La Portugaise Remontage Manuel s'inscrit dans la lignée de la série limitée F.A.Jones et de la 1939 de la collection Vintage présentées il y a quelques années pour rendre hommage à la Portugaise d'origine. Grâce à sa sobriété et à son élégance, elle est assurément une des plus belles réussites récentes d'IWC et ce y compris dans sa version acier.
Son principal atout est la beauté et l'équilibre de son cadran. Reprenant les codes habituels de la Portugaise, il séduit par sa pureté et pas les discrets détails qui en relèvent la présentation. Nous retrouvons ainsi la minuterie chemin de fer, les aiguilles feuille et les index et chiffres appliqués. Ces derniers apportent la petite touche de relief qui contribue à la qualité perçue de l'ensemble.
Les éléments qui servent à la lecture du temps (index, chiffres et aiguilles) créent une belle harmonie de couleurs grâce à l'utilisation de l'or. Je dois avouer que le contraste entre l'or et le cadran argenté est très élégant. Du fait de l'aspect clair du cadran, la Portugaise Remontage Manuel donne l'impression d'être plus grande dans cette version que dans celle à cadran noir. L'entraxe des aiguilles permet un positionnement idéal du sous-cadran de la trotteuse rarement vu dans la production récente sur une montre de cette dimension (44mm de diamètre). La graduation de ce sous-cadran est de type chemin de fer en cohérence avec la minuterie principale. Il cache une petite coquetterie en affichant un très subtil "60" rouge qui est à peine perceptible. Il donne donc une petite touche de peps au cadran sans en altérer la pureté.
Equilibré, bien fini, élégant, le cadran atteint-il le sans-faute? Malheureusement, à titre personnel, j'ai un regret le concernant. J'aurais nettement préféré retrouver un style d'écriture du "IWC Schaffhausen" similaire à celui de la Portugaise Jubilé de 1993 qui avait été produite pour les 125 ans de la marque. Avec une telle police de caractère, le cadran aurait été parfait à mon sens. Cependant, un peu paradoxalement, je le préfère à celui de la Jones car il ne mélange pas les polices. J'ai toujours pensé que la combinaison des deux polices sur le cadran de cette dernière était un peu étrange.
Le mouvement de la Portugaise Remontage Manuel provient, sans surprise, de la famille des calibres 98000. Le 98295 qui équipe cette montre présente l'architecture typique de cette lignée qui puise son inspiration dans les calibres de montres de poche. Sa nomenclature évoque évidemment le célèbre calibre 98 mais à titre personnel, j'ai du mal à voir le rapprochement puisque les mouvements de la famille 98000 n'y ressemblent pas, ni de près, ni de loin.
Le 98295 reste un mouvement très agréable à regarder grâce à une jolie découpe des ponts et à la queue de raquette surdimentionnée. J'aime notamment l'effet de volume qu'il propose ainsi que la possibilité de clairement voir la roue d'ancre. Sa finition est tout à fait correcte même si les anglages restent sommaires. L'incabloc au niveau de la raquetterie n'est pas des plus heureux esthétiquement parlant mais il est difficile de s'en passer. Le remontage est agréable ce qui est un bon point puisque du fait d'une réserve de marche de 46 heures, cette activité est quotidienne. La fréquence est de 2,5hz ce qui séduira les amateurs de basse fréquence. Même s'il n'est pas aussi fascinant que le calibre 9828 de la Jubilé (qui lui descendait véritablement du 98), il n'en demeure pas moins un mouvement de qualité et surtout tout à fait adapté au contexte de la montre qui l'héberge.
Entre les deux versions de la Portugaise Remontage Manuel, je n'ai aucune hésitation: c'est la version à cadran argentée que je préfère et de loin. Elle me semble plus raffinée et moins stricte que la version à cadran noir dont l'extrême sobriété pour ne pas dire austérité peut lasser sur la durée. Même si j'aurais préféré que le bracelet soit positionné plus près du boîtier, cette Portugaise reste confortable y compris pour les poignets modestes. Si un diamètre de 44mm peut surprendre pour une montre habillée, les codes de la Portugaise font qu'il passe sans aucun souci. Il permet au contraire de profiter du bel équilibre du cadran.
Je ne vais pas vous dire que la Portugaise Remontage Manuel est du même niveau que la Portugaise Jubilé de 1993. Cette dernière est à mon avis proche de la perfection grâce à la magie de son mouvement et le charme de son cadran. Elle restera pendant de longues années encore la référence de la montre 3 aiguilles chez IWC. Il n'empêche que cette dernière Portugaise, dans un autre contexte, propose un design des plus agréables, surtout dans sa version à cadran argent et un contenu horloger solide tout en restant fidèle à l'esprit de la collection. Elle constitue peut-être la façon la plus astucieuse de rentrer dans l'univers d'IWC.
Merci à l'équipe de la boutique IWC de Paris.