Une fois n'est pas coutume, une nouveauté De Bethune n'apporte rien de particulier techniquement parlant par rapport aux modèles existants. Alors que la Manufacture de L'Auberson peut être considérée comme un formidable laboratoire d'idées horlogères, elle a choisi à travers la DB25 Maya de jouer sur un tout autre registre, celui de l'approche purement artistique ce qui rend cette montre si particulière.
La DB25 Maya, commercialisée dans le cadre d'une série limitée de 12 exemplaires, est avant tout une véritable montre De Bethune, avec tout ce que cela suppose comme solidité et sérieux du contenu horloger. Le mouvement qui l'équipe est le DB2005 à remontage manuel. Il profite d'un certain nombre de brevets propres à la Manufacture comme le balancier en silicium&platine et le système d'antichoc à triple pare-chute. Sa réserve de marche est comme de coutume sur les mouvements de base de 6 jours et sa fréquence de 4hz. Son architecture est évidemment similaire à celle des mouvements à remontage manuel de De Bethune et notamment de celui qui équipe le QP DB26. Pour tout dire, il s'agit du même mouvement sans la complication. Malgré son côté déjà vu, le spectacle qu'il propose est toujours aussi réjouissant.
Il y a quelque chose de fascinant à observer sur un mouvement à remontage manuel conçu par Denis Flageollet. Est-ce la forme caractéristique des ponts? Les deux barillets qui se dévoilent? L'effet visuel créé par le balancier? Le système d'antichoc et le pont du balancier? La qualité de la finition? Peut-être tout cela à la fois... mais je pense surtout qu'un tel mouvement, grâce aux effets de lumière provoqué par le contraste entre la décoration de la platine et les aciers polis, semble totalement ancré dans une démarche technique et esthétique contemporaine. Un mouvement comme le DB2005 est une sorte de point de rencontre entre l'horlogerie traditionnelle et la dimension innovante de l'horlogerie d'aujourd'hui. Il possède une beauté que je trouve unique, à la fois froide et lumineuse.
Du point de vue pratique, ses deux barillets et sa longue réserve de marche ne rendent pas le remontage extrêmement doux mais il n'y a rien de gênant: le geste s'opère sans souci et la couronne se manipule aisément.
Une autre constante chez De Bethune est le boîtier typique de la ligne classique DB25. Je retrouve avec plaisir son côté élancé accentué par les cornes évidées et par son diamètre de 44mm. L'épaisseur de 12,5mm est idéale rendant les proportions de la montre harmonieuses. Sa forme est dite "tambour" du fait de sa carrure droite mais il évoque plus à la rigueur un tambourin! Je le trouve d'une grande élégance et surtout assez facile à porter même pour des poignets de taille moyenne. La forme des cornes fait qu'elles semblent disparaître sous le boîtier. Le cadran s'offre alors à notre regard sans retenue... pour notre plus grande joie!
Le cadran de la DB25 Maya se distingue clairement de tous les autres cadrans qui ont pu exister chez De Bethune. C'est donc un voyage au sein de la culture Maya qui nous est proposé ce qui n'est pas d'une extrême originalité en cette année 2012. Ce qui l'est beaucoup plus est la façon d'aborder le thème.
Grâce au talent de la jeune artiste Michèle Rothen, les trois parties du cadran en or massif gravé à la main se combinent pour créer une atmosphère magique, mythologique et sacrée. Les glyphes numériques en acier bleui de l'anneau périphérique et les 20 glyphes de l'anneau intérieur rappellent l'importance de la mesure du temps au sein de la culture Maya ainsi que les unités et mesures particulières qui furent imaginées. Le travail, particulièrement sur les 20 glyphes qui représentent des thèmes extrêmement variés traduit une très grande maîtrise et une qualité d'exécution sans faille. Les deux anneaux font converger notre regard vers la partie centrale de la montre qui est illustrée par un glyphe, le baktun qui symbolise une période de 144.000 jours.
Compte tenu de la taille du cadran, cette grande superficie d'or aurait pu générer un sentiment d'excès. Heureusement, c'est la dimension délicate qui l'emporte. Je pense que les ruptures esthétiques entre les différentes parties du cadran et les touches d'acier bleuies arrivent à casser l'uniformité de l'or et à rendre la montre plus raffinée. Le contraste entre le cadran et le boîtier en or gris est également un facteur qui adoucit la dimension précieuse de la DB25 Maya.
Il aurait été dommage de ne pas pouvoir profiter pleinement d'un tel cadran. Après le mouvement, la DB26 prête l'idée des aiguilles saphir à la DB25 Maya. L'utilisation de telles aiguilles fait mouche dans ce contexte et permet de parachever avec élégance et style cette montre si spéciale. Le souci de la cohérence se retrouve dans le cerclage des aiguilles en acier bleui qui se marie avec les index du même métal. Je dois avouer que j'ai rarement vu des aiguilles à la fois aussi originales et aussi adaptées au cadran qu'elles animent. L'absence de trotteuse n'est pas un problème. Lorsqu'un cadran présente un symbole d'une période de 144.000 jours, nous ne ressentons plus le besoin de vivre à la seconde près! Après tout, la DB25 Maya se situe dans une autre dimension temporelle. Le temps semble presque accessoire comme la transparence des aiguilles le suggère. Ce qui compte le plus, c'est de profiter de la multitude des détails du cadran dont le charme durera bien après la fin du monde supposée arriver le 21 décembre 2012. Si cela devait arriver, ce serait fort dommage car de nouveau, De Bethune, mais cette fois-ci d'une façon différente, nous démontre sa capacité intacte à combiner charme et technique. Et franchement, rater la collection 2013 pour de telles raisons serait très frustrant!
Merci à l'équipe De Bethune pour son accueil pendant la semaine du SIHH.