosphère recherchée!
Inutile de préciser qu'au poignet cette Artya ne passe pas inaperçue. Ce n'est finalement pas son diamètre qui en est la principale raison mais bien les multiples composants qui apportent autant d'effets de couleurs et de contrastes. En fait, l'Horlogère provoque le même sentiment qu'une montre sertie. Finalement, seul le matériau change! Chaque modèle produit sera évidemment unique car les composants et leurs emplacements changeront.
Même si la discrétion n'est pas sa principale vertu, j'ai apprécié l'Horlogère pour l'ironie qu'elle dégage. J'y perçois quelques messages cachés et je suis généralement sensible aux montres qui provoquent des émotions. Fidèle à l'esprit décapant d'Yvan Arpa, elle constitue une des nouveautés Artya les plus convaincantes car le caractère provocateur est cette fois-ci bien dosé.
Merci à Yvan Arpa et à l'équipe Artya pour leur accueil pendant le GTE 2013.