Incontestablement, Rado est depuis plusieurs années une des marques les plus dynamiques au sein du Swatch Group. Pionnière dans l'utilisation de la Céramique depuis 1986, sa vocation innovante et sa capacité à utiliser des nouveaux matériaux étaient devenues au fil du temps moins perceptibles du fait d'une concurrence plus présente sur ces thèmes. C'est la raison pour laquelle la marque a considérablement travaillé depuis la fin des années 2000 pour revenir sur le devant de la scène. Ainsi, l'année 2011 a été marquée par la double-présentation d'un boîtier céramique extra-plat et du Ceramos, un
matériau associant céramique et alliage de métal.
La Foire de Bâle 2012 apporte une nouvelle preuve de cette ambition avec l'introduction d'une nouvelle collection, l'HyperChrome, caractérisée par l'utilisation de boîtiers en céramique monocoques obtenus grâce à un procédé de moulage par injection. Concomitamment, Rado fait évoluer sa collection caractérisée par le poids croissant des montres mécaniques représentant dorénavant 50% du catalogue contre 40% il y a encore peu de temps. En d'autres termes, Rado crée les éléments qui vont favoriser sa montée en gamme.
L'hyperChrome Chronographe XXL est donc une excellente représentation de ce que veut devenir Rado aujourd'hui, une marque qui joue sur ses forces (matériaux, style épuré) tout en corrigeant ses faiblesses en modernisant son design et en utilisant un mouvement automatique.
Ce dernier n'est guère surprenant s'agissant d'un 2894-2, le mouvement chronographe modulaire d'ETA. Je regrette que Rado n'ait pas porté son choix sur un mouvement intégré d'autant plus qu'ETA n'en manque pas. Cependant, ce n'est pas très grave dans ce contexte car que ce soit le calibre de base (un 2892-2) ou son module, ils fonctionnent sans souci. Le revers de la médaille est que le spectacle proposé par le fond saphir ne diffère pas de celui d'une montre 3 aiguilles. Il permet malgré tout d'apprécier le rotor noirci en forme d'ancre "Rado" qui agrémente joliment le calibre.
L'intégration des poussoirs:
Le principal atout de cet HyperChrome Chronographe XXL se trouve évidemment ailleurs. Et il suffit de quelques secondes pour comprendre que le boîtier en céramique haute technologie constitue sa pierre angulaire, au sens propre comme au sens figuré.
En tant que boîtier monocoque, il devient d'abord la véritable structure de la montre, ne présentant aucune aspérité notamment au niveau des cornes. Sa dureté de 1.250 vickers lui confère une excellente résistance aux rayures. Cette performance est la bienvenue car les parties susceptibles d'être griffées sont nombreuses: les carrure, cornes, lunette sont exposées du fait du diamètre (45mm) et de l'épaisseur du boîtier. La moindre égratignure apparaîtrait comme une balafre dans ce contexte très épuré. L'utilisation de la céramique prend ici tout son sens.
Le boîtier est ensuite une véritable réussite esthétique à la fois puissant du fait de son épaisseur et élégant grâce à sa fluidité et à son galbe. Le bracelet prolonge les courbes du boîtier par la pièce de bout du milieu tout en étant très mobile et confortable. Les poussoirs et la couronne sont parfaitement intégrés et ne provoquent aucune rupture du design. Malgré la dominante noire de cette version (qui existe également en blanc), Rado a intelligemment évité de succomber au "all-black" pour maintenir un certain raffinement. La couleur des poussoirs en céramique et de la couronne en acier inoxydable rappelle ainsi les index, les aiguilles et les cerclages du cadran créant une jolie harmonie d'ensemble.
Le cadran s'inscrit dans la même démarche en proposant un style dépouillé sans tomber dans l'extrême simplicité. Compte tenu de la taille de la montre, les designers ont souhaité préserver un certain équilibre en agrandissant au maximum les compteurs. Les graduations sont réduites à leur plus simple expression et seuls les chiffres supérieurs sont représentés. Le très léger relief des index et des cerclages apporte la touche d'élégance. La date est si discrète qu'elle a tendance à disparaître. J'en viens même à me demander s'il était pertinent de la maintenir. Visuellement, l'effet d'équilibre du cadran est réussi car le diamètre du module chronographe semble adapté à celui du boîtier.
Malheureusement, une concession de taille a dû être faite pour arriver à un tel résultat: le compteur des heures coupe le sous-cadran de la trotteuse permanente, ce qui n'est pas gênant, et celui du compteur des minutes ce qui l'est beaucoup plus. Il existe une zone dans laquelle la lecture des minutes écoulées est impossible ou tout du moins approximative. J'aurais nettement préféré que le compteur coupé soit celui des heures, au final moins utile que celui des minutes.
Sans aucune hésitation, c'est la version noire de ce chronographe qui remporte mes suffrages. Le noir correspond bien à la forme et au gabarit du boîtier et contient la perception de la taille. Le contraste entre les cerclages et la couleur dominante donne du caractère à la montre. La version blanche est plus sage et plus discrète. Je dois aussi avouer que j'associe dans mon esprit très facilement le noir à Rado et un peu moins le blanc.
L'HyperChrome Chronographe symbolise clairement les objectifs poursuivis par Rado: un design contemporain dépoussiérant singulièrement l'image de la marque, l'emploi de matériaux innovants et une ambition mécanique plus affirmée. Certes, une partie de l'aspect fonctionnel a été sacrifiée sur l'autel de l'esthétique mais en l'occurrence, le résultat est convaincant. Cette montre s'adresse donc à une clientèle attirée principalement par ce style clinique et raffiné tout en souhaitant profiter d'un mouvement automatique.
Merci à l'équipe Rado France pour la présentation.