La présentation récente par Girard-Perregaux du Tourbillon Bi-axial Titane DLC m'a donné envie de vous parler de la version en or gris qui fut dévoilée en 2010. Je regrette d'ailleurs de ne pas l'avoir fait plus tôt car il s'agit d'une des montres les plus envoûtantes de ces dernières années.
Le Tourbillon Bi-axial fit son apparition au sein de la collection en 2008 dans un boîtier en or rose et très vite, il contribua à crédibiliser l'approche haute-horlogerie de Girard-Perregaux. Il symbolise parfaitement la stratégie poursuivie dans ce segment par la Manufacture de la Chaux-de-Fonds qui consiste à s'inspirer de sa riche histoire tout en explorant de nouvelles voies pour viser l'excellence et se distinguer de la concurrence. A ce titre, l'observation de cette montre provoque un sentiment très particulier, celui d'être en face d'une pièce à la fois classique et contemporaine. Girard-Perregaux joue beaucoup sur les contrastes, les paradoxes avec ce Tourbillon Bi-axial et c'est la raison pour laquelle elle possède un charme très particulier.
Un premier regard très rapide donne l'impression que la montre est extrêmement dépouillée. Girard-Perregaux a éliminé tout élément qui pourrait nuire à la pureté du cadran: ici, point de chiffres ou d'inscriptions inutiles. Les index sont discrètement positionnés sur le rehaut. Seuls finalement les vis des ponts et le "Girard-Perregaux" sur le barillet agrémente le cadran au design très géométrique.
Ce cadran aime en effet mélanger les formes en jouant sur l'opposition entre les lignes droites des ponts et le disque du barillet: il est donc simple sans être ennuyeux. En fait, il regorge de subtilités qu'une observation plus attentive permet de déceler. Ainsi, le pont de barillet et le pont de centre en or rose sont satinés et parfaitement anglés. Leur couleur apporte la légère touche de chaleur qui permet de relever l'ambiance chromatique de la montre, très homogène et très sobre. Le fond du cadran, en deux parties, est décoré avec un guillochage circulaire qui contribue au raffinement et à la modernité du design. Mais comment ne pas évoquer le décor à ellipse du barillet? Ce motif ornait déjà la montre de poche Tourbillon sous 3 ponts d'or de Constant Girard et sert donc de fil conducteur sur plus de 120 ans d'histoire de la Manufacture, entre la récompense obtenue lors de l'Exposition Universelle de 1889 et la présence du Tourbillon Bi-axial dans la collection actuelle.
La montre de Constant Girard est une source d'inspiration évidente. Cependant, seuls deux ponts semblent visibles sur le Tourbillon Bi-axial. Ce serait oublier le troisième pont, bien présent mais qui du fait de l'utilisation de deux cages concentriques ne s'offre à notre regard que pendant quelques secondes par cycle.
Le clou du spectacle est proposé par le caractère hypnotisant du comportement des deux cages. Le design imaginé par Girard-Perregaux prend alors tout son sens. Le cadran, le rehaut, les subtils détails, ils ont tous été conçus pour mettre en valeur le Tourbillon. Rarement une montre aura atteint une telle cohérence entre le jeu du Tourbillon et la scène qui lui est destinée. Tout en apportant un grand soin à leurs finitions, Girard-Perregaux a oeuvré pour que les éléments constitutifs du cadran s'estompent derrière la magie du Tourbillon. Rien ne perturbe son observation et c'est un vrai régal pour les yeux. Ce contraste entre l'extrême dépouillement du style et l'incroyable complexité du ballet de l'organe régulant est à vrai dire très surprenant.
Le Tourbillon est composé de deux cages concentriques. La cage intérieure qui contient le balancier effectue une rotation en 45 secondes. La cage extérieure qui permet la rotation autour d'un second axe effectue une rotation toute les 75 secondes. Compte tenu de ces paramètres, 225 secondes sont nécessaires pour effectuer une révolution complète. Même si le Tourbillon Bi-axial ne suit pas le cycle traditionnel des Tourbillons simples qui effectuent leurs rotations en une minute, Girard-Perregaux n'a pas souhaité rajouter une trotteuse qui aurait gâché la vue. C'est une excellente idée qui prouve que la priorité demeure la faculté de pouvoir profiter pleinement du Tourbillon.
Le choix des matériaux n'a pas été laissé au hasard non plus. La cage intérieure est en acier pour concentrer le poids et atteindre un meilleur équilibre. La cage extérieure est en titane afin de l'alléger et d'optimiser la consommation d'énergie. L'or est utilisé pour les vis du balancier et comme chaton sur le troisième pont. Enfin, le balancier est incliné par rapport au pont afin de réduire l'amplitude entre les positions horizontales et verticales, l'objectif derrière un tel choix étant d'éviter que le balancier ne se retrouve dans une position extrême.
Le Tourbillon est également visible à l'arrière de la montre. La présentation du mouvement GPE0201 à remontage manuel reste à l'image du cadran: épurée et subtile. Cela n'empêche pas Girard-Perregaux de faire preuve d'imagination pour la rendre la plus attractive possible. Tout d'abord, il y a un effet de volume saisissant que l'épaisseur du boîtier (18,5mm) permet. Ensuite, les ponts du cadran sont rappelés par les plaques du nom et du numéro du mouvement. Mais le pont du barillet est de ce côté tout en courbe afin de ne pas jurer avec la forme des deux principaux ponts médians. Le fond du Tourbillon Bi-axial est donc à la fois conforme au cadran tout en présentant un aspect moins strict.
J'ai évoqué à plusieurs reprises "le barillet". Mais pour être plus juste, il faudrait plutôt parler "des barillets". En effet, le Tourbillon Bi-axial est équipé de deux barillets co-axiaux comportant deux ressorts en série chacun. Ils ont des rôles très précis: l'un est dédié à l'augmentation de la réserve de marche (72 heures), l'autre à la régularité de marche. A noter que la fréquence du mouvement est de 3hz.
Mettre le Tourbillon Bi-axial au poignet est une expérience réellement jouissive. La montre est certes imposante (45mm de diamètre) et épaisse. Mais sa rondeur, son galbe lui évitent de sombrer dans le lourd et le massif. Et la délicatesse du Tourbillon fait le reste: le rideau se lève et il entre en jeu. A ce moment précis, je n'ai retenu que sa légèreté, son ballet me faisant oublier totalement le gabarit du boîtier... voire même les ponts d'or pourtant si caractéristiques de la marque! Les cornes sont relativement longues pour l'équilibrage esthétique. Heureusement, elles sont fortement courbées ce qui rend la montre portable.
Incontestablement, Girard-Perregaux a frappé un grand coup avec le Tourbillon Bi-axial. Il remplit parfaitement deux missions importantes: il inscrit dans une dimension plus contemporaine l'approche esthétique liée aux trois ponts d'or et il apporte la preuve des capacités techniques de la Manufacture. Grâce à sa sobriété et à la mise en valeur du Tourbillon, la montre séduit par sa finesse d'exécution et son caractère hypnotisant.
Merci à l'équipe Girard-Perregaux UK pour la présentation pendant le Salon QP 2011.